Chapitre 28 Traitement des séquelles des brûlures de la main
En dehors des grands délabrements qui nécessitent une reconstruction pluritissulaire et qui entrent dans le cadre des grandes mutilations de la main, le traitement des séquelles dépend des zones atteintes et de leur systématisation. L’analyse de la main doit préciser la gêne fonctionnelle et les attitudes vicieuses, l’état des articulations (arthrodèses spontanées, exophytes, raideur), l’état de l’appareil tendineux et les déformations résiduelles, la sensibilité de la main et des pulpes, le manque de peau et la présence de brides ainsi que l’aspect esthétique.
Les déformations consécutives à une brûlure grave sont une association de doigt en griffe, de rétraction palmaire, de déformation des commissures, de brides et d’hypertrophie cicatricielle, de dystrophies unguéales et d’amputations [1].
Brûlures cutanées sans atteinte des structures sous-jacentes
Complications d’ordre esthétique
Cicatrices hypertrophiques
Si ce placard cicatriciel est trop important, on peut pratiquer son exérèse et combler la perte de substance par des greffes de peau totale en respectant les unités esthétiques de la main (fig. 28-1).
Cicatrices dyschromiques [2, 3]
Les greffes de peau mince ont tendance à évoluer vers l’hyperpigmentation. Leur traitement est peu efficace. Il faut surtout insister sur la prévention de l’hyperchromie en évitant toute exposition au soleil tant que la cicatrice est active (un an et demi en moyenne). Leur traitement peut être fait par dermabrasion mécanique ou chimique. Un transfert d’adipocyte permettrait d’apporter des facteurs de croissance améliorant l’aspect cicatriciel (fig. 28-2).
Atteinte de l’appareil unguéal
Lors d’une brûlure de la main, les dystrophies unguéales sont fréquentes. Elles peuvent toucher un ou plusieurs doigts. La réparation peut se faire par simple greffe de peau en trompe l’œil ou par greffes de matrice et de lit unguéal prélevées sur un doigt sain ou sur un orteil, mais leur prise est aléatoire du fait de la mauvaise vascularisation locale ; le transfert microchirurgical de l’appareil unguéal de l’orteil reste une indication exceptionnelle (fig. 28-3) [4].
Complications d’ordre fonctionnel
Rétractions du dos de la main
Elles sont extrêmement variables. Dans la forme la plus complète, elle constitue une véritable griffe avec une hyperextension des articulations métacarpo-phalangiennes. Le traitement chirurgical consiste à libérer les brides avec une incision au sein du placard cicatriciel. La perte de substance engendrée par la rétraction pourra être comblée par greffe, plastie ou derme artificiel [5] (fig. 28-4).
Rétractions palmaires
Elles sont rares du fait de l’épaisseur de la peau palmaire. Leur traitement consiste en une mise en extension maximale de la main avec contention en position intrinsèque et abduction maximale du pouce. Cette prise en charge doit être la plus précoce possible pour obtenir les meilleurs résultats fonctionnels. En effet, une incision sur une bride palmaire récente donnera une perte de substance que l’on pourra combler avec une greffe de peau totale alors que les séquelles anciennes ont souvent un retentissement articulaire majeur avec une récupération après chirurgie décevante [6] (fig. 28-5).