Chapitre 22 Intoxications par les plantes
Aconit napel (Aconitum napellus, Renonculacées)
Circonstances de l’intoxication
En Occident, les intoxications sont le plus souvent dues à une confusion avec les feuilles de certaines ombellifères comestibles ou avec des racines alimentaires (navet, raifort, céleri, fenouil). La confusion avec la couscouille (Molopospermum peloponnesiacum) est responsable de plusieurs morts humaines [1]. Parfois, des intoxications suicidaires sont consécutives à la consommation de préparations phytothérapeutiques [2].
Principes actifs et doses toxiques
Tous les organes de la plante, mais surtout les racines et les graines renferment des alcaloïdes di terpéniques dont le principal est l’aconitine qui a une toxicité neurologique et cardiaque : 2 à 3 g de racines fraîches seraient létales ; 5 mL de teinture d’aconit sont toxiques [3]. Selon Jouglard [4], la dose toxique d’aconitine pour l’homme avoisinerait la dose thérapeutique (0,25 mg), la dose létale serait proche de 5 mg [5].
Symptomatologie de l’intoxication et traitement
Les troubles apparaissent rapidement après l’ingestion (entre 10 minutes et 2 heures) et se caractérisent par des paresthésies de la bouche, des lèvres et du pharynx — pouvant s’étendre progressivement vers les extrémités —, nausées, vomissements, parfois diarrhées, hyperventilation, vertige, asthénie. Dans les cas graves, surviennent des troubles cardiaques avec surtout tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire, dysrythmies, ainsi qu’une dépression respiratoire [2].
La conduite à tenir nécessite une hospitalisation de 24 heures avec évacuation du toxique et surveillance des troubles cardiaques. L’évolution est généralement favorable mais peut conduire au décès lorsque l’aconit a été utilisé à des fins suicidaires ou de meurtre [3].
Toxicologie analytique
En CL/SM, des auteurs ont utilisé une colonne C18, 150 × 4,6 mm avec une phase mobile tétrahydrofurane/acide trifluoracétique 0,3 %/glycérine. Les m/z des ions moléculaires protonés étaient respectivement 676 pour la jesaconitine, 646 pour l’aconitine, 632 pour la mesaconitine et 616 pour l’hypaconitine. La limite de détection était 2,5 ng injectés en mode balayage et de 100 pg injectés en mode en ions sélectionnés [6]. La CL/ SM-SM est d’une grande sensibilité pour l’aconitine puisque la limite de détection est de 0,001 ng/mL. Le m/z de l’ion parent est de 674 et les m/z des deux ions fils sont 368 et 586. Dans ce cas, la séparation est réalisée sur colonne C18, 150 × 3 mm, avec pour phase mobile un mélange de tampon formiate 2 mM, pH 3/MeOH, en gradient de concentrations. Récemment, une équipe japonaise a développé une méthode par CL/SM de détection de l’aconitine, de la mesaconitine, de l’hypaconitine et de la jesaconitine dans le sérum lors d’empoisonnements ; cette méthode a été utilisée pour réaliser une cinétique chez 40 adultes volontaires qui ont consommé des doses thérapeutiques d’une spécialité de médecine traditionnelle chinoise à base de trois espèces d’Aconit [7]. Les valeurs de m/z des ions moléculaires protonés étaient les mêmes que celles citées précédemment, un ion supplémentaire de m/z 683 était déterminé et correspondait à la méthyllylcaconitine. La limite de quantification était de 0,03 ng/mL. Les concentrations sanguines d’aconitine entraînant des signes cliniques d’intoxication à type d’arythmie variaient de 0,65 à 3,23 ng/mL [8]. Dans l’étude de Nakae [7], la concentration sanguine maximale mesurée pour une utilisation thérapeutique en médecine traditionnelle chinoise était, pour l’aconitine, de 0,12 ng/mL.
Belladone (Atropa belladona, Solanacées)
Description et habitat
La belladone est une grande plante herbacée peu commune de 1 à 1,5 m de hauteur, vivace, peu fréquente en France à l’état sauvage, disséminée çà et là dans les clairières et les décombres. La tige dressée porte de grandes feuilles entières ovales et pointues. La fleur, de couleur brune violacée, est tubuleuse et a une forme de cloche. Le fruit est une baie verte puis noire [9].
