48: Filière de soins aux brûlés

Chapitre 48 Filière de soins aux brûlés




L’exemple lyonnais (fig. 48-1)


Pierre Colson a créé en 1952 le premier centre français de traitement des brûlés à l’hôpital Saint-Luc à Lyon. Dans ce centre exercent conjointement réanimateurs et chirurgiens. Le brûlé devient désormais le centre des préoccupations médicales. Cette nouvelle conception des soins est à l’origine d’une meilleure prise en charge des brûlés victimes de la catastrophe de la raffinerie de Feyzin en 1966 où les sapeurs-pompiers de Lyon payèrent un lourd tribu aux brûlures.



Puis, progressivement, d’autres structures de la filière de soins se rattachent à cette entité : les services de chirurgie réparatrice à l’hôpital Saint-Luc, le centre aigu de l’hôpital Édouard-Herriot en 1972, la station thermale de Saint-Gervais les Bains et, enfin, bien plus tard, les services de rééducation et réadaptation, en 1979, pour les adultes à Sainte-Foy-l’Argentière et, en 1989, pour les enfants à Romans-Ferrari.


Aujourd’hui la prise en charge des brûlés est soumise à un schéma interrégional d’organisation sanitaire voulue par la Direction hospitalière d’organisation sanitaire (DHOS). L’interrégion Rhône-Alpes et Auvergne en est un exemple. Celle-ci dispose d’une des filières de soins aux brûlés les mieux organisées en France.


À Lyon, elle permet, avec ses deux centres aigus de brûlés (le centre hospitalier Saint-Joseph et Saint-Luc et l’hôpital Édouard-Herriot) avec 38 lits d’adultes et d’enfants représentant 10 % des lits français et les deux centres de rééducation avec leurs 50 lits d’hospitalisation complète, de prendre en charge 25 % des brûlés du territoire national.


Cette filière répond à la fois aux besoins de la population interrégionale et aux impératifs économiques de la rationalisation des soins.


D’après les données de l’ARH (agence régionale hospitalière) Rhône-Alpes tirées du PMSI, les deux tiers de la population des brûlés en Rhône-Alpes et Auvergne sont pris en charge dans cette filière alors que sur le reste du territoire national, on déplore une prise en charge seulement d’un tiers. Ce qui est très dommageable pour cette population de patients.


La filière de soins aux brûlés s’appuie, comme nous venons de le voir, sur un schéma interrégional d’organisation sanitaire (SIOS), chaque SIOS correspondant à un territoire bien identifié regroupant plusieurs régions.


L’accessibilité, la continuité et la qualité des soins, la maîtrise de l’évolution des dépenses de santé et l’aménagement du territoire sont les principaux objectifs de chaque SIOS.


Chaque SIOS possède cependant une envergure dépassant ses limites de territoire, qui dépend de l’existence ou non de centres aigus de brûlés. Ainsi les centres aigus et de rééducation de brûlés du SIOS Rhône-Alpes et Auvergne prennent aussi en charge des brûlés de Franche-Comté, d’Alsace, de Bourgogne et du Centre.



Spécificité d’une filière de soins aux brûlés


La prise en charge des brûlés les plus graves bénéficie d’un équipement sanitaire hautement spécialisé tout au long de la filière de soins.


Le ramassage des brûlés est réalisé par le Samu ou les sapeurs-pompiers. Ceux-ci les transportent vers un centre hospitalier régional et/ou directement, vers le service d’accueil ou d’urgence de l’hôpital du centre de traitement des brûlés (CTB) ; le centre hospitalier régional ou le service d’accueil de l’hôpital du centre de traitement des brûlés oriente ensuite le brûlé dans le service aigu spécialisé.


Après leur séjour en CTB, les brûlés sont soit suivis et traités en ambulatoire soit, pour les plus graves, dirigés selon des critères précis vers un établissement de rééducation et réadaptation spécialisé. En période critique (été et hiver), les brûlés graves d’une interrégion peuvent être pris en charge par des CTB éloignés lorsque les centres aigus locaux, saturés, n’ont pu les prendre en charge initialement ; ils sont alors admis dans l’établissement de rééducation spécialisé de proximité puis suivis en ambulatoire dans le service de chirurgie réparatrice spécialisé où exercent médecins MPR et chirurgiens.


Dans le cadre de cette filière de soins et intervenant à la suite des centres de rééducation, d’autres établissements participent aux traitements des brûlés : les stations thermales spécialisées dans le traitement des cicatrices. Les brûlés les plus graves et/ou les plus démunis sont hospitalisés dans des établissements annexes à la station pour bénéficier de soins dispensés dans ces stations thermales et de soins de rééducation.


En dehors de la filière classique et fonctionnant de façon isolée, des CHU ou CHR peuvent participer au traitement des brûlés sous réserve que ces établissements les adressent vers des brûlologues confirmés en cas de doute ou pour leur rééducation.


La filière de soins a pour mission d’assurer la prise en charge du brûlé depuis le traumatisme jusqu’à sa réinsertion communautaire.


Cette prise en charge nécessite une compétence incontestable des différents acteurs qui doivent assurer une sécurité optimale sur le plan vital, fonctionnel, social et esthétique. L’ensemble de cette filière de soins fait intervenir des professionnels très qualifiés à chacune de ses étapes, auxquels s’ajoutent les chercheurs : recherche en substituts cutanés, en cicatrisation, en chirurgie réparatrice, en réanimation, en rééducation.


Les critères indispensables suivants contribuent à une prise en charge optimale du brûlé.


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Sep 21, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 48: Filière de soins aux brûlés

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