16. Occlusion dentaire et posture

Chapitre 16. Occlusion dentaire et posture



Régulation de la posture orthostatique


Voies neurologiques de la posture

Occlusion dentairePosture occlusion dentaire etOcclusion dentaire postureposturePosture orthostatiquePosture Voies neurologiquesLa position verticale [18] est une des caractéristiques de l’espèce humaine. Lorsque l’on observe un homme en station debout de face ou de profil, on remarque qu’il repose sur ses deux pieds serrés et que son polygone de sustentation est très réduit. Malgré son immobilité apparente, il oscille imperceptiblement d’en avant en arrière et latéralement, en fonction des contractions musculaires réflexes qui corrigent les changements de position et maintiennent leur équilibre ; cette activité musculaire positionnelle est appelée tonique posturale.

Elle est différente du tonus musculaire de base parce qu’elle sollicite des contractions isométriques répétées des muscles antagonistes. Il s’agit d’une véritable activité réflexe qui utilise des voies sensitivomotrices complexes et multiples.

Cette activité a comme points de départ de multiples récepteurs (cutanés, ligamentaires, capsulaires, musculaires) et supraspinaux (labyrinthique et oculomoteurs) (figure 16.1).








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Fig. 16.1
Système postural Système postural (d’après [6]).


Les capteurs infraspinaux sont décrits ci-après.


Récepteurs cutanés

RécepteursRécepteur cutanéCe sont principalement ceux de la voûte plantaire qui peuvent être de plusieurs types [6, 9, 18] :


• récepteurs toniques superficiels qui répondent aux pressions en provoquant des déformations mécaniques de la peau (type Merckel) ;


• récepteurs toniques profonds de réponse lente (type Ruffini) ;


• récepteurs phasiques superficiels d’adaptation rapide (type Meisner ou Krause) ;


• récepteurs profonds répondant aux vibrations.


Récepteurs capsulaires et ligamentaires

RécepteursRécepteur capsulairesRécepteurs ligamentairesRécepteursCes récepteurs comprennent [6, 9, 18] :


• les corpuscules de Ruffini dans les capsules articulaires qui sont sensibles à des situations statiques (position) comme au mouvement ;


• les organes articulaires de Golgi, peu nombreux, qui sont essentiellement des capteurs de position ;


• les corpuscules de Vater-Pacini qui sont en très petit nombre et qui sont activés par les mouvements articulaires rapides.

Il est important de remarquer que ces différents récepteurs se trouvent au niveau de l’articulation temporomandibulaire et du ligament périodontal. Des afférences, nées du ligament périodontal, perturbées par un déséquilibre occlusal peuvent provoquer des troubles. Il faut se rappeler que la pulpe dentaire contient des fibres A delta et C (purement nociceptives) et qu’elles peuvent être à l’origine d’importantes afférences nociceptives qui sont transmises par le nerf trijumeau, de la même manière que les déséquilibres occlusaux ou articulaires des articulations temporomandibulaires.

Les dents, l’occlusion et les articulations temporomandibulaires dysfonctionnelles peuvent perturber la position plus que n’importe quel autre viscère ou organe des sens.

Au niveau des tendons musculaires, les récepteurs de Golgi, très sensibles à l’étirement, provoquent un réflexe myotatique inverse et interviennent ainsi directement dans la régulation posturale.


Fuseaux neuromusculaires des muscles suboccipitaux

muscleMuscle suboccipitauxProfonds, ces fuseaux neuromusculaires permettent, grâce à leur sensibilité particulière, de détecter de manière précise la position angulaire de la tête sur le rachis et de comparer ces informations avec celles du système oculomoteur qui positionne les globes oculaires dans les orbites [9].

Les capteurs supraspinaux incluent les récepteurs oculomoteurs et les récepteurs labyrinthiques vestibulaires de l’oreille interne [6, 9, 18].


Œil

ŒilLa présence de récepteurs oculomoteurs a été confirmée en 1950 par les travaux de Baron [[1][2][3] and [4]]. Ces récepteurs sont annexés aux muscles oculomoteurs de l’œil ; chaque œil dispose de six muscles en relation avec deux types de fibres :


• les premières fibres, rapides, sont en relation avec les voies oculocéphalogyres comme le mouvement d’ensemble de la tête et des yeux grâce à la voie pyramidale volontaire ;


• les secondes, lentes, sont en relation avec les systèmes automatiques chargés d’assurer la posture grâce à la voie extrapyramidale involontaire.

Les terminaisons nerveuses sensorielles oculomotrices assurent une fonction spécifique qui informe de la position des globes oculaires dans les orbites, par l’intermédiaire d’une voie réflexe proprioceptive posturale.


Oreille interne

OreilleOreille interneDeux systèmes sont impliqués par les mouvements de la tête :


• les canaux semi-circulaires, disposés sur les trois plans de l’espace ;


• l’appareil otolithique.

Les deux systèmes sont situés dans l’endolymphe, dans laquelle se trouvent les filaments sensitifs des cellules nerveuses réceptrices. Les cellules des canaux semi-circulaires réagissent à l’accélération, tandis que celles de l’appareil otolithique sont sensibles aux accélérations linéaires.

Dans le cas de la posture orthostatique, seuls les centres segmentaires (réflexes) ou suprasegmentaires subcorticaux (centre des automatismes) sont normalement impliqués, les centres corticaux pouvant intervenir dans les changements de posture ou de locomotion volontaire (figure 16.2).








