Chapitre 35 Plis rétiniens postérieurs postopératoires
La formation de pli rétinien après chirurgie du décollement de rétine est tout à fait habituelle lorsqu’il s’agit de plis périphériques observés généralement sur l’indentation ; ils témoignent d’un certain « excédent rétinien » par rapport à la paroi dont la forme a changé sous l’effet d’une indentation périphérique. Heureusement, l’apparition de pli rétinien postérieur dans la région maculaire, pouvant avoir des conséquences visuelles, est beaucoup moins fréquente. Ces plis postérieurs, qui témoignent d’un déplacement important de la rétine, sont principalement liés à l’utilisation de gaz intraoculaire pour le traitement chirurgical du décollement de rétine. Si le tamponnement interne par gaz a été utilisé depuis 1973 [12], cette complication n’a été décrite pour la première fois qu’en 1984, dans un cas clinique publié par Pavan [14], comme étant une complication évitable par un bon positionnement du patient.
L’avènement de la chirurgie vitréorétinienne, l’indication de vitrectomie en première intention et la pratique de plus en plus courante d’échange fluide-air expliquent sans doute l’augmentation de la fréquence des cas rapportés [10,11,16], fréquence sans doute largement sous-estimée pour ce qui concerne les atteintes a minima.
Aspects Cliniques
PLI RÉTINIEN DE PLEINE ÉPAISSEUR
L’examen du fond d’œil retrouve facilement un pli rétinien de pleine épaisseur au pôle postérieur, souvent arciforme, semblant délimiter la zone du décollement de rétine et se prolongeant vers la périphérie (fig. 35-1). La rétine supérieure est souvent déplacée vers le bas, avec ectopie de l’arcade vasculaire temporale supérieure. La fovéa peut être difficile à localiser, d’autant plus qu’elle peut se trouver cachée par le pli sur son versant postérieur. Par ailleurs, la rétine est souvent parfaitement réappliquée et le pli rétinien postérieur est fixé et « sec ».
Le cliché en lumière bleue est particulièrement utile pour localiser le centre de la macula (fig. 35-2). En effet, le pigment xanthophylle est bien mis en évidence sur le cliché bleu, ce qui permet de bien préciser si la fovéa est concernée par le pli.
CAS DES PLIS RÉTINIENS A MINIMA
En dehors des cas où la réapplication de la rétine se fait brutalement sous l’effet d’une bulle de gaz en donnant un déplacement rétinien et un pli postérieur, comme décrit précédemment, la réapplication de la rétine peut donner lieu à des plis à peine visibles cliniquement, mais facilement diagnostiqués actuellement grâce à l’OCT.
Le cas clinique illustré par la figure 35-3 correspond à ce type de plissement qui ne concerne pas toute l’épaisseur de la rétine [9]. Suite à un décollement de rétine temporal supérieur soulevant la macula et opéré par la technique indentation longitudinale-cryoapplication-gaz, plusieurs petits plis rétiniens postérieurs ont été observés sur l’OCT, alors que la rétine semblait parfaitement réappliquée à l’examen du fond d’œil. Le soulèvement fovéal était responsable de métamorphopsies et d’une récupération partielle de la vision centrale. Malgré la disparition progressive et complète des plis maculaires et du soulèvement fovéal notés sur les OCT, les métamorphopsies ont persisté.
SOULÈVEMENT FOVÉAL PERSISTENT POSTOPÉRATOIRE, OU BLEB
La survenue d’un soulèvement fovéal postopératoire a fait l’objet de quelques publications depuis l’avènement de l’OCT [1,2,3,5,13,15,17,18]. En effet, comme pour les plis a minima, l’examen du fond d’œil ne permet généralement pas de faire le diagnostic. Ces soulèvements fovéaux persistant plusieurs mois après la chirurgie du décollement de rétine sont responsables d’un retard de récupération visuelle.
Le soulèvement fovéal peut revêtir des aspects variés en OCT : soulèvement diffus, soulèvement localisé sous forme de bleb (qu’on peut traduire par « bulle », fig. 35-4) ou soulèvements multiples [3].