3: Comment aborder l’épreuve

Chapitre 3 Comment aborder l’épreuve


Comme les écrits d’admissibilité, l’admission orale n’est pas organisée de la même manière dans tous les établissements. Elle se présente le plus souvent sous la forme d’un entretien individuel (ou plusieurs), suivi d’un entretien collectif.



Les entretiens individuels



L’entretien professionnel


On entend par entretien individuel un face-à-face entre le candidat et un jury composé d’un psychologue, d’un professionnel du secteur social et/ou d’un formateur de l’école. Toutes les configurations sont possibles. Cet entretien dure généralement entre 30 et 45 minutes, parfois plus, en fonction des « cas ». Le jury sera quelquefois très directif, posant de nombreuses questions, coupant même la parole au candidat ; il semblera parfois plus lointain, en attente, laissant au candidat le soin d’argumenter sur ses motivations et sa personnalité. Il faudra être prêt à tous les cas de figure et faire montre de fortes capacités d’adaptation.


Il n’existe pas, a priori, de bonnes et de mauvaises réponses, autrement dit de bons et de mauvais parcours : tout dépend de la cohérence du projet, de sa maturité, de la capacité des candidats à convaincre de leurs motivations. Le jury appréciera l’aptitude du futur moniteur-éducateur à se confronter aux réalités sociales, sa capacité à établir des liens entre son parcours (professionnel et/ou extra-professionnel) et la formation aux métiers du social. Les travailleurs sociaux doivent mobiliser leurs ressources intellectuelles et personnelles pour mettre en place des actions, engager des projets. Professionnellement, le jury évalue le degré d’élaboration du projet. Chaque candidat doit être capable de mettre en perspective sa démarche d’orientation (autrement dit la manière dont il approfondit sa connaissance du métier et des pratiques) avec la réalité du terrain.


Le candidat doit aussi exprimer son intérêt pour la formation et la profession, formuler ses motivations dans un discours clair, cohérent, structuré. Les membres du jury attendent des étudiants qu’ils sachent analyser leurs expériences, prendre de la hauteur par rapport à leurs stages ou périodes salariées pour en retirer des leçons, des principes ou des questionnements. Certes le travail social requiert du dynamisme, du volontarisme, un certain « allant »… Cependant, cette vitalité doit cohabiter avec le recul, la distance, et la capacité à se remettre en cause.



L’entretien de personnalité


D’un point de vue psychologique, les écoles sélectionnent les candidats capables d’écouter, de se décentrer, de prendre de la distance avec leur histoire personnelle. Le travail social ne convient guère aux personnes égocentriques, uniquement tournées vers leurs intérêts et leurs problèmes. Il s’agit tout au contraire d’établir du lien, du relationnel, tant avec les publics en difficulté ou en souffrance qu’avec les autres professionnels qui interviennent auprès de ces publics. Le jury sera dès lors sensible aux indices de fragilité (faiblesse, excessive, empathie, sensibilité outrée) ou de rigidité (manque d’écoute, attitude hautaine ou insolente…) que le candidat pourra manifester. Par ailleurs, l’entretien se fixe comme objectif de détecter les déséquilibres émotionnels patents ou les manques de maturité évidents. Le candidat saura-t-il instaurer une relation éducative auprès de publics qui relèvent du champ de compétence de l’action sociale ? Pourra-t-il faire face aux situations de crises qui ne manqueront pas de se présenter à lui ? Sera-t-il capable d’accompagner les usagers dans une perspective de socialisation ? Il va sans dire que nul ne peut, avec certitude, répondre à ces questions et présager de l’avenir… Les jurys construisent néanmoins des outils suffisamment pertinents pour sélectionner les profils recherchés. Le protocole n’a rien à voir, de ce point de vue, avec un « écrémage ». Il ne s’agit en rien de dégager une « élite », les écoles de travailleurs sociaux ne visant pas la performance à tout crin. Les membres du jury cherchent plutôt à s’assurer que les candidats s’engagent dans un projet réaliste, qu’ils sont en phase avec leurs vraies aspirations, qu’ils pourront s’épanouir dans leur vie professionnelle et remplir les missions qui leur seront confiées. Dès lors, ceux qui ne sont pas sélectionnés, ne doivent pas considérer qu’ils n’ont pas été à la hauteur… Encore une fois, cette épreuve n’a rien à voir avec une compétition ! Les personnes ne sont pas recalées parce qu’elles sont « nulles », mais parce que le jury estime qu’au moment où elles passent le concours, leurs motivations et leur personnalité ne sont pas en adéquation avec les exigences de la profession. Elles risquent de ne pas se sentir à l’aise en situation professionnelle et de mettre en danger les publics dont elles ont la charge. Entrer en formation de moniteur-éducateur ne consiste pas à « essayer », tâtonner dans son orientation professionnelle. Le nombre de places est limité et les écoles veulent être sûres de trouver des candidats qui n’abandonneront pas et sauront mener leur projet à bien.


Pour devenir moniteur-éducateur, il faut faire montre d’une certaine empathie, déployer des aptitudes relationnelles, des facultés d’adaptation et une bonne maîtrise de soi.

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Mar 22, 2020 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 3: Comment aborder l’épreuve

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