Circonstances de l’intoxication
Elle peut être due à une contamination avec d’autres plantes comestibles ou le plus souvent consécutive à l’ingestion des fruits parfois confondus avec des myrtilles [5]. La belladone est plus rarement consommée par les adultes dans un contexte suicidaire ou toxicomaniaque [2].
Principes actifs et doses toxiques
Toutes les parties de la plante sont toxiques et contiennent des alcaloïdes tropaniques. Le fruit et la racine sont les plus riches en alcaloïdes (0,65 à 0,85 %) mais la feuille peut en contenir jusqu’à 0,50 %. Les principaux alcaloïdes rencontrés sont l’hyoscyamine et l’atropine — mélange racémique de D– et de L-hyoscyamine — (90 %) ainsi que la scopolamine (2 %). Ce sont des substances à propriétés parasympatholytiques inhibant de façon compétitive et réversible la fixation de l’acétylcholine au niveau des récepteurs muscariniques. Il en résulte au niveau des organes concernés des effets sympathomimétiques [2]. Le risque vital se situe à partir de deux à cinq baies (4 à 10 mg d’alcaloïdes) pour l’enfant, mais il existe par ailleurs, une forte sensibilité individuelle à l’atropine [9].
Symptomatologie des intoxications et traitement
Les symptômes apparaissent 30 minutes à 2 heures après l’ingestion de quelques baies et comportent un ou plusieurs signes cliniques suivants : vomissements, tachycardie, tarissement de toutes les sécrétions (salive, sueur, larmes, sécrétions digestives), mydriase (dilatation de la pupille), troubles de la vision, hyperthermie, confusion mentale, délire, convulsions, coma. Dans les cas sévères avec troubles neurologiques et hallucinations, on note souvent l’absence de tachycardie [2]. Le traitement de l’intoxication est purement symptomatique (évacuation gastrique ou vomissements provoqués, administration de charbon activé, injection d’anticonvulsivants type diazépam). L’utilisation de la physostigmine a été préconisée avec succès par certains auteurs [3, 9].
Toxicologie analytique
Pour mémoire, la CG/SM après triméthylsilylation ou après formation d’un dérivé heptafluorobutyrique suivant une hydrolyse peut être utilisée pour doser les alcaloïdes tropaniques avec une limite de détection de 1 ng/mL pour l’atropine [10]. Des auteurs ont proposé une méthode de dosage de la hyoscyamine dans le plasma par CL/SM-SM après extraction liquide-liquide et séparation sur colonne C18, 50 mm × 3 mm [11]. Le m/z de l’ion fils de la scopolamine était 138 et celui de la hyoscyamine était 124. La limite de quantification de la méthode était de 20 pg/mL.
Ciguës, œnanthe safranée (Ombellifères)
Description et localisation
Dans cette famille, on trouve également l’œnanthe safranée ou Oenanthe crocata, aussi toxique que les ciguës, notamment vis-à-vis du bétail [5, 12].
Circonstances de l’intoxication
Les herbivores sont victimes des deux ciguës ou de l’œnanthe. Toutefois, les racines étant peu accessibles, la fréquence des accidents répertoriés est faible. Chez l’homme, les intoxications sont rares. Elles peuvent être volontaires ou accidentelles par confusion avec des feuilles, des fruits ou des racines d’autres ombellifères comestibles [2, 12].
Principes actifs et doses toxiques
Tous les organes des trois plantes sont toxiques. Le rhizome de la ciguë vireuse est riche en dérivés acétyléniques polyinsaturés : cicutoxine, cicutol, falcarindiol et autres composés voisins de l’œnanthe safranée. La cicutoxine bloque les canaux potassiques et a une action principalement neurotoxique. L’ingestion d’une racine est considérée comme toxique, deux racines seraient létales [3]. La grande ciguë contient des alcaloïdes pipéridiniques parmi lesquels on trouve la coniine qui est surtout présente dans les fruits mûrs ; 5 à 8 g de feuilles représentent une dose toxique pour l’homme. La coniine est un alcaloïde neurotoxique qui bloque la transmission nerveuse au niveau de la jonction neuromusculaire.
