Chapitre 34 Réparation des séquelles de brûlures de la région mammaire
L’importance de la poitrine dans le schéma corporel de la femme et sa fonction érotique expliquent que les séquelles de brûlures fassent fréquemment l’objet de demandes de réparation [1]. Les brûlures étendues de la région mammaire chez la femme peuvent également avoir des conséquences fonctionnelles, par la proximité de la région avec des zones très mobiles comme le cou et le creux axillaire, et pour l’ allaitement, qui peut être compromis par la destruction de la plaque aréolo-mammelonnaire.
La destruction et la réparation de cette région revêtent donc une importance toute particulière. La gravité de l’atteinte lésionnelle dépendra de la profondeur des brûlures, mais également de la qualité du traitement initial [2].
Analyse lésionnelle
Les séquelles de brûlures des seins seront donc le plus souvent liées à un problème purement cutané sans véritable atteinte du volume ou de la croissance glandulaire. Selon la surface, la qualité et la position des cicatrices, on pourra distinguer plusieurs tableaux cliniques [2].
Une cicatrice rétractile de la région mammaire ou en périphérie (région cervicale, brachiale, thoracique ou abdominale) sera responsable d’une déformation du sein et souvent d’une malposition du complexe aréolo-mammelonnaire (fig. 34-1).
Le traitement de la rétraction cicatricielle permettra la correction de la dystopie aréolaire. Lorsque l’enveloppe cutanée mammaire est largement atteinte, le placard cicatriciel inextensible engendre des déformations du sein de tout types : sein aplati, comprimé, rétracté, dévié (fig. 34-2).
L’association de ces différents types lésionnels est possible.
Une diminution du volume mammaire sera également envisageable, en accord avec la patiente, pour adapter ce volume aux possibilités techniques de resurfaçage.
Traitement des séquelles proprement dit
Chez l’adulte
La réparation de la région mammaire brûlée s’envisage à la fin de la maturation cicatricielle. Plusieurs règles conditionneront la qualité du résultat final. L’apport de tissu cutané, par expansions ou lambeaux locaux plutôt que par des lambeaux à distance, permet une réparation respectant une couleur adéquate, sans création de cicatrice supplémentaire. Les cicatrices finales devront idéalement se situer dans les zones d’ombre du sein (sillon sous-mammaire, région latéro-thoracique), en évitant la région du décolleté. La grande plasticité de la glande mammaire complique la thérapeutique. Compressible, elle peut faire sous-estimer la quantité de peau nécessaire à la réparation, et elle sera atrophiée par une expansion directe. Elle sera également déviée par toute imperfection de l’étui cutané [2, 3].
Les brûlures panmammaires avec destruction de la glande sont souvent associées à des lésions contiguës et à distance de la région mammaire. Dans les cas où il existe des régions épargnées par la brûlure, l’apport tissulaire se fera par expansion cutanée périphérique ou par expansion de lambeaux régionaux. Le volume mammaire sera apporté soit par un lambeau (lambeau musculo-cutané de rectus abdominis ou de latissimus dorsi autologue) et/ou par un implant mammaire. Le complexe aréolo-mammelonaire peut être reconstruit par une greffe de peau totale prélevée dans le sillon génito-crural ou par le prélèvement d’un disque aréolaire controlatéral complétée par une greffe de mamelon controlatérale [4]. Le dermopigmentation de l’aréole et la réalisation d’une plastie locale pour recréer un mamelon représentent une alternative et donne également de bon résultat (fig. 34-3 et 34-4).