Chapitre 42 Recommandations en Médecine Vasculaire
Les recommandations couvrent beaucoup de champs de la médecine vasculaire et ont déjà été largement abordées dans les chapitres correspondants. Seules seront ici reprises les principales recommandations dans certains domaines limités de la médecine vasculaire. Les adresses internet ci-dessous permettent par contre d’accéder à l’ensemble de ces recommandations. Nous avons choisi, pour les domaines retenus, de comparer les différentes recommandations existantes et d’en commenter le cas échéant les différences.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS EN MÉDECINE VASCULAIRE : OÙ LES TROUVER ?
Artères
ARTÉRIOPATHIE OBLITÉRANTE DES MEMBRES INFÉRIEURS
– HAS 2006 : prise en charge de l’artériopathie chronique oblitérante des membres inférieurs : http://www.has-sante.fr
– TASC II 2007 : Intersociety consensus for the management of peripheral arterial disease : http://www.sciencedirect.com/sciencee
ARTÉRIOPATHIES CERVICOENCÉPHALIQUES
– AHA/ASA 2008 : Guidelines for prevention of stroke in patients with ischemic stroke or transient ischemic attack: http://stroke.ahajournals.org
– ACCP 2008 : Recommendation on antithrombotic therapy for peripheral artery disease: http://www.chestjournal.org
– NICE Guidelines : Diagnosis and initial management of stroke and transient ischemic attack : http://www.nice.org.uk
Veines
MALADIE THROMBOEMBOLIQUE VEINEUSE
– Prise en charge des surdosages, des situations à risque hémorragique et des accidents hémorragiques chez les patients traités par antiviatmines K en ville et en milieu hospitalier : http://www.has-santé.fr
– SFAR 2005 : prévention de la maladie thromboembolique veineuse péri-opératoire et obstétricale : http://www.sfar.org
– SOR 2008 : traitement curatif de la MTEV chez les patients atteints de cancer; prévention et traitement des thromboses veineuses sur cathéter chez les patients atteints de cancer : http://www.sor-cancer.fr
– GEHT 2008 : recommandations pour la pratique des explorations de thrombophilie dans le cadre des maladies thromboemboliques veineuses : http://site.geht.org/Accueil/
RECOMMANDATIONS EN MÉDECINE VASCULAIRE : DIFFÉRENTES ÉCHELLES DE GRADATION DES RECOMMANDATIONS UTILISÉES
Définition des niveaux de preuve utilisés dans les recommandations AHA
Classe I | Preuves ou accord consensuel d’efficacité |
Classe II | Preuves conflictuelles ou divergences d’opinions sur l’efficacité |
Classe IIa | En faveur de l’efficacité |
Classe IIb | L’utilité et l’efficacité sont moins bien établies par les preuves ou l’opinion |
Classe III | Pas de preuve d’efficacité, pourrait être dommageable |
Niveau de preuve A | Données issues d’études cliniques randomisées |
Niveau de preuve B | Données issues d’une seule étude clinique randomisée ou d’études non randomisées |
Niveau de preuve C | Opinion d’experts ou études de cas |
Définition des niveaux de preuve utilisés dans les recommandations ACCP
Grade 1A Forte recommandation, niveau de preuve de haute qualité | Preuves étayées basées sur des études randomisées contrôlées sans limitation importante ou exceptionnellement fortes preuves issues d’études observationnelles |
Grade 1B Forte recommandation, niveau de preuve de qualité modérée | Preuves étayées basées sur des études randomisées contrôlées avec limitations importantes (résultats inconsistants, biais méthodologiques, imprécis, indirects), ou fortes preuves issues d’études observationnelles |
