Chapitre 22 Otoplastie
Nous aborderons dans ce chapitre la chirurgie des « oreilles décollées » non malformatives. De très nombreuses techniques d’otoplasties ont été décrites depuis la première technique chirurgicale rapportée par Ely en 1881. Nous décrirons ici les techniques les plus utilisées en France : les techniques de Converse, Stenström, Mustardé et Jost [1–4], en précisant les indications et les complications dont le patient doit être informé.
Indications chirurgicales
L’anomalie le plus fréquente est le défaut de plicature de l’anthélix. S’y associe souvent une hypertrophie avec décollement de conque et/ou une protrusion du lobule. L’hypertrophie de conque isolée est plus rare mais peut aussi motiver une otoplastie.
Anesthésie et type d’incision
L’anesthésie locale accompagnée en général d’une prémédication peut être utilisée chez l’adulte et l’adolescent. On utilise la lidocaïne adrénalinée à 1 %. L’injection sous-cutanée concerne la peau rétroauriculaire devant être décollée et le sillon rétroauriculaire. Il ne faut pas infiltrer la peau antérieure, mais on associe une injection antérieure préhélicéenne pour anesthésier le nerf auriculotemporal. Pour les sujets qui le souhaitent et chez l’enfant, l’intervention se fait habituellement sous anesthésie générale. Elle est associée à une infiltration locale de la peau rétroauriculaire comme décrit ci-dessus, pour faciliter le décollement et diminuer le saignement peropératoire. L’installation des deux oreilles dans le champ opératoire est souhaitable pour une meilleure symétrie de la correction.
Le tracé de l’incision cutanée est variable, descendant plus ou moins sur le lobule selon qu’il existe ou non une protrusion lobulaire à corriger. L’incision en raquette est la plus courante, enlevant le futur excès cutané qui apparaîtra après plicature (figure 22.1).
Techniques de plicature de l’anthélix
Technique de Converse
Décrite en 1955, c’est actuellement la technique la plus pratiquée avec celle de Stenström [1,2]. Le principe est de réaliser des chondrotomies suturées, sans décollement de la peau antérieure du pavillon. L’incision est rétroauriculaire, en raquette, permettant une résection de la peau qui sera en excès après plicature. La face postérieure du pavillon est exposée largement jusqu’au bord libre de l’hélix, en exposant complètement la queue de l’hélix. La plicature souhaitée peut être matérialisée au crayon dermographique à la face antérieure du pavillon, de part et d’autre de l’anthélix (figure 22.2). La zone exacte de section du cartilage par voie postérieure peut alors être repérée par une série d’aiguilles transfixiantes. Après la réalisation des chondrotomies antérieure et postérieure, le cartilage peut être éventuellement affiné s’il est très rigide (en sachant que l’affinage par voie postérieure permet au cartilage d’être plus flexible avant de le maintenir par des points, mais a tendance à courber le cartilage dans le mauvais sens en majorant l’absence de plicature ; il n’est donc pas conseillé de faire ce geste sur les cartilages d’épaisseur normale ou fine). La plicature est maintenue par 3 ou 4 points de monofilament à résorption lente ou éventuellement non résorbables (le fil et son nœud doivent dans ce cas être enfouis). Il est important de placer ces fils de façon radiaire par rapport au méat acoustique externe, pour assurer une plicature harmonieuse (figure 22.3).