L’hôpital et sa gouvernance : ce que change la loi HPST
La loi Hôpital, Patient, Santé et Territoire (HPST) promulguée le 21 juillet 2009 est issue, en ce qui concerne l’organisation interne des hôpitaux, d’un long processus qui a vu se dégager la fonction soignante des autres « utilités » de l’hôpital (Foucault, 1972) et se concentrer le pouvoir de décision entre les mains du directeur, lui-même sous le pilotage étroit de l’agence régionale de santé dont le directeur général est chargé d’appliquer directement les directives élaborées par le ministère.
Naissance de l’hôpital moderne (Vichard, 2007)
• la hiérarchie hospitalière : centres hospitaliers régionaux, hôpitaux, hôpitaux-hospices, hospices ;
• le directeur, agent appointé par l’établissement ;
• la Commission médicale consultative ;
• la participation des personnels non médicaux à la Commission administrative ;
À partir de cette date, le pouvoir à l’hôpital va s’organiser autour de trois pôles :
• la Commission administrative ;
• la Commission médicale consultative ;
• le directeur qui en 1941 est essentiellement un exécutant.
Trois ordonnances successives constituent une véritable réforme hospitalière :
• le 11 décembre 1958, portant réforme hospitalière ;
• le 13 décembre 1958, relative à la coordination des équipements sanitaires ;
• le 30 décembre 1958, portant réforme hospitalo-universitaire.
Le pouvoir du directeur s’élargit sur le plan financier.
Rationalisation du système hospitalier
La loi du 31 décembre 1970 s’affiche comme une loi exclusivement sanitaire. Elle propose une nationalisation du système hospitalier, et fonde le service public hospitalier.
Elle crée les conseils d’administration avec une compétence d’attribution limitée à 14 rubriques.
« Cette loi se caractérise par la volonté des pouvoirs publics de régenter l’ensemble des hôpitaux et cliniques afin de les réorganiser en système permettant l’égalité d’accès aux soins dans le cadre d’une médecine de grande qualité » (Safon, 2011) :
• elle permet le développement des services d’urgences avec les SMUR et SAMU ;
• la psychiatrie intègre le droit commun ;
• elle crée plusieurs instances participatives (Comité technique paritaire, Commission administrative paritaire ou Commission d’hygiène et sécurité) ;
• elle promeut le droit des malades, avec le libre choix du médecin et de l’établissement par le patient, ainsi que la possibilité d’accéder à son dossier médical hospitalier par l’intermédiaire d’un médecin librement désigné par le demandeur.
• crée les départements qui doivent se substituer aux services ;
• donne une compétence consultative en matière budgétaire au Comité technique paritaire ;
• accorde le pouvoir d’évaluer les soins aux Commissions médicales consultatives.
La loi du 31 décembre 1985 donne un cadre légal à la sectorisation psychiatrique.
La loi du 24 juillet 1987 accorde une plus grande participation des médecins à la gestion :
• restauration des services médicaux et des chefferies de service ;
• possibilité de créer des pôles d’activité à l’intérieur des services et des départements, regroupant plusieurs services ou des parties de ceux-ci ;
• création de la Commission médicale d’établissement (CME) se substituant à la Commission médicale consultative. Elle se voit reconnaître une compétence d’attribution en matière de choix médicaux.
Elle modifie l’organisation médicale en offrant la possibilité de réunir les activités dans des départements ou des fédérations, voire de voter des formes d’organisation spécifiques. L’unité de base est l’unité fonctionnelle placée sous la responsabilité d’un praticien hospitalier : il s’agit de responsabiliser les praticiens hospitaliers non chefs de service au travers du pilotage de structures qui restent coordonnées par un chef de service (Lachèze-Pasquet, Stingre, 1999).