Chapitre 26 Réanimation palliative des lèvres paralysées
Prise en charge
Lambeau de muscle temporal
Du fait de sa proximité, de sa fonction et de son innervation par le nerf trijumeau, le muscle temporal constitue un matériau de choix pour restaurer un tonus labial dynamique. Plusieurs techniques ont été décrites dans la littérature, dont la plus récente est la myoplastie d’allongement [1]. Nous préférons la transposition du chef postérieur du muscle temporal (figure 26.1), qui fournit des résultats plus constants, permet de retendre la commissure labiale dans une direction plus physiologique et permet d’inclure l’aile du nez et la lèvre inférieure dans l’amarrage. Par voie coronale, le muscle temporal est exposé. Sa partie postérieure est libérée. Un lambeau fasciograisseux est levé d’arrière en avant dans le plan du dédoublement de l’aponévrose temporale, au-dessus de l’arcade zygomatique. Le corps musculaire est incisé dans le sens des fibres. On sacrifie l’arcade zygomatique et on réalise un tunnel sous-cutané jugal. Le chef postérieur du muscle temporal est basculé dans le tunnel et sa partie distale est amarrée à l’aile narinaire, au muscle orbiculaire des lèvres. On conserve un double prolongement aponévrotique qui sera passé par deux tunnels sous-muqueux et suturé à la ligne médiane des lèvres. Cet amarrage sera réalisé par une incision du sillon nasogénien, lorsque celui-ci est marqué du côté controlatéral, ou par voie endobuccale lorsqu’il n’est pas marqué (notamment chez les jeunes femmes). Le lambeau fasciograisseux est suturé en arrière afin de recouvrir le creux laissé par le transfert du lambeau. Dans les cas où le muscle est volumineux, le creux peut être comblé par un treillis de Mersuture® disposé sous le lambeau fasciograisseux.
La voie coronale permet de réaliser une dissection orbitaire circonférentielle [2], une canthopexie latérale qui permet de retendre la sangle palpébrale paralysée, un mask-lift avec myectomies des muscles frontal et corrugator controlatéraux, et la résection d’une bande cutanée en avant de l’incision hémicoronale homolatérale afin de rehausser le sourcil du côté paralysé.