Grade 1C Forte recommandation, niveau de preuve de qualité faible ou très faible | Fondée sur des preuves sur au moins un événement issu d’études observationnelles, études de cas ou d’études randomisées contrôlées avec sérieux biais ou preuves indirectes |
grade 2A Faible recommandation, niveau de preuve de haute qualité | Preuves consistantes basées sur des études randomisées contrôlées sans limitations importantes ou exceptionnellement fortes preuves issues d’études observationnelles |
Grade 2B Faible recommandation, niveau de preuve de qualité moyenne | Preuves étayées basées sur des études randomisées contrôlées avec limitations importantes (résultats inconsistants, biais méthodologiques, imprécis, indirects), ou fortes preuves issues d’études observationnelles |
Grade 2C Faible recommandation, niveau de preuve de qualité faible ou très faible | Fondée sur des preuves sur au moins un événement issu d’études observationnelles, études de cas ou d’études randomisées contrôlées avec sérieux biais ou preuves indirectes |
Définition des niveaux de preuve utilisés dans les recommandations ESVS
A | Basée sur le critère d’au moins une étude clinique randomisée, contrôlée au sein d’une littérature de bonne qualité et consistante sur une recommandation spécifique |
B | Basée sur des études cliniques bien conduites mais pas randomisées de bonne qualité, sur une recommandation spécifique |
C | Basée sur des preuves issues de rapports de comités d’experts ou d’opinions et/ou d’expériences cliniques d’autorités respectées (i. e. pas d’études cliniques de bonne qualité) |
Gradation des niveaux de recommandations utilisés dans les recommandations du Lymphoedema Framework
Recommandation grade A | Établie par de forts niveaux de preuve Clear research évidence |
Recommandation grade B | Fournie par des études de niveau intermédiaire de preuve Limited supporting research évidence |
RECOMMANDATION GRADE C | Fondée sur un jugement de bon sens basé sur l’expérience Experienced common sens judgement |
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS COMPARÉES EN MÉDECINE VASCULAIRE
Commentaires sur les différences entre recommandations dans l’AOMI :
– chez l’asymptomatique, le dépistage est recommandé chez les sujets à risque (RCV global 10-20 %, sujets avec 1 FDR entre 50 et 69 ans, sujets > 70 ans) par l’interrogatoire, l’examen clinique et la mesure de l’IPS. Pour l’asymptomatique les recommandations HAS ont pris le parti de considérer que le traitement devait être identique à celui du claudicant ;
– chez le claudicant, il existe des différences concernant l’utilité des vasodilatateurs (avec des niveaux de recommandation faibles sauf pour le cilostazol). Il existe des différences d’appréciation sur le bénéfice du cilostazol entre recommandations françaises et américaines. Concernant le réentraînement à la marche, si le bénéfice des programmes supervisés est reconnu par tous, le bénéfice du réentraînement en dehors de ces programmes est fortement mis en doute par les recommandations ACC/AHA ;
– chez le patient en ischémie de repos, il existe tout d’abord des différences de définitions : l’ICC est retenue par les recommandations TASCII sur des arguments cliniques mais après une évaluation objective (Pc < 50-70 mmHg, PSO < 50 mmHg, TcPO2 < 30 mmHg). Cette définition est beaucoup moins exigeante que celle du consensus européen de 1991 (Pc < 50 mmHg, PSO < 30 mmHg, TcPO2 < 10 mmHg). Les recommandations de l’HAS ont tenté d’introduire un concept de gravité « intermédiaire » : l’ischémie permanente chronique, entre ces deux définitions, réservant le terme d’ICC aux formes les plus graves définies par le consensus européen.
