28. Diagnostic par la kinésiologie appliquée

Chapitre 28. Diagnostic par la kinésiologie appliquée



Généralités

DiagnosticDiagnostic par la kinésiologie appliquéeLa kinésiologie appliquée a été inventée par Goodheart [1]. Elle consiste à utiliser le testing musculaire de Kendall pour diagnostiquer les déséquilibres du corps humain. La kinésiologie représente une contribution diagnostique intéressante dans un certain nombre de cas, comme dans l’étude de la région masticatrice.

Goodheart a été élève de Dejarnette, chiropracteur et ostéopathe, qui a été lui-même élève direct de Palmer et de Sutherland ; cela clarifie le fait que la kinésiologie appliquée est en relation avec les manipulations articulaires et la thérapie craniosacrée.

Goodheart utilise également, pour « monitorer » le diagnostic la T.S. line de Rees et les zones neurolymphatiques de Chapman. Goodheart a établi la relation entre vertèbres, viscères et muscles.

Quand les organes sont dysfonctionnels ou pathologiques, leur système circulatoire projette vers les muscles et la peau des points réflexes spécifiques par l’intermédiaire du système nerveux autonome qui intervient principalement dans la transmission cutanée de cette information dysfonctionnelle infraliminaire ou douloureuse. Dans l’un ou l’autre cas, d’un point de vue biochimique, les neuromédiateurs, la substance P et la cholécystokinine sont activés. Ils représentent le signal principal de la gêne, de la douleur ; cette « activation » est déclenchée par des stimuli mécaniques, chimiques ou électriques excessifs [2].

Le doigt du patient mis sur la peau d’une zone malade, sur la muqueuse ou sur une dent pathologique provoque deux effets : par l’attention qu’il nécessite, ce geste active le cortex par voie lemniscale, en même temps qu’il interroge les voies ascendantes extralemniscales ; par la pression qu’il produit, ce geste « injecte » un excès de substance P activée et de cholécystokinine de la peau vers la moelle épinière et le système nerveux central (figures 28.1 et 28.2).








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Fig. 28.1
Mécanisme de la kinésiologie appliquée (d’après [2]). L’appui digital sur la peau passant au-dessus d’un muscle normal produit une réaction énergopositive (E +) des muscles témoins. Au contraire, la pression cutanée sur un muscle en dysfonction raccourci produit une réaction énergonégative (E ) au niveau du bras (deltoïdes) ou de la jambe (tenseur du fascia lata). Cette réaction met en jeu la substance P (SP), la cholécystokinine (CCK 8), la métenquéphaline (met ENK) et le potentiel de membrane neuronale.









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Fig. 28.2
Mécanisme du test de kinésiologie en cas de douleurs chroniques de l’articulation temporomandibulaire (ATM) (d’après [2]). Influence de la douleur chronique d’une ATM sur la réaction d’un muscle témoin, le tenseur du fascia lata (TFL) au cours d’un test kinésiologique. a : point d’interrogation craniomandibulaire. b : voies de la neurotransmission céphalique : complexe sensitif du trijumeau ; projection des voies lemniscales et extralemniscales du V 3. nm : noyau mésencéphalique ; np : noyau principal ; Sno : sous-noyau oral ; Sni : sous-noyau intermédiaire ; Snc : sous-noyau caudal ; a, b, c noyau spinal. En c, point d’interrogation pectoral. En d, neurotransmission de la douleur par les voies médullaires.


Ces deux substances, l’une appartenant au système d’alerte et l’autre au système de contrôle de la douleur, aiguë ou chronique, sont également présentes au niveau de tous les tissus soumis à la moindre dysfonction, elle-même silencieuse ou infraliminaire (en dessous du seuil de la douleur). L’excès de substance P et de cholécystokinine peut être le signal révélateur d’une dysfonction neurologique, circulatoire (ischémique, inflammatoire, infectieuse, tumorale ou métabolique), d’un déséquilibre postural (muscle raccourci), nutritionnel ou pharmacologique ; le moindre excès de ces deux substances peut produire une importante décharge de métenquéphaline, d’opioïdes endogènes, dont la concentration augmente brusquement de 50 jusqu’à 65 % dans le liquide céphalorachidien.

Au niveau du système nerveux central, cette décharge métenquéphalinergique, en jouant le rôle de clé spécifique, modifie le potentiel de membrane neuronale : par l’intermédiaire d’acides aminés, elle ouvre de manière soudaine les canaux de potassium et ferme immédiatement les canaux de calcium de tous les neurones.

