Chapitre 22
Rééducation des fractures du scaphoïde
Généralités
Anatomie
Le scaphoïde présente une silhouette réniforme sans attache tendineuse.
Il est constitué de deux parties [1] unies par « la taille » du scaphoïde :
Biomécanique du scaphoïde
Le scaphoïde est situé nettement plus en avant que le trapézoïde et le capitatum car avec lui commence l’antéposition de la colonne du pouce. Il se trouve intercalé obliquement entre le radius et le trapèze. Selon la position du poignet, la distance entre ces deux os varie [2] :
• en position neutre (ou rectitude) : la distance est la plus grande ;
• en extension : la distance diminue, le scaphoïde se redresse ;
• en flexion : plus qu’en extension, la distance diminue. Le scaphoïde se couche.
Intercalé au sein de la colonne externe, le scaphoïde subit une compression qui tend à le faire basculer en flexion et à le coucher sous le radius [2].
La vascularisation du scaphoïde
Vascularisation extra-osseuse [3]
• au niveau du corps, la branche scaphoïdienne dorsale de l’artère radiale pénètre l’os au niveau de la crête dorsale assurant ainsi 70 à 80 % de la vascularisation du scaphoïde. Elle est du type rétrograde ;
• les 20 ou 30 % restant (correspondant à la partie distale du scaphoïde) sont vascularisés par la branche scaphoïdienne antérieure de l’artère radiale qui pénètre dans l’os au niveau de la face externe de la tubérosité.
Fractures du scaphoïde : 75 % des fractures des os du carpe
Classification des fractures [3,4]
Il existe quatre classifications différentes :
• la plus ancienne est celle de Trojan qui distingue trois variétés en fonction de la direction du trait : transversales, obliques et verticales ;
• la classification de Schernberg (1984) distingue les fractures du scaphoïde avec plus de précisions en donnant la priorité à la topographie, six variétés :
– les polaires supérieures : I,
– les corporéales hautes : II,
– les corporéales basses ou moyennes : III,
– les transtubérositaires : IV,
• la classification d’Herbert (1984) distingue deux groupes de fracture en fonction de leur stabilité :
– type A : fracture du tubercule du scaphoïde et fracture non déplacée du col,
– type B : fracture oblique du tiers inférieur, déplacée du col, polaire supérieure et fracture dislocation du carpe (transscapho-lunaire) ;
• la classification de Green (1988) décrit trois tiers : supérieur, moyen, inférieur.
Pseudarthrose du scaphoïde
Elle est souvent découverte lors d’un nouveau traumatisme du poignet, entraînant alors un problème médico-légal [1].
Les causes [1]
• les fractures instables et celles déplacées de plus d’1 mm ;
• les signes inquiétants sont un angle radio-lunaire > à 15° et un angle scapho-lunaire > à 70° ;
• les fractures déplacées initialement et non réduites ;
• les fractures proximales où la dévascularisation est obligatoire ;
• les fractures à trait oblique vertical ou les fractures transverses comminutives ;
• les déplacements sous immobilisation ;
• les diagnostics tardifs ou les fractures négligées par le patient ;
• les traitements initiaux insuffisants ou absents ;
Les classifications
• stade 1 : pseudarthrose linéaire sans modification de la forme du scaphoïde et sans instabilité ou désaxation intracarpienne ;
• stade 2a : pseudarthrose stable avec apparition de géodes et d’une résorption osseuse. Modification minime de la forme du scaphoïde avec une absence d’instabilité ou de désaxation ;
• stade 2b : pseudarthrose plus ou moins mobile et instable. Augmentation des géodes et de la résorption osseuse. Modification de la forme du scaphoïde avec une désaxation intracarpienne d’adaptation (DISI). La styloïde radiale peut être effilée témoignant d’un début d’arthrose très localisée (SNAC 1) ;
• stade 3 : pseudarthrose déplacée instable avec une désaxation intracarpienne réductible mais qui peut être également plus ou moins fixée avec deux possibilités :
– stade 3a : avec une arthrose radio-scaphoïdienne (SNAC 2),
– stade 3b : avec une arthrose radio-carpienne et intracarpienne (SNAC 3) ;
• Stade 4 : pseudarthrose avec une nécrose du fragment proximal :