Recommandations neurovasculaires
PRISE EN CHARGE PRÉCOCE DES AVC | |
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RECOMMANDATIONS NICE | RECOMMANDATIONS HAS 2009 |
RECONNAISSANCE RAPIDE DES SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC | |
Symptômes neurologiques brutaux : | Standardiser la prise en charge des AVC (AP) : |
DIAGNOSTIC D’AIT – HAUT RISQUE D’AVC | |
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Les patients suspects d’AIT doivent être évalués pour leur risque d’AVC en utilisant un score, tel que ABCD2 Les patients avec AIT crescendo (deux ou plus AIT dans la semaine) sont à haut risque d’AVC, même si score ABCD2 < 3 Les patients suspects d’AIT devraient avoir : – mesures pour la prévention secondaire introduites dès confirmation du diagnostic, incluant la discussion des facteurs de risque individuels. Les patients ayant présenté un AIT mais vus tardivement (plus d’une semaine après résolution des symptômes) doivent être traités comme étant à faible risque d’AVC. | |
Suspicion AIT – Urgence imagerie cérébrale : Les sujets suspects d’AIT avec territoire vasculaire ou pathologie incertains doivent avoir une imagerie cérébrale en urgence (de préférence IRM) Type d’imagerie cérébrale : Les sujets suspects d’AIT doivent bénéficier d’une IRM de diffusion sauf si CI (TDM) Imagerie cérébrale pour le diagnostic précoce d’AVC : Une imagerie cérébrale doit être réalisée immédiatement pour AVC à la phase aiguë si l’une de ces conditions est retrouvée : Indication à la thrombolyse ou anticoagulant précoce : | Suspicion AVC – Urgence imagerie cérébrale : Les patients suspects d’AVC aigu doivent avoir un accès prioritaire 24 h/24 et 7 j/7 à l’imagerie cérébrale. Intérêt des protocoles de prise en charge formalisée (AP). Type d’imagerie cérébrale : L’IRM doit être privilégiée en incluant les séquences suivantes : diffusion, FLAIR, écho de gradient (grade B) Si IRM impossible en urgence, TDM. |
ARTÈRES CERVICOENCÉPHALIQUES | |
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Imagerie carotidienne chez les patients avec AVC non handicapant ou AIT : – Tout patient avec AIT ou AVC sans séquelle qui, après examen par un neurologue, est candidat à la thrombo-endartériectomie carotide (TE) doit avoir une imagerie carotidienne dans la semaine suivant la survenue des symptômes. – Les sujets qui se présentent plus d’une semaine après leur dernier symptôme doivent être traités comme des sujets à faible risque. Chirurgie carotide et angioplastie carotide en urgence : Les patients avec AIT ou AVC sans séquelles avec sténose carotide serrée symptomatique estimée à 50-99 % NASCET, ou 70-99 %, selon les critères ESCT, doivent : – recevoir le meilleur traitement médical (contrôle de la PA, antiagrégants plaquettaires, dyslipidémie-règles hygiénodiététiques et hypolipémiants) Les patients avec symptômes neurologiques stables d’AVC et AIT avec sténose carotide symptomatique de moins de 50 % NASCET ou 70 % ESCT : Les comptes rendus d’imagerie carotide doivent clairement spécifier le type de méthodes utilisées pour l’estimation du degré de sténose (ECST ou NASCET) Tout patient suspect d’AVC doit être admis dans une unité spécialisée de prise en charge des AVC après évaluation initiale | Imagerie carotidienne chez les patients avec AVC non handicapant ou AIT – L’exploration des artères intracrâniennes est effectuée par ARM cérébrale, angioscanner ou Doppler transcrânien (accord professionnel) – Une exploration des artères cervicales doit être réalisée précocement devant tout accident ischémique cérébral. – Celle-ci est urgente en cas d’AIT, d’infarctus mineur, d’accident ischémique fluctuant ou évolutif. |