Symptomatologie et traitement des intoxications
Les symptômes de l’intoxication apparaissent 30 à 45 minutes après l’ingestion avec hypersalivation, hypersudation, fièvre associée à des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, crampes abdominales) et troubles neurologiques (mydriase, vertiges, délire, tremblements). La gravité de l’intoxication réside dans la survenue de convulsions tonicocloniques. L’évolution peut être fatale en quelques heures en l’absence de traitement qui préconise une évacuation digestive précoce et une surveillance clinique : ventilation en cas de paralysie respiratoire, réhydratation, anticonvulsivants, surveillance de la fonction rénale [2, 3].
Toxicologie analytique
En toxicologie médico-légale, très peu de méthodes de dosage des principes actifs de cette famille sont décrites. Cependant récemment une équipe américaine a mis au point une méthode d’identification et de quantification de la coniine dans le sang et le liquide gastrique d’une jeune femme de 27 ans aux antécédents de psychose maniaco-dépressive, retrouvée morte dans un sac de couchage au milieu d’une forêt du nord de la Californie [13]. À ses côtés, se trouvait un sac contenant des débris végétaux. L’autopsie mettait en évidence de la matière végétale dans la bouche et le contenu gastrique ; de plus, il était noté des œdèmes pulmonaire et cérébral. Une analyse par CG/SM en mode balayage permettait d’identifier la coniine qui était ensuite quantifiée en mode SIM. La méthyl nicotine était utilisée comme standard interne et était ajoutée à 0,25 mL d’un échantillon de sang tamponné à pH 6,0. Après agitation et centrifugation, le surnageant était extrait en phase solide et élué par un mélange de solvants (39 parties de dichlorométhane/10 parties d’alcool isopropylique/ 1 partie d’ammoniaque). Le mélange était ensuite évaporé à sec sous un flux d’azote à température ambiante. Il était ajouté ensuite 50 μL de dichlorométhane et 5 μL d’anhydride butyrique contenant une petite quantité de 4-diméthylaminopyridine. Le mélange était maintenu à 22 °C pendant 22 minutes, évaporé puis repris par 50 μL de toluène ; 1 μL était ensuite analysé par CG/SM, la séparation était effectuée à l’aide d’une colonne capillaire de 15 m × 0,32 mm, 0,15 μm. Pour la quantification en mode SIM, les m/z des ions moléculaires sélectionnés étaient 84, 154 et 197 pour la coniine et 84, 147 et 176 pour l’étalon interne. La linéarité s’étendait de 10 à 1 000 ng/mL. Des dilutions multiples du contenu gastrique étaient réalisées afin de rester dans l’intervalle de linéarité. Dans le sang, la concentration de coniine était de 410 ng/mL et de 9 300 ng/mL dans le contenu gastrique. Par ailleurs, un criblage du sang par CL/SM en tandem trouvait du diazépam et du nordiazépam aux concentrations respectives de 81 ng/mL et < 50 ng/mL [13].
Chardon à glu (Atractylis gummifera, Astéracées)
Description et habitat
Le chardon à glu est une plante vivace par un volumineux rhizome pivotant et charnu, long de 30 à 40 cm ou plus. Cette plante possède des feuilles très découpées (comme le pissenlit) piquantes, groupées en rosettes. Les fleurs roses sont groupées en capitule. Après la fructification, un latex blanc jaunâtre exsude à l’aisselle des bractées [5].
Circonstances de l’intoxication
Si certains font allusion à l’ajout criminel de la racine à du couscous, il semble bien que la cause des intoxications soit presque toujours accidentelle. Les victimes sont souvent des enfants qui mâchent la racine supposée comestible ou confondue avec celle de l’artichaut sauvage, Scolymus hispanicus [5].
