27: Brûlures de la main au stade aigu

Chapitre 27 Brûlures de la main au stade aigu



La main est le prolongement du cerveau et l’interface avec le monde qui nous entoure. Elle ne représente que 2,5 % de la surface corporelle mais son rôle social, esthétique, relationnel et professionnel est majeur.


Les brûlures de la main sont présentes chez 50 % des patients hospitalisés dans les centres de brûlés, consécutives dans un tiers des cas à un accident du travail. Elles sont présentes une fois sur cinq chez les enfants brûlés.


Elles n’engagent pas le pronostic vital, mais ces brûlures sont souvent graves du fait de leur potentiel séquellaire, esthétique et fonctionnel. Elles nécessitent une prise en charge spécialisée, dès la phase aiguë, idéalement dans un centre de brûlés, afin d’obtenir une cicatrisation avec un minimum de séquelles [1, 2].





Incisions de décharge


Si leur indication est essentiellement clinique, la mesure des pressions (> à 30 mm Hg) ou de la saturation distale en O2 (< 90 %) sont des aides décisionnels appréciables.


Lorsque la main paraît tendue sans lésion circulaire, il faut néanmoins répéter l’examen clinique afin de dépister une aggravation et ne pas manquer le temps des incisions de décharge.


La réalisation systématique d’incisions de décharge permet d’optimiser la vascularisation distale et de limiter les aggravations secondaires avec des indications plus larges chez le patient sédaté ou porteur de brûlures étendues (fig. 27-1 et 27-2).




Dans notre pratique, l’incision se fait dans des conditions chirurgicales en exerçant une pression bidigitale qui met le doigt sous tension, à la jonction peau palmaire-peau dorsale sur le versant ulnaire des trois doigts centraux et sur le versant radial du pouce et de l’auriculaire afin de préserver les hémipulpes d’opposition, sauf pour l’auriculaire où l’appui ulnaire de la main sera privilégié. Elles préservent la sensibilité digitale [7, 8].


Elles se font de l’extrémité de la pulpe jusqu’au dos de la main et jusqu’à obtenir une issue de graisse. Les incisions des doigts longs se prolongent jusqu’à une zone de peau saine dans les vallées dorsales métacarpiennes pour se rejoindre.


Les incisions de décharge peuvent être exceptionnellement complétées par des aponévrotomies [9] : brûlures électriques, presses chauffantes, prise en charge tardive. La réalisation d’une petite incision aponévrotique (loge des interosseux) permet d’évaluer cliniquement la pression intracompartimentale.



Principes du traitement


Le traitement médical, chirurgical et rééducationnel est à mettre en route le plus rapidement possible afin d’obtenir la cicatrisation la plus précoce et la plus optimale possible.



Objectifs principaux


Avec des pansements adaptés, l’objectif est d’éviter l’approfondissement des lésions, la surinfection et l’atteinte des structures profondes.


Le lavage antiseptique et l’excision des phlyctènes se font dès la prise en charge. Un pansement antiseptique et humide quotidien type sulfadiazine d’argent-tulle gras protégé par une attelle en position intrinsèque et pouce en abduction maximale permettent d’éviter la surinfection et la dessiccation qui approfondissent les lésions. Le pansement peut être fait avec les doigts séparés ou en mettant la main dans un sac rempli de sulfadiazine d’argent afin de permettre la mobilisation sans attendre. La prévention de l’œdème se fait par la surélévation des mains au-dessus du niveau du cœur.


On doit obtenir une cicatrisation rapide en conservant les amplitudes de mouvement. Une cicatrisation rapide, idéalement avant trois semaines, par guérison spontanée ou excision-greffe permettra une mobilisation rapide et le port d’appareillage et d’orthèses.


La fonction devra être conservée par le recouvrement des zones articulaires et des tendons associé à la mobilisation et à un traitement le plus conservateur possible.


L’aspect esthétique devra être convenable par l’utilisation d’autogreffe mince et en peau pleine. Il faut débuter au plus vite le programme de rééducation. La rééducation se fait dès le stade aigu par mobilisation active et passive puis, lorsque l’épidermisation est acquise, par le port de vêtement compressif.

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Sep 21, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 27: Brûlures de la main au stade aigu

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