Chapitre 37 Maladies Vasculaires de L’enfant Hors Malformations
VASCULARITES DE L’ENFANT
Le terme de vascularite regroupe des affections polymorphes caractérisées par une atteinte inflammatoire des vaisseaux sanguins artériels, capillaires et veineux, conduisant à une altération de la paroi vasculaire concernant l’endothélium, la média et l’adventice avec des lésions d’ischémie et de nécrose. Chez l’enfant, une nouvelle classification reposant sur le calibre des vaisseaux atteints a été proposée récemment (encadré 37-1) [1]. Les signes d’appels les plus fréquents sont peu spécifiques : fièvre, altération de l’état général, purpura, érythème noueux et signes articulaires. Deux syndromes prédominent nettement chez l’enfant : la maladie de Kawasaki et le purpura rhumatoïde. Les autres vascularites sont plus rares mais sont à l’origine d’une morbimortalité significative.
Encadré 37-1 Classification de la vascularite, d’après [1].
Vascularites secondaires à une infection, une tumeur ou un traitement
Vascularite d’hypersensibilité
Vascularite associée à une connectivite
Maladie de Kawasaki
La maladie de Kawasaki est une vascularite aiguë du nourrisson et du jeune enfant intéressant principalement les artères de moyens et gros calibres. Elle a été décrite pour la première fois au Japon en 1967 par Kawasaki comme un syndrome adénocutanéomuqueux aigu fébrile dont la gravité est liée aux complications cardiovasculaires principalement coronariennes [2]. En effet la maladie de Kawasaki est actuellement dans les pays développés la cause la plus fréquente d’atteinte cardiaque acquise chez l’enfant.
DIAGNOSTIC
La maladie de Kawasaki est une affection aiguë dont la phase initiale est caractérisée par une fièvre élevée souvent mal tolérée, durant au moins 5 jours, résistante aux antibiotiques et antipyrétiques, et associée à d’autres signes cliniques qui permettent le diagnostic [3]. Au moins 4 des 5 critères suivants sont nécessaires en l’absence d’autres étiologies spécifiques (viroses, choc toxi-infectieux staphylococcique ou streptococcique, syndrome de Stevens Johnson, scarlatine) :
Purpura rhumatoïde
Le Purpura rhumatoïde ou purpura de Schonlein-Henoch est la vascularite la plus fréquente de l’enfant [5]. Il s’agit d’une vascularite leucocytoclasique des vaisseaux de petit calibre en rapport avec des dépôts tissulaires de complexes immuns prédominant d’IGA. Elle concerne principalement le jeune enfant avec un âge moyen de 6 ans et dans 90 % des cas de moins de 10 ans. Son incidence annuelle est de 15 à 20 cas pour 100 000 enfants par an. Elle est plus fréquente en hiver. Les garçons sont plus souvent touchés que les filles. Une réponse anormale du système immunitaire à une agression antigénique a été l’hypothèse la plus souvent proposée. L’affection est souvent précédée d’une infection ORL, respiratoire ou une prise alimentaire ou médicamenteuse. Un certain nombre d’agents infectieux ont été rapportés comme pouvant déclencher l’affection : streptocoque du groupe A, parvovirus B19, EBV, CMV, Haemophilus. Des polymorphismes génétiques ont été étudiés pour tenter d’expliquer la survenue de cette affection et en particulier de ses formes les plus sévères notamment sur le plan néphrologique.
MANIFESTATIONS CLINIQUES
La symptomatologie débute généralement par une asthénie, avec parfois décalage fébrile durant 2 à 3 jours. À ces signes généraux s’associent avec une chronologie variable [6] :
Périartérite noueuse
Une récente classification distingue trois types de périartérite [7] : la périartérite noueuse systémique, la périartérite cutanée et la polyangéite microscopique. Chez l’enfant la périartérite noueuse systémique est rare et définit comme une vascularite caractérisée par des infiltrats inflammatoires riches en polynucléaires neutrophiles et une nécrose fibrinoïde de la média des artères de petits et moyens calibre, sans glomérulonéphrite. La polyangéite microscopique affecte principalement les vaisseaux de petit calibre (capillaires, artérioles, veinules) avec des glomérulonéphrites et des hémorragies pulmonaires et la présence fréquente d’ANCA.
Une étiologie infectieuse est parfois retrouvée. Néanmoins chez l’enfant, l’association à une hépatite B est rare. Les associations avec d’autres virus : hépatite A et C, VIH, CMV, parvovirus ont été rapportées de façon isolée. Les ANCA ont un rôle dans la physiopathologie de ces vascularites mais sont principalement retrouvés dans la polyangéite microscopique où ils seraient négatifs dans seulement 10 % des cas. Une étude multicentrique récente montre que chez l’enfant et l’adolescent, dans près de 60 % des cas il s’agit de PAN systémique, 30 % de périartérite cutanée, 8 % de polyangéite avec ANCA [7].
DIAGNOSTIC
Il est souvent difficile et repose sur des critères cliniques, biologiques, histologiques et/ou angiographiques. Son début est habituellement marqué par des signes généraux : fièvre avec altération de l’état général et perte de poids précédant d’autres signes dont dans la PAN systémique : des myalgies (46 %), des polyarthralgies (40 %) et des atteintes cutanées (70 %) avec des nodules hypodermiques douloureux et érythémateux le long des trajets artériels, un livedo reticularis érythrocyanique, un purpura vasculaire, éventuellement des ulcérations, une urticaire, un syndrome de Raynaud. Les atteintes viscérales concernent principalement le tube digestif avec des douleurs abdominales d’origine ischémique (24 %), une atteinte neurologique (22 %) avec des neuropathies périphériques évocatrices du diagnostic. Une hypertension est notée dans 20 % des cas et est associée à une ischémie voire des infarctus rénaux alors que l’atteinte cardiaque est plus rare (6 %). Des atteintes pulmonaires et rénales d’origine glomérulaire sont fréquentes dans la polyangéite microscopique (50 à 60 %).