Thrombolyse avec altéplase : L’altéplase est recommandée pour le traitement des AVC ischémiques à la phase aiguë dans les mains d’un médecin entraîné et expérimenté, dans des unités spécialisées. Des protocoles établis doivent être prêts pour l’utilisation de la thrombolyse et la gestion des complications post-thrombolyse. Aspirine et traitement anticoagulant : – Patients avec AVC ischémique aigu : tout patient avec AVC aigu pour lequel un diagnostic d’hémorragie intracérébrale a été exclu par imagerie cérébrale, doit recevoir le plus rapidement possible (dans les 24 h) : Tout patient avec AVC ischémique avec antécédent d’ulcère lié à l’aspirine doit avoir prescrit un inhibiteur de la pompe à protons associé à l’aspirine. Tout patient avec AVC ischémique allergique à l’aspirine doit avoir un autre antiagrégant plaquettaire. Le traitement anticoagulant ne doit pas être utilisé en routine pour le traitement de l’AVC aigu – Patients avec thrombose veineuse cérébrale aiguë : les patients avec thrombose du sinus veineux (incluant ceux avec transformation hémorragique secondaire) doivent avoir un traitement anticoagulant pleine dose (héparine dose efficace puis warfarine — INR 2-3 —) sauf CI – Patients avec AVC lié à un syndrome des antiphospholipides traités comme les patients avec AVC ischémique sans antiphospholipides Traitement anticoagulant et autres comorbidités : Les patients avec AVC qui sont en fibrillation auriculaire doivent être traités par aspirine 300 mg/j pendant les deux premières semaines avant de considérer l’utilisation des anticoagulants Chez les patients avec AVC et valves prothétiques et à haut risque de transformation hémorragique, le traitement anticoagulant doit être stoppé pendant 1 semaine et remplacé par 300 mg/j d’aspirine Les patients avec AVC ischémique et TVP proximale ou EP doivent recevoir un traitement anticoagulant de préférence à l’aspirine, sauf CI Les patients avec AVC hémorragique et TVP ou EP symptomatiques doivent avoir un traitement empêchant la progression du thrombus, en utilisant soit les anticoagulants soit un filtre cave. Traitement par statines : L’instauration immédiate d’une statine après un AVC aigu n’est pas recommandée. Les patients avec AVC aigu qui recevaient déjà des statines doivent continuer | Thrombolyse intraveineuse : La thrombolyse IV par rt-PA est recommandée jusqu’à 4 h 30 (hors AMM) (AP). Elle doit être effectuée le plus tôt possible (grade A). Peut être envisagée après 80 ans jusqu’à 3 h (AP). En dessous de 18 ans, les indications de la thrombolyse doivent être discutées au cas par cas avec un neurologue d’une UNV (AP) Une glycémie initiale > 11 mmol/L doit conduire à réévaluer l’indication de la thrombolyse, du fait du risque hémorragique accru (grade C) Les données actuelles ne permettent pas de recommander la sonothrombolyse. Dans les établissements disposant d’une UNV, la thrombolyse IV doit être prescrite par un neurologue (AMM) ou un médecin titulaire du DIU de pathologie neurovasculaire (hors AMM). Le patient doit être surveillé au sein de l’UNV (AP). Dans les établissements ne disposant pas sans UNV, l’indication de la thrombolyse doit être portée lors d’une téléconsultation du médecin neurovasculaire de l’UNV où sera transféré le patient après thrombolyse (hors AMM) (accord professionnel) Thrombolyse intra-artérielle : Des décisions de thrombolyse intra-artérielle peuvent être prises au cas par cas après concertation entre neurovasculaires et neuroradiologues, jusqu’à 6 h pour les occlusions de l’artère cérébrale moyenne, voire audelà de 6 h pour les occlusions du tronc basilaire du fait de leur gravité extrême (hors AMM) (AP) |
Oxygénothérapie : L’utilisation en routine de l’oxygénothérapie n’est pas recommandée s’il n’y a pas d’hypoxie. Contrôle de la glycémie : Les patients avec AVC à la phase aiguë doivent avoir une glycémie maintenue entre 4 et 11 mmol/L Une insulinothérapie optimale doit être utilisée chez les patients diabétiques, menaçés d’AVC, de SCA. Contrôle de la pression artérielle : Un traitement antihypertenseur ne doit être proposé à la phase aiguë de l’AVC est recommandé seulement s’il existe une urgence hypertensive avec l’une ou plusieurs de ses manifestations concomitantes : Stay updated, free articles. Join our Telegram channelFull access? Get Clinical TreeGet Clinical Tree app for offline access |