Au niveau d’un muscle strié, utilisé comme muscle indicateur ou comme muscle témoin fort, la fermeture des canaux de calcium intervient au niveau de ses unions neuromusculaires ; cela modifie immédiatement le potentiel de contraction de ce muscle par inhibition provisoire de son réflexe polysynaptique. Cette réaction intervient plus ou moins sur tous les autres muscles de l’organisme, mais en particulier sur les chaînes musculaires réflexes du système locomoteur.

En outre, toutes ces réactions neurologiques et biochimiques sont concomitantes avec des réactions électriques d’hyperpolarisation des membranes neuronales, provoquant une inhibition de la décharge du potentiel d’action de chaque cellule nerveuse, depuis la peau jusqu’à l’union neuromusculaire. Ainsi, la réaction d’un muscle témoin au test de kinésiologie résulte d’une triple activité neurologique, biochimique et biophysique, produisant un effet biomécanique. Une réaction musculaire énergopositive est par conséquence la démonstration de l’homéostasie ; une réaction énergonégative représente la perturbation de cet équilibre biologique.

Ce triple aspect biomécanique, biochimie et biophysique peut être utilisé comme diagnostic, pronostic et traitement selon les différentes spécialités antidouleur, pour chercher l’homéostasie.

En kinésiologie, on agit sur la qualité de l’innervation pour jouer sur l’hypotonie musculaire par plusieurs moyens [1, 3, 4] :


• manipulations articulaires (chiropraxie) au niveau du rachis et des membres ;


• réflexes neurolymphatiques de Chapman ;


• réflexes neurovasculaires de Bennett ;


• mécanisme craniosacré ( sacro-occipital technique [SOT] de Dejarnette) ;


• techniques somatoémotionnelles ;


• nutrition.

On « contrôle » le diagnostic et le traitement avec l’aide :


• du testing musculaire ;


• de la T.S. line de Rees ;


• des dermalgies réflexes.


Diagnostic en kinésiologie


Testing musculaire

Testing musculaire Testing musculaireLe testing musculaire permet de mesurer toute perturbation des structures suivantes [1, 3, 4] :


• rachis ;


• articulations des membres ;


• système craniosacré ;


• sphère stomatognathique.

Il permet de déterminer les niveaux de troubles nerveux (nerfs rachidiens, nerfs périphériques, nerfs crâniens, système sympathique viscéral). Ce qu’essaie de découvrir la kinésiologie, c’est si le muscle reçoit correctement les informations du système nerveux. C’est l’étude de la relation entre les différents éléments du métamère (dermatome, sclérotome, myotome, viscérotome).

Chaque muscle étudié présente une correspondance viscérale et vertébrale ; une faiblesse musculaire traduira une dysfonction au niveau :


• du muscle (appareil de Golgi, fuseaux neuromusculaires) ;


• vertébral ;


• d’un viscère.

Par exemple, pour le muscle tenseur du fascia lata, la vertèbre en relation est la 4 e lombaire, le viscère correspondant, le côlon (figure 28.3).








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Fig. 28.3
Testing du tenseur du fascia lata.


Goodheart recherche l’hypotonie musculaire pathogénique qui se traduit par une faiblesse au testing musculaire : les muscles spasmés ne sont que la conséquence, la réponse à l’hypotonie ; le spasme concerne les muscles synergiques ou bien les muscles antagonistes des muscles hypotoniques.

Le déséquilibre entre muscles spasmés et muscles hypotoniques se répercutera sur l’appareil locomoteur et sur la sphère masticatrice.


Thérapie localisation

Thérapie localisationThérapie localisation kinésiologie appliquéeLa thérapie localisation consiste à effectuer un testing d’un muscle normal (un muscle fort) en demandant au patient de poser la main sur la structure que l’on suppose en dysfonction : le muscle fort au testing devient faible.

Pour savoir si d’autres éléments interfèrent sur la dysfonction trouvée, il suffit de chercher les éléments qui augmentent la force du muscle étudié, tandis que le patient continue à toucher avec la main la structure en lésion.

Par exemple, au niveau de l’articulation temporomandibulaire pour un muscle hypotonique :


• si les vertèbres cervicales sont la cause, le muscle se renforcera pendant la rotation du cou ;


• s’il existe une mauvaise occlusion dentaire, le muscle se renforcera quand le patient déglutit ;


• pour savoir s’il existe un paramètre craniosacré, on utilise les apnées respiratoires, et on observe si un temps respiratoire renforce le muscle étudié :
May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 28. Diagnostic par la kinésiologie appliquée

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