Chapitre 37 Brûlures du périnée
Les brûlures du périnée sont relativement peu fréquentes en raison de la protection naturelle du corps et des vêtements [1]. Elles imposent l’hospitalisation et un suivi en milieu spécialisé en raison de leur gravité potentielle : troubles mictionnels et risque ischémique chez l’homme, douleurs et risque de surinfection locale et régionale. Elles présentent des étiologies particulières (électrisation) et doivent faire suspecter une maltraitance (négligence, violences sexuelles). Les séquelles fonctionnelles et esthétiques ont des répercussions psychologiques importantes pouvant entraver la vie relationnelle et sexuelle.
Brûlures des organes génitaux masculins
Brûlures aiguës
Conduite à tenir initiale
Particularités cliniques
Elles répondent aux spécificités anatomiques [2, 3, 4] (fig. 37-1 et 37-2). À la fragilité cutanée relative de la verge s’oppose le potentiel de cicatrisation du pubis (zone pileuse) et du scrotum. La fragilité muqueuse du gland et du méat urinaire est compensée par la protection éventuelle du prépuce. Le risque ischémique est lié à la vascularisation terminale sanguine et lymphatique de la verge. Le risque opératoire est lié au trajet relativement superficiel de l’urètre au niveau de la face ventrale de la verge [5].
Examen clinique
L’examen clinique apprécie la profondeur et le caractère circulaire ou non des lésions de brûlures, l’atteinte du méat urinaire après décalottage parfois difficile du gland en raison d’un œdème important, l’existence d’une rétention aiguë d’urine, d’un traumatisme associé.
Soins locaux
Ils débutent par l’excision des éventuelles phlyctènes (risque de compression) et l’application d’un antiseptique non alcoolique qui sera rincé au sérum physiologique. Le topique de choix est la sulfadiazine argentique (Flammazine®), tout agent agressif étant contre-indiqué ainsi que le citrate de cérium (Flammacérium®). Le pansement peut faire appel à un slip ou un change jetable. Les cuisses peuvent être maintenues à 15° d’abduction par une cale en mousse [1]. Les pansements seront au minimum quotidiens en prenant soins de décalotter et recalotter systématiquement le gland.
Incision de décharge
Au niveau de la verge, elle devra être effectuée en urgence en cas de brûlures, circulaires ou non, responsable d’un syndrome compartimental. Cette incision sera réalisée sous anesthésie générale selon un tracé longitudinal en « Z » allongé, de préférence au niveau de la face dorsale ou latérale de la verge afin d’éviter toute lésion urétrale. L’incision concernera la tunique dartos et respectera, autant que faire se peut, les fascias superficiel et profond du pénis afin de conserver un plan de glissement et les éléments vasculo-nerveux sousjacents (artère et veine dorsales profondes, nerf dorsal) (voir fig. 37-1).
Indications chirurgicales
La cicatrisation dirigée des brûlures des organes génitaux externes masculins est de rigueur pour la majorité des auteurs [1, 6, 7] en s’appuyant sur les excellents résultats de cette dernière au niveau du gland, du scrotum et de la région pubienne dans les ébouillantements. Les figures 37-3 à 37-6 illustrent le fort potentiel de cicatrisation spontanée et la difficulté du diagnostic de profondeur. Nous pensons qu’il faut être plus interventionniste au niveau de la verge et pratiquer une éventuelle excision-greffe avant le 15e jour (après la guérison des lésions superficielles et avant la transformation myofibroblastique des lésions plus profondes). L’excision doit respecter, dans la mesure du possible, les fascias superficiel et profond. Les greffes, minces et pleines avec mouchetures multiples, sont la technique de choix. Elles devront être posées en monobloc ou disposées de façon hélicoïdale [16] et fixées par fils (points séparés et surjets simples) pour des raisons fonctionnelles (érections nocturnes). Leur évolution est le plus souvent non hypertrophique et non rétractile. Les brûlures profondes du prépuce peuvent être simplement excisées, réalisant une posthectomie préventive [6].
Il faut aussi être plus interventionniste au niveau des brûlures profondes du scrotum [6]. L’excisionsuture des brûlures profondes de petite taille du scrotum donnent de bons résultats. Les lésions plus importantes pourront bénéficier d’une excision précoce [8] avec, si besoin, couverture temporaire par homogreffe si le fascia spermatique a été excisé [6]. L’exposition des testicules est exceptionnelle, la reconstruction du scrotum devant faire appel aux greffes minces expansées avant d’envisager un éventuel lambeau cutané locorégional.