3: Prévention et interception

Chapitre 3 Prévention et interception




La prévention et l’interception en ODF sont étroitement liées et présentent deux objectifs communs :




Elles agissent donc essentiellement à deux niveaux :





Action sur la matrice fonctionnelle et les comportements orofaciaux fonctionnels



Prévention


La prévention des anomalies fonctionnelles peut être réalisée de deux manières complémentaires : en assurant des conditions anatomiques et physiologiques permettant des fonctions normales et en favorisant le développement de la musculature orofaciale et masticatrice ainsi que la mise en place de comportements fonctionnels normaux.




Développement de la musculature orofaciale et masticatrice et mise en place de comportements fonctionnels normaux




Comportements alimentaires


L’allaitement au sein doit être recommandé. Il impose des mouvements énergiques de propulsion mandibulaire qui stimulent la croissance du cartilage condylien, très importante à cette période, contribuant au rattrapage du décalage sagittal maxillomandibulaire. Il nécessite, de plus, une activité musculaire intense au niveau :






Cette double action squelettique et musculaire permet ultérieurement le déroulement des fonctions orofaciales dans des conditions anatomiques et physiologiques favorables.


L’allaitement au biberon, beaucoup plus passif, car le lait coule facilement dans la cavité buccale du nourrisson, ne peut assurer ce rôle morphogénétique.


Pour favoriser l’allaitement au sein, la première tétée doit être précoce, dans les heures qui suivent la naissance, et il faut éviter de donner le biberon entre les tétées au sein.


Les habitudes de préhension et de mordillement doivent ensuite être encouragées car elles entretiennent la propulsion mandibulaire et les stimuli de croissance mandibulaire associés.


La mastication : lors de l’évolution de la denture temporaire, il faut préconiser une alimentation variée, non mixée, qui nécessite une mastication active, avec des mouvements masticateurs larges favorisant le développement transversal maxillaire et la croissance mandibulaire.


Les habitudes de succion d’un doigt, d’une tétine ou d’un objet doivent être si possible limitées dans le temps.



Éducation neuromusculaire


Lorsque des comportements dysfonctionnels existent, leur correction s’intègre dans la prise en charge orthodontique du patient. Pour Soulet [10], il s’agit d’une éducation fonctionnelle et non d’une rééducation, car les comportements normaux n’ont jamais été mis en place.


On distingue deux types d’éducation fonctionnelle :





Éducation neuromusculaire active


Elle consiste, selon Soulet [10], à modifier une activité motrice habituelle en sollicitant les facultés psychiques de l’enfant. Elle vise à installer, au niveau de l’encéphale, de nouveaux circuits en remplacement des circuits archaïques de la petite enfance par la répétition volontaire du mouvement qui sera secondairement automatisé. Cette engrammation ne peut se réaliser que si le nouveau circuit est plus économique en énergie et plus efficient. Des conditions anatomiques favorables au bon déroulement de la fonction doivent donc souvent être rétablies avant la myothérapie pour permettre cette efficience.


De plus, comme l’a souligné Romette [9] (théorie des effecteurs communs), les muscles orofaciaux sont impliqués dans les différentes fonctions. L’éducation fonctionnelle ne doit donc pas se limiter à la correction des troubles de déglutition, elle doit aussi prendre en charge les anomalies de posture et de tonus musculaire ainsi que l’ensemble des dysfonctions orofaciales.


La présence de conditions anatomiques incompatibles avec le déroulement fonctionnel normal et la seule prise en charge de la déglutition constituent les principales causes d’échec de l’éducation neuromusculaire active.



Myothérapie fonctionnelle et traitement orthodontique


En cas d’anomalies alvéolaires générées ou aggravées par les troubles neuromusculaires, une myothérapie peut être instaurée avant le traitement orthodontique si l’enfant présente une maturité suffisante (en général vers 8–9 ans pour Soulet [10]).


Cependant, les anomalies basales et alvéolaires importantes entretiennent les comportements dysfonctionnels. Pour Doual et al. [5], l’éducation fonctionnelle active ne peut corriger seule les anomalies alvéolaires que si, parallèlement, une évolution alvéolaire spontanée progressive diminue la dysmorphose, facilitant la correction fonctionnelle et sa stabilité. C’est principalement le cas des infraclusions incisives limitées (cas clinique 1).



Dans la majorité des autres cas, la malocclusion bloque l’évolution alvéolaire ou induit des comportements labiaux ou linguaux adaptatifs difficiles à corriger. En cas d’anomalies squelettiques ou alvéolaires importantes, il est donc souhaitable de les corriger ou de les réduire avant d’instaurer l’éducation fonctionnelle. De plus, en changeant les conditions anatomiques, le traitement orthodontique modifie les stimuli proprioceptifs entraînant une correction spontanée des troubles fonctionnels associés.


La myothérapie fonctionnelle est le plus souvent gênée par la présence en bouche des appareils. Il est recommandé d’utiliser les phases de surveillance pour la réaliser.


May 14, 2017 | Posted by in DENTAIRE | Comments Off on 3: Prévention et interception

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