Tumeurs primitives et secondaires des os
I TUMEURS OSSEUSES PRIMITIVES BÉNIGNES
A Ostéome ostéoïde
3 Diagnostic clinique
Il est à l’origine de douleurs osseuses avec paroxysmes nocturnes, classiquement soulagées par l’aspirine.
Parfois, il se manifeste par une tuméfaction ou une inégalité de longueur des membres inférieurs s’il se développe au contact du cartilage de croissance, ou une scoliose en cas de localisation vertébrale.
4 Imagerie
5 Traitement
− intervention à ciel ouvert : curetage du nidus avec un risque de récidive ou mini-exérèse en bloc en emportant le nidus et une petite zone péri-nidale ;
− méthodes percutanées : sous contrôle radiologique, destruction du nidus par thermocoagulation au laser, par électrocoagulation, par forage-résection osseuse scanoguidé ;
B Chondrome
2 Épidémiologie
3 Diagnostic clinique
Le chondrome est rarement symptomatique.
Œdème, tuméfaction de la main.
Douleur peu intense spontanée (sinon penser au chondrosarcome).
La fracture pathologique est un mode de révélation fréquent : un tiers des cas de la main et 10 % des os longs.
La maladie des chondromes multiples s’accompagne souvent de malformations sévères squelettiques apparaissant durant la croissance : inégalité de longueur des membres inférieurs, genu valgum…
4 Imagerie
Radiographie standard : lésion radiotransparente métaphysodiaphysaire bien limitée, soufflée, avec parfois calcifications intratumorales, taille < 5 cm, pas de rupture corticale.
Scanner : permet une analyse plus fine de la lésion et la recherche de signes de malignité.
IRM : lésion bien circonscrite en hyposignal T1, en hypersignal T2 homogène, rehaussement périphérique après injection de gadolinium.
C Tumeurs à cellules géantes
3 Diagnostic paraclinique
Radiographies standards (fig. 304-2) : zone lytique de la région métaphysoépiphysaire (épiphysaire +++). Il existe parfois un aspect en « nid d’abeille ». La corticale peut être amincie voire détruite, ce qui est visible au scanner ou en IRM, qui permet aussi d’évaluer l’envahissement des parties molles.
5 Traitement
En cas de forme bénigne, le traitement est un curetage-comblement (évidement à la curette puis traitement des parois par frisage, électrocoagulation ou azote liquide, et comblement du défect par des greffons osseux ou du ciment chirurgical).
En cas de tumeur à cellules géantes maligne, le traitement est identique à celui d’un ostéosarcome (cf. infra).
Une thérapie ciblée contre le RANK-ligand, molécule surexprimée dans les tumeurs à cellules géantes qui est à l’origine de l’activation des ostéoclastes, est en cours d’évaluation dans les tumeurs inopérables : il s’agit du dénosumab (anticorps monoclonal anti-RANK-ligand), qui a déjà une indication dans l’ostéoporose et dans la prévention des métastases osseuses des cancers solides.
6 Évolution et pronostic
Les formes bénignes sont caractérisées par un fort taux de récidives locales, de l’ordre de 25 %.
Les récidives bénignes peuvent bénéficier soit d’un nouveau curetage-comblement soit d’une résection large.
Devant une récidive, il faut refaire une biopsie.
Les récidives avec transformation maligne sont à traiter comme les autres formes malignes.
D Dysplasie fibreuse
1 Définition, formes cliniques
La dysplasie fibreuse se traduit par des zones squelettiques au sein desquelles une plage de tissu fibreux remplace l’os normal. Le mécanisme est un défaut de maturation des ostéoblastes. La dysplasie fibreuse peut être monostotique (une localisation) ou polyostotique (plusieurs localisations) ; dans ce dernier cas, elle est souvent hémimélique (touchant un hémicorps).
Elle est congénitale et d’origine génétique mais non héréditaire et non familiale.
La dysplasie fibreuse existe dès la naissance mais n’est en général dépisté qu’au cours de l’enfance ou de l’adolescence voire à l’âge adulte.
Elle se localise sur les os longs (régions diaphysométaphysaires) ou sur les os plats (bassin mais aussi le rachis), les côtes, la région craniofaciale.
Elle s’inscrit parfois dans un contexte plus polymorphe, avec une puberté précoce, des taches cutanées de couleur « café au lait » prédominant aussi sur l’hémicorps et s’associant aux anomalies osseuses : il s’agit du syndrome de McCune-Albright ; la dysplasie fibreuse touche alors en particulier la base du crâne avec déformation et hypertrophie, le plus souvent asymétrique, de la voûte crânienne (bosse) ou du massif facial (hypertrophie d’un maxillaire, d’une moitié de mandibule).
2 Diagnostic paraclinique
Radiographies standards (fig. 304-3) : zones claires (transparentes) homogènes avec possible aspect en « verre dépoli », en « volute de fumée ». La clarté intraosseuse amincit les corticales et augmente souvent le diamètre de l’os. Suffisante pour faire le diagnostic si typique.
Scintigraphie osseuse : cartographe des lésions (atteinte hémimélique +++) permettant ensuite de faire des radiographies des zones hyperfixantes (recherche de lésions à risque de fracture).
En cas de suspicion de malignité ou de radiographie atypique : scanner ou IRM avec injection, centré(e) sur la lésion.
3 Traitement
− diminution des douleurs dans 60 à 100 % des cas dès le premier ou le deuxième cycle de traitement ; disparition des douleurs dans 60 % des cas avec bonne tolérance ;
− utilisation recommandée en cas de lésion de dysplasie fibreuse non compliquée et douloureuse, résistant aux antalgiques habituels ;
− pamidronate en première intention à 60 mg par jour (1 mg/kg par jour) 3 jours de suite (ou 90 mg par jour 2 jours de suite) chez l’adulte tous les 6 mois ;
− surveillance biologique avant traitement des phosphatases alcalines osseuses et de marqueurs du remodelage osseux (CTX sériques) ;