Symptomatologie et traitement de l’intoxication
Le tableau clinique ressemble à celui d’une intoxication phalloïdienne. Après un délai de 6 à 36 heures (parfois 72 heures), surviennent des nausées et des vomissements accompagnés d’épigastralgies. Rapidement, le patient présente des troubles de la conscience (jusqu’au coma) accompagnés d’hypertonie et de myalgies, de convulsions, d’une hypotension artérielle, d’une hypothermie, d’une hépatite fulminante (associant nécrose centrolobulaire et stéatose microvésiculaire) avec dans les cas les plus sévères, une évolution mortelle en 72 heures [14]. La biologie montre une insuffisance rénale (nécrose tubulaire), une augmentation des transaminases, une hypoglycémie et des troubles de l’hémostase (chute du taux de prothrombine). Le traitement est symptomatique : hémodialyse, maintien des fonctions vitales, correction de l’hypoglycémie, anticonvulsivants.
Toxicologie analytique
Dans Callilepis laureola une équipe sud-africaine a mis au point une méthode de CL/SM pour la détection de l’atractyloside [15]. La séparation était réalisée sur une colonne Xterra® phényl avec une phase mobile composée d’un mélange tampon acétate d’ammonium 10 mM en solution aqueuse/méthanol/acétonitrile, en gradient de concentrations. La linéarité s’étendait de 100 ng/mL à 1 000 ng/mL. La limite de détection était de 100 pg/mL et la limite de quantification était de 250 pg/mL. Cette méthode est utilisée pour rechercher et quantifier l’atractyloside dans des échantillons de poudres végétales.
Une méthode analytique par CL/ESI-SM d’identification de l’atractyloside a été mise au point par cette même équipe sud-africaine lors d’empoisonnements par des plantes [16].
Une méthode a été développée récemment pour identifier et quantifier l’atractyloside et le carboxyatractyloside par CL/SM en tandem et CL/SM-SM-SM dans les liquides biologiques de lapins et dans deux cas d’empoisonnements humains par Atractylis gummifera [17]. La séparation était réalisée sur une colonne C18, 150 mm × 2,1 mm ; 3,5 μm. L’éluant était composé d’un mélange ternaire méthanol/acétonitrile/tampon formiate 2 mM, pH 4,5. De l’oxazépam-D5 était utilisé comme étalon interne. L’extraction était réalisée en phase solide sur cartouche SPE avec un tampon PBS, ajusté à pH 4,5. Le m/z de l’ion moléculaire parent était pour le carboxyatractyloside de 645 et les m/z des deux ions fils étaient de 689 et 769. Pour l’atractyloside, le m/z de l’ion parent était de 543 et ceux des deux ions fils de 645 et 725, en mode d’ionisation négative. Les concentrations dosées dans les deux cas d’empoisonnements humains étaient dans le sang : 756,1 ng/mL et 354,7 ng/mL pour l’atractyloside et le carboxyatractyloside, respectivement ; et variaient dans l’urine de 3,4 ng/mL à 452,4 ng/mL et de 68,9 ng/mL à 1855,2 ng/mL pour l’atractyloside et le carboxyatractyloside, respectivement [17].
Colchique (Colchicum autumnale, Liliacées)
Description et habitat
Connue sous les noms populaires de « safran des prés » ou encore de « tue-chien » ou « oignon du loup », cette plante est commune aussi bien en plaine qu’en montagne et dans les prairies humides de toute l’Europe. Le colchique est une plante herbacée de 10 à 30 cm de haut, à végétation originale : apparition en automne (d’où le nom de l’espèce) de fleurs rose-mauve, longuement tubulées et, au printemps, existence d’une rosette de feuilles allongées, rubanées, à nervures parallèles, au cœur de laquelle se développe un fruit constitué par une capsule verte, de la taille d’une noix, renfermant de très nombreuses petites graines [9].
Circonstances de l’intoxication
Il s’agit surtout d’intoxications survenant au printemps, par confusion des feuilles avec celles de l’ail des ours, ou du poireau sauvage et plus rarement d’intoxications chez l’enfant par consommation de graines, ou encore d’intoxications volontaires chez l’adulte [2].
Principes actifs et dose toxique
Les composés toxiques du colchique sont des alcaloïdes troponoliques : colchicine accompagnée de colchicoside et de la diméthyl-3-colchicine. Tous les organes de la plante sont toxiques mais les intoxications sont le fait des fleurs, des bulbes et des graines : 1 à 5 g de graines (teneur proche de 5 % en colchicine) sont létales pour l’enfant et l’adulte, respectivement. La colchicine inhibe la formation de microtubules en se fixant sur la tubuline avec, pour conséquence, un blocage de la mitose au stade de la métaphase [2, 9].
