Chapitre 39
Le doigt à ressaut
Les doigts à ressaut ont été décrits initialement par Notta en 1850.
Ils font partie des tendinopathies des fléchisseurs et leur incidence est de 2,6 % dans la population générale ce qui en fait une pathologie classique et fréquente en chirurgie de la main [1].
Ce phénomène mécanique dynamique se manifeste par un frottement ou un accrochage plus ou moins important cédant lors de l’extension du doigt en réalisant un ressaut plus ou moins douloureux [2,3].
Rappels anatomiques
Trois éléments sont en présence :
• le muscle flexor digitorum superficialis (FDS) qui est par sa face palmaire en contact direct avec la surface interne de la poulie A1 ;
• la gaine synoviale des tendons fléchisseurs dont la description la plus importante revient à Cohen et Kaplan [4] en 1985. Ils ont mis en évidence trois surfaces synoviales clairement séparées situées entre la poulie A1 et la poulie A2.
Bien décrits par Strauch et De Moura [5], ces culs- de-sac permettent l’allongement et la rétraction de la gaine digitale dans son ensemble pendant les mouvements des doigts ;
• la poulie A1 qui est située à l’entrée du canal digital et qui est la plus proximale des poulies annulaires. Elle commence en moyenne 5 mm en amont de l’interligne de l’articulation métacarpo-phalangienne (MP) et est longue de 10 mm environ, soit l’équivalent approximativement de 20 % de la longueur de la première phalange (P1) [6].
Doyle [7] la décrit comme étant de configuration variable : elle peut en effet présenter une, deux ou trois bandes de fibres semi-circulaires. Il est intéressant de se demander si cette variante anatomique peut ou non jouer un rôle dans l’apparition du doigt à ressaut.
Étiopathogénie
Finkelstein (1930) et Hueston (1972) estiment que c’est la gaine synoviale qui est le site initial de la lésion [8,9].
Evans (1988) opterait pour une hypothèse tendineuse par altération de la nutrition et de la vascularisation [10,11].
Sampson (1991), quant à lui, pense que c’est la métaplasie fibro-cartilagineuse de la poulie A1 qui est responsable du conflit [12].
Formes cliniques
Les formes cliniques symptomatiques
La classification décrite par Patel et Bassini a été retenue [13]. Chaque stade peut être ou non douloureux :
• stade 1 : mouvement normal ;
• stade 2 : frottement, accrochage ;
• stade 4 : blocage du doigt en flexion ou extension, débloqué par un mouvement actif du doigt ;
• stade 5 : blocage du doigt en flexion ou en extension, débloqué par un mouvement passif du doigt ;
• stade 6 : doigt bloqué en flexion ou extension de façon irréductible.
Les formes cliniques topographiques
Le majeur et l’annulaire sont les doigts longs le plus souvent touchés [14] mais aucune théorie n’a été trouvée à ce jour afin de l’expliquer. Cependant, De La Caffinière [15] a montré qu’après la sortie du canal carpien, les tendons fléchisseurs du III et du IV sont axiaux par rapport à la chaîne digitale. Ils font donc subir aux poulies A1 des contraintes mécaniques plus importantes que les tendons fléchisseurs du II et du V, ce qui pourrait expliquer cette prédominance de l’atteinte.
Les formes cliniques associées
L’association avec un syndrome du canal carpien est fréquente, environ 10 % à 20 % des cas [1]. Le rétinaculum des muscles fléchisseurs étant la première poulie de réflexion des tendons fléchisseurs, sa section entraîne une répercussion des contraintes mécaniques sur la poulie A1 et pourrait expliquer la survenue des doigts à ressaut.

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