Chapitre 23 Exostoses sous-unguéales
Les exostoses sous unguéales des doigts sont rares ; elles sont plus fréquentes au niveau des orteils et en particulier de l’hallux (70 à 80 % des cas). Il s’agit d’une tumeur bénigne, d’origine cartilagineuse, qui touche surtout les adolescents et les adultes jeunes, parfois les enfants. Elle est suspectée cliniquement devant une atteinte de l’ongle qui est soulevé et déformé (figure 23.1). Des infections péri unguéales compliquent parfois le tableau et sont régulièrement responsables d’un retard diagnostique devant la suspicion d’un ongle incarné. Entraînant des douleurs par un conflit dans les chaussures lorsqu’elles sont situées au niveau des orteils, les exostoses sous unguéales des doigts ont des conséquences plus esthétiques que fonctionnelles. Le diagnostic est confirmé par la radiographie. Les diagnostics différentiels sont essentiellement l’ongle incarné, les tumeurs glomiques, le mélanome sous unguéal, la verrue sous unguéale, les infections fongiques.
TECHNIQUE
Le traitement consiste en une exérèse chirurgicale. L’intervention est réalisée au bloc opératoire, sous anesthésie générale ou bloc plexique. Le patient est installé en décubitus dorsal, le membre supérieur sur une table à bras. Un garrot est placé à la racine du membre. Le premier temps opératoire consiste en l’exérèse de la partie de l’ongle recouvrant latéralement l’exostose ; la tablette unguéale est souvent déformée, et sa conservation complète n’est pas toujours possible. Le lit unguéal est ainsi exposé (figure 23.2). Il est possible de retirer une languette emportant toute la longueur de l’ongle, du bord libre jusqu’à la racine si la taille et la localisation de l’exostose le nécessitent mais en évitant d’enlever une bande d’ongle dont la largeur dépasserait un quart de sa largeur totale. La coupe unguéale peut être plus large sur le bord libre que sur la racine afin de mieux exposer l’exostose dont le développement est le plus souvent distal plutôt que proximal. Le reste de l’ongle est simplement soulevé pour exposer la totalité de l’exostose. Le lit de l’ongle est séparé de l’exostose à partir d’une incision latérale située à la jonction entre le lit de l’ongle et la peau adjacente, au fond du vallum (figure 23.3). Cette incision peut être prolongée distalement en poursuivant cette incision perpendiculairement, en longeant le bord libre de l’ongle, à la jonction lit unguéalpulpe. Il est parfois difficile de séparer le lit de l’ongle et l’exostose, en raison d’un amincissement de celui-ci. L’exostose est ainsi exposée et peut être réséquée au ciseau à frapper par une coupe parallèle au grand axe de la phalange. La résection est complétée si nécessaire à la pince gouge pour obtenir une exérèse complète dont les limites seront émoussées. La pièce est envoyée pour examen anatomo-pathologique. De la cire chirurgicale peut être utilisée pour assurer l’hémostase de la tranche de section osseuse. Le lit de l’ongle est ensuite repositionné et suturé avec un fil monobrin à résorption lente 6/0 ou 7/0. L’ongle restant est repositionné et suturé à la peau par deux points latéraux au fil non résorbable (figure 23.4).