Chapitre 27 Transfert musculaire libre de muscle gracilis
Le lambeau libre de gracilis réinnervé par le nerf facial controlatéral après anastomose transfaciale propose une réanimation de la commissure buccale dans les paralysies faciales périphériques unilatérales. L’utilisation du gracilis dans la réanimation de la face paralysée a commencé en 1976 avec les travaux d’Harii et d’O’Brien. Lors des premières interventions, l’innervation motrice était assurée par une anastomose avec le nerf temporal profond [1], mais cette méthode était décevante en ce qui concerne la mimique spontanée. Une méthode en deux temps s’est donc développée, avec anastomose transfaciale par greffon de nerf sural puis transfert musculaire libre de gracilis. La commande motrice est alors médiée par le nerf facial controlatéral. Plus récemment, Kumar a mis au point une technique en un temps qui présente des avantages non négligeables [2].
Anatomie chirurgicale
Muscle gracilis
Le muscle gracilis ou droit interne est un mince ruban situé à la partie la plus interne de la cuisse. Il appartient aux muscles de la patte d’oie avec le sartorius (couturier) et le semitendinosus (demi-tendineux). Il s’insère en haut sur le pubis en dedans de l’insertion des adducteurs, puis descend verticalement vers la tubérosité tibiale interne. Il a une action dans la flexion du genou et s’oppose au valgus [3].
La vascularisation du gracilis vient d’un pédicule dominant et de pédicules accessoires. Ce pédicule dominant naît de l’artère circonflexe interne de la cuisse et de ses veines satellites. L’artère est une branche de l’artère fémorale profonde. Le pédicule dominant du gracilis aborde en général le muscle à la jonction du tiers supérieur et du tiers moyen, 8 à 10 cm sous l’arcade crurale, mais peut parfois y pénétrer plus bas, à environ 15 cm de l’arcade (figure 27.1).
Par ailleurs, O’Brien et al. [4] et Kumar et Hassan [2] ne prélèvent pas toute l’épaisseur du muscle. Ils sacrifient l’une des deux ou trois branches de division du pédicule et séparent dans l’épaisseur la portion musculaire qui en dépendait. Ainsi, ils n’utilisent que la moitié ou le tiers du volume du muscle gracilis, pour éviter un aspect trop volumineux au niveau du visage.