Symptomatologie et traitement de l’intoxication
La symptomatologie est dose-dépendante. Les intoxications par le colchique sont graves et mettent en jeu le pronostic vital. Les premiers signes sont digestifs et apparaissent après un délai de 2 à 6 heures : vomissements très importants puis diarrhées profuses rapidement responsables d’une déshydratation. À ce stade, dans les 24 premières heures peuvent apparaître dans les cas très sévères, une insuffisance circulatoire aiguë, même après rééquilibration hydroélectrolytique. Vers le troisième jour, apparaît une aplasie médullaire qui va durer de 2 à 6 jours entraînant un risque infectieux et hémorragique. Vers le dixième jour, apparaît une alopécie. En cas de survie, la convalescence peut être très longue [2, 9].
Toxicologie analytique
De très nombreuses méthodes de dosage de la colchicine dans les milieux biologiques ont été décrites. Lors d’intoxications mortelles, la période d’agonie étant longue (plusieurs jours), il convient d’utiliser une méthode analytique suffisamment sensible afin de pouvoir doser des concentrations inférieures au ng/mL. Une méthode de chromatographie liquide CL/ESI-SM-SM triple quadrupôle a été mise au point pour doser la colchicine dans les liquides biologiques de prélèvements autopsiques [18]. 1 mL de sang cardiaque, de sang périphérique (fémoral), d’urine, de bile, de liquide gastrique, ou de vitré subissait une extraction par du chlorure d’ammonium saturé à pH 9,6 et un mélange de dichlorométhane/isopropanol 5 %. La séparation se faisait sur colonne C18 Xterra® avec une phase mobile constituée d’un mélange tampon formiate d’ammonium 2 mM, pH 3/acétonitrile, en gradient de concentrations. Le m/z de l’ion parent moléculaire était 400 et les m/z des deux ions fils étaient 282 et 310. La méthode était linéaire de 0,5 à 50 ng/mL, la limite de détection était de 0,1 ng/mL et la limite de quantification était de 0,5 ng/mL. Les intoxications mortelles sont surtout liées à des empoisonnements médicamenteux. Dans deux cas d’empoisonnements mortels par des spécialités à base de colchicine, les concentrations relevées variaient de 5,2 à 22,8 ng/mL dans le sang cardiaque, de 17,4 à 21,9 ng/mL dans le sang fémoral, de 19,4 à 148,5 ng/mL dans l’urine, de 42,8 à 1 818,5 ng/mL dans la bile, de 219,8 à 348 ng/mL dans le liquide gastrique et de 0,5 à 3 ng/mL dans l’humeur vitrée [18].
Daturas (Datura spp. et Brugmansia spp., Solanacées)
Description et habitat
Le genre Datura comprend une vingtaine d’espèces dont la plus répandue est Datura stramonium. Nous avons pour notre part identifié et analysé Datura inoxia et Brugmansia suaveolens ou un des hybrides de B. suaveolens poussant en Nouvelle-Calédonie [19–21]. Sur le plan botanique, le Datura stramonium est une plante herbacée de 40 à 100 cm de hauteur, fleurissant de Juillet à Octobre et portant de grandes fleurs blanches en forme de trompettes. Son fruit est une grosse capsule ovoïde épineuse qui renferme de nombreuses graines noirâtres. Cette plante est également cultivée pour son aspect décoratif [2]. Brugmansia suaveolens est une plante arborescente aux magnifiques fleurs pendantes de couleur rose pâle à saumon, à l’odeur très parfumée et entêtante, fleurissant plusieurs fois dans l’année en milieu tropical ou en cultures sous serre.
Circonstances des intoxications
Exceptés quelques cas d’intoxications involontaires par consommation d’aliments préparés à partir de farines contaminées par les graines ou de miel élaboré par des abeilles butinant des daturas, la consommation de cette plante dans un but addictif sous forme de décoction de fleurs ou d’ingestion de graines est actuellement le mode d’intoxication le plus fréquent [2, 9, 21]. Il peut s’agir aussi de cas d’empoisonnements ou de soumission chimique par un membre de l’entourage de la victime tels que nous le décrivons ci-après.