Chapitre 27 Anasarques fœto-placentaires
Introduction
L’anasarque fœto-placentaire est définie par la présence de liquide dans le compartiment extracellulaire (vidéos 27.1 à 27.3). Elle associe un œdème sous-cutané et, diversement, un épanchement péricardique, pleural ou une ascite. Suivant l’étiologie, elle est associée à un oligoamnios, un hydramnios ou une quantité de liquide normale (figure 27.1A, B).


Figure 27.1 A. Anarsaque fœtale à 23 SA avec œdème sous-cutané et épanchement des séreuses (). B. Anarsaque fœtale à 23 SA avec œdème sous-cutané et épanchement des séreuses.
Classiquement, on distingue l’anasarque d’origine immunitaire, par incompatibilité rhésus, des anasarques d’origine non immune.
Depuis la prévention des incompatibilités rhésus par l’injection systématique de gammaglobulines anti-D chez les femmes à risque, l’incidence des anasarques d’origine immunitaire a fortement diminué. La prise en charge a été modifiée par la recherche et le dosage de l’antigène D fœtal dans le sang circulant maternel. Ainsi, l’amniocentèse n’est plus effectuée dans ces groupes à risque. La survenue d’une incompatibilité rhésus est maintenant le plus souvent anticipée. La prise en charge s’adresse donc à des équipes de référence. Avant la survenue d’une anasarque fœtale qui représente un stade avancé de la maladie, le dosage des agglutinines irrégulières associé à la mesure de la vitesse maximale de l’artère cérébrale moyenne permettent de poser des indications de transfusions in utero.
La mesure de la vélocité maximale dans l’artère cérébrale moyenne permet de suivre l’évolution de la maladie. Il est habituel de considérer qu’une valeur supérieure à 1,5 mm est le signe d’une anémie fœtale. Ce critère est insuffisant pour prendre en charge à lui seul les fœtus dans des centres spécialisés, mais il contribue grandement aux décisions thérapeutiques.
Anasarque d’origine non immune
Il existe plus de 100 étiologies reconnues d’anasarques non immunes fœtales. Les causes cardiaques et thoraciques sont les plus fréquentes. En effet, d’un point de vue physiopathologique, l’anasarque peut résulter d’une insuffisance cardiaque, d’une anomalie lymphatique ou d’une hypoprotidémie. L’évaluation échographique d’une anasarque fœtale comporte la quantification de liquide amniotique, la localisation des œdèmes et des épanchements et une évaluation de la fonction cardiaque par les études Doppler fœtales. La recherche d’une malformation cardiaque est essentielle. Une malformation thoracique doit également être minutieusement recherchée. En l’absence de trouble du rythme cardiaque (RCF), il convient de rechercher une anémie fœtale, une infection virale et une anomalie chromosomique.
Origine cardiaque
L’insuffisance cardiaque résulte d’une malformation cardiaque, comme une maladie d’Ebstein, ou d’une compression sur les vaisseaux ou sur le cœur comme, par exemple, dans le cas d’un chylothorax. Il peut résulter encore d’une atteinte directe du myocarde par un virus ou une autre myocardite. Des malformations de type shunts artério-veineux peuvent également être mises en évidence, tels un tératome sacrococcygien, ou un anévrisme de la veine de Galien, augmentant de façon pathologique le débit cardiaque. Citons particulièrement les anasarques fœtales par tachy-arythmies accessibles à un traitement anti-arythmique prescrit à la mère.

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