25: Rééducation de l’entorse scapho-lunaire

Chapitre 25


Rééducation de l’entorse scapho-lunaire





Physiopathologie


L’entorse scapho-lunaire est souvent due à une chute en hyperextension du poignet, soit en inclinaison ulnaire selon A. Berthe [1] et C. Dumontier [2], soit en inclinaison radiale selon G. Dautel [3]. Le point d’impact se situe sur l’éminence thénar. À ce mécanisme s’associent également une pronation de l’avant-bras et une supination intracarpienne.


La rupture du ligament scapho-lunaire (SL) est préjudiciable à la stabilité de l’unité scapho-lunaire dont il est le stabilisateur principal [4].


Le scaphoïde n’est plus amarré au lunatum. Il s’horizontalise, se fixe dans une position de flexion. Le lunatum n’étant plus solidaire du scaphoïde, se place en extension sous l’influence du triquetrum lors des différents mouvements du poignet (ce que les auteurs anglo-saxons nomment DISI : Dorsal Intercalated Segment Instability).


On observe donc une diminution de la hauteur du carpe avec une perte des relations anatomiques entre le scaphoïde et le lunatum (dissociation SL). Ceci entraîne un relâchement du plan ligamentaire palmaire qui conditionne l’extension du lunatum, provoquant un affaissement de la partie latérale du carpe. S’ensuit une translation en direction médiale du triquetrum et du lunatum qui complète l’élargissement de l’espace entre le scaphoïde et le lunatum [5,6,7,8].


Dans le temps et sous l’influence des forces de compression transmises au carpe, l’espace SL tend à s’ouvrir d’avantage. Le scaphoïde et le lunatum se figent dans leur position, ce qui entraîne rapidement une arthrose de la partie postérieure de la glène radiale (point où le scaphoïde « couché » exerce le maximum de pression). Cette lésion est définie sous le terme anglo-saxon de SLAC (Scapho-Lunated Advanced Collapse) [9,10].



Signes cliniques


Le diagnostic se fait au stade précoce (avant 3 mois) par un examen clinique suivi d’examens complémentaires.


À l’examen clinique, le patient généralement présente [2] :



À la palpation du poignet, la douleur est augmentée lors de la pression sur l’interligne SL.


L’examen clinique doit être strictement comparatif car il n’existe aucun critère de normalité.



Les tests cliniques







Le test de Watson (scaphoid shear test)


L’examinateur et le patient sont face à face dans la position du bras de fer. L’examinateur place son index à la face dorsale du pôle proximal du scaphoïde, le pouce étant posé sur la tubérosité palmaire. L’autre main maintient les métacarpiens.


Une pression ferme est appliquée sur la face palmaire du scaphoïde tandis que le poignet est placé en inclinaison ulnaire, ce qui met le scaphoïde en extension. Lors du passage en inclinaison radiale, le scaphoïde ne peut se fléchir car il est maintenu par le pouce de l’examinateur. En cas de lésion SL, le scaphoïde aura tendance à partir en arrière, sous la marge postérieure du radius. L’instabilité s’exprime par un ressaut ou une douleur. Lorsque l’on relâche la pression, le scaphoïde réintègre sa position avec parfois un « thunck » sonore. Dans certains cas, l’absence de mobilité par rapport au côté sain peut traduire une réaction œdémateuse et synoviale. Pour éviter des faux-positifs trop fréquents, il faut d’abord mettre ses doigts sur la face postérieure du scaphoïde pour détecter les sujets spontanément douloureux. Bien qu’il s’agisse du test le plus connu, sa sensibilité et sa spécificité sont faibles. Ce test est positif chez 20 % des individus normaux. Toutefois, Lane a proposé de modifier le test (Scaphoid Shift Test) en ne réalisant qu’une translation antéropostérieure ce qui augmenterait la sensibilité en utilisant un mouvement simple.



Les examens complémentaires


Ils ont pour but de confirmer la lésion [11,12,13,14].


Le médecin demande classiquement un examen radiologique avec :



• des clichés statiques de face recherchant une augmentation de l’espace SL (+ de 3 mm = lésion), l’apparition du signe de l’anneau (scaphoïde « couché »), la mesure de la hauteur du carpe ;


• des clichés statiques de profil recherchant une augmentation de l’angle SL. La lésion dissociative est reconnue quand cet angle est supérieur à 70°, le scaphoïde est en flexion, le lunatum en extension (DISI) ;


• des clichés dynamiques en inclinaison plus indiqués dans le cadre de lésions partielles à la recherche d’une dysharmonie de mobilité du scaphoïde et du lunatum, d’une modification des arcs de Gilula [15] ;


• le cliché en stress poing fermé signe, s’il est positif (augmentation de l’espace SL sous la poussée du capitatum), l’instabilité SL.


L’arthrographie ne donne qu’une idée partielle de la lésion, il semble que l’arthroscanner soit plus fiable, et selon Saffar la clef du diagnostic [16].


L’arthroscopie permet un dépistage de certaines lésions pouvant être méconnues à l’arthroscanner. C’est souvent le cas de lésions en stade II ou III. Dans ces cas-là, l’arthroscopie permettra de voir parfaitement la lésion ligamentaire dans son siège et dans son étendue, ce qui détermine ainsi le caractère partiel ou complet de la lésion. Par l’arthroscopie, il est également possible d’apprécier l’état des cartilages articulaires et des possibles lésions synoviales qui peuvent être associées [17,18].


L’arthro-IRM fait partie des examens les plus performants et permet une meilleure appréciation [19] :


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Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 25: Rééducation de l’entorse scapho-lunaire

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