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Fig. 16.2
Bases de la posture.



Voies ascendantes et descendantes dysfonctionnelles

Pour comprendre la participation des articulations temporomandibulaires à ces mouvements, on doit rappeler l’importance du jeu des muscles trapèze et sternocléidomastoïdien, grâce à leur innervation commune (nerf accessoire [XI]), pour harmoniser les mouvements de la tête.

Quand le sternocléidomastoïdien se contracte d’un côté, le trapèze de l’autre côté se contracte également ; c’est un jeu de quatre muscles en interaction qui permet la rotation de la tête au cours de la locomotion.

Au cours de la posture ou de la locomotion, il existe un mécanisme musculaire physiologique précis qui maintient ou oriente la tête en réagissant à ses informations propres, et également à celles qui arrivent du système labyrinthique et de l’œil.

Si la locomotion se concrétise idéalement par des pas de longueur égale à droite et à gauche, des mouvements de bras et d’épaules égaux, les mouvements de la tête sont presque symétriques, en relation avec le plan sagittal moyen du corps, et les contractions musculaires du sternocléidomastoïdien d’un côté, et du trapèze controlatéral de l’autre côté, paraissent synchrones.

Le sternocléidomastoïdien agit par son faisceau occipital sur la dynamique de l’os occipital, par son faisceau mastoïdien sur l’os temporal et par conséquence sur la cavité glénoïde. De la même manière, le trapèze agit, par son insertion occipitale, sur la cinématique des os crâniens.

L’on peut considérer que la locomotion dysfonctionnelle, qui se concrétise par des pas de longueurs inégales, ou par des mouvements de bras et d’épaules asymétriques, peut agir par voie ascendante musculaire selon de longues chaînes réflexes qui interviennent sur le squelette, sur le crâne, sur la cavité glénoïde et par conséquence sur les articulations temporomandibulaires et la cinématique mandibulaire.

Réciproquement, une dysfonction occlusale mandibulocrânienne peut interférer sur la position ou la locomotion par voie descendante.

Malgré le fait que les dents sont habituellement en inocclusion au cours de la position orthostatique ou de la marche, il doit être remarqué que tout déséquilibre occlusal ou toute dysfonction linguale perturbe les muscles de la face et de la tête, et se répercutera inévitablement sur la musculature cervicale par voie descendante ainsi que sur la posture et la locomotion.

Les dysfonctions avec point de départ occlusal agissent directement sur les systèmes labyrinthique et visuel ; elles peuvent ainsi modifier les informations émises par ces organes et compromettre l’équilibre (figure 16.3).








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Fig. 16.3
Système oculocéphalogyre et occlusion. FNM : fuseau neuromusculaire.



Syndromes dysfonctionnels

Posture Syndromes dysfonctionnelsLa corrélation entre le système stomatognathique et le reste du corps est effectuée au travers du système neuromusculaire par le système des chaînes musculaires le long du corps [5].

Il existe cinq chaînes musculaires décrites par Struyf-Denys [20]. Les muscles masticateurs appartiennent à une ou à l’autre de ces chaînes qui unissent ainsi le crâne au corps :


• chaîne antérieure (hyoïdiens, orbiculaire de la bouche, ptérygoïdien latéral, langue) (figure 16.4) ;








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Fig. 16.4
Chaîne myofasciale Chaîne myofasciale antérieure Chaîne myofasciale antérieure (d’après [20]).



• chaîne postérieure (spinaux cervicaux) (figure 16.5) ;








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Fig. 16.5
Chaîne myofasciale Chaîne myofasciale postérieure Chaîne myofasciale postérieure (d’après [20]).



• chaîne antérolatérale (masséter, ptérygoïdien médial, temporal, sternocléidomastoïdien) (figure 16.6) ;








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Fig. 16.6
Chaîne myofasciale Chaîne myofasciale antérolatérale Chaîne myofasciale antérolatérale (d’après [20]).



• chaîne postérolatérale (temporal, trapèze) (figure 16.7) ;








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Fig. 16.7
Chaîne myofasciale Chaîne myofasciale postérolatérale Chaîne myofasciale postérolatérale (d’après [20]).



• tendon central (langue) (figure 16.8).








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Fig. 16.8
Tendon central Tendon central.


Quand un muscle se spasme et présente un point gâchette myofascial, le trouble musculaire peut mener à une modification de la posture.

Il est possible d’expliquer ces relations par trois pathologies différentes, décrites ci-après.


Syndrome ascendant

Posture SyndromePosture syndromes dysfonctionnels ascendantCe syndrome s’étend vers le haut. Le déséquilibre de l’appareil locomoteur produit des modifications posturales qui peuvent déséquilibrer le système stomatognathique. Différents éléments peuvent être impliqués comme les muscles masticateurs, l’articulation temporomandibulaire et/ou l’occlusion dentaire (voir figure 14.51).


Syndrome descendant

Posture syndromes dysfonctionnels descendantCe syndrome s’étend vers le bas. Les contacts occlusaux, les articulations temporomandibulaires, des pathologies des muscles masticateurs peuvent causer un déséquilibre de l’appareil locomoteur et des modifications posturales.


Syndromes mixtes

Il s’agit de la présence simultanée de syndromes ascendant et descendant.

Une étude a été réalisée [5] pour déterminer si, à la position d’occlusion myocentrée, est associée une posture typique, différente d’autres positions mandibulaires. Les conclusions ont été les suivantes :
May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 16. Occlusion dentaire et posture

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