Chapitre 24
Prise en charge des fractures de phalanges
Les fractures des phalanges sont relativement fréquentes et présentent de très nombreuses formes anatomopathologiques. Les rapports étroits de ces phalanges avec les systèmes tendino-musculaires extrinsèques et intrinsèques en font des zones très exposées aux adhérences, quel que soit le type de fracture. La prise en charge se fera par une immobilisation a minima et l’objectif principal de la rééducation sera une mobilisation la plus précoce possible tout en veillant à la stabilité des fragments afin de limiter le retentissement fonctionnel de ces fractures.
Rappel anatomo-physiologique [1]
Les phalanges et leurs articulations
Les phalanges sont unies par des articulations de type trochléen à un degré de liberté dans le plan sagittal. Les ligaments latéraux et les check rein ligaments (plaque palmaire) sont détendus en flexion avec un risque de rétraction en cas d’immobilisation dans cette position. Les articulations interphalangiennes proximales (IPP) et distales (IPD) doivent donc être immobilisées en extension.
Physiopathologie et indication des différents traitements [3]
Les fractures diaphysaires, métaphysaires et comminutives
Les fractures déplacées et instables (fractures diaphysaires transversales, fractures du col phalangien et fractures obliques courtes) seront chirurgicales, en limitant les voies d’abord et le volume du matériel d’ostéosynthèse.
Différentes techniques chirurgicales peuvent être proposées pour le traitement de ces fractures :
• embrochage en croix en va-et-vient pour les fractures transversales ;
• embrochage centro-médullaire pour les fractures transversales ;
• vissage simple sur des fractures spiroïdes ;
Les fractures articulaires
Lors d’une fracture articulaire [4], le trait de refend s’étend jusque dans l’articulation induisant une solution de continuité sur la surface articulaire cartilagineuse. Les fractures articulaires sont le plus souvent dues à des arrachements ligamentaires ou tendineux. Le but du traitement est d’obtenir la meilleure réduction possible afin de restaurer la meilleure surface articulaire possible. En plus du risque d’adhérences tendino-périostées que l’on retrouve dans ces fractures, il existe un risque de raideur articulaire par rétraction capsulo-ligamentaire.
Cet effet peut être obtenu chirurgicalement par des systèmes équivalents au PRTS de Suzuki [5], ou par une attelle de traction externe décoaptante. Schenck [6] a décrit une attelle de ce type en 1986 pour le traitement des fractures articulaires. La mobilisation immédiate rendue alors possible par la mise en décoaptation favorisera le remodelage de la surface articulaire et limitera les symphyses tendino-periostées.
Appareillage en fonction du type de fracture
Les fractures diaphysaires, métaphysaires, comminutives et articulaires ostéosynthésées
Revue de la littérature des différentes orthèses proposées
La syndactylie [7] avec le doigt sain adjacent est proposée dans le cadre des fractures stables de P1 et P2 (le plus souvent les fractures ostéosynthésées). Elle va permettre une stabilisation dans le plan frontal ainsi que dans le plan axial lors de la flexion ; le doigt sain obligeant le doigt fracturé à s’intégrer dans la convergence physiologique. Prévenant aussi l’exclusion du doigt, cette syndactylisation peut être réalisée en Velcro® (figure 24.1) où en plastique thermoformable. Technique correcte si elle est bien réalisée et bien utilisé par le patient, il faudra veiller à ce qu’elle ne gêne pas la mobilité. Elle devra donc respecter la différence de longueur des doigts. L’inconvénient de cette méthode est le risque d’apparition d’un flexum d’IPP par mauvaise utilisation, cette position favorisant la symphyse entre P1 et l’appareil extenseur et la rétraction de la plaque palmaire de l’IPP.

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