CHAPITRE 21 I L‘ŒIL La fovéola est la zone qui correspond à trois particularités anatomiques majeures : – zone dépourvue de bâtonnets et donc où ne sont présents que des cônes ; – zone au sein de laquelle les photorécepteurs, qui ne sont que des cônes, sont dépourvus de pédicules, le pédicule étant la terminaison synaptique qui relie le photorécepteur aux cellules bipolaires (fig. 21-1) ; de fait, les pédicules prennent une orientation radiaire pour se connecter aux cellules bipolaires en dehors de la fovéola. C’est au sein des segments externes des photorécepteurs que le stimulus visuel, sous forme de lumière c’est-à-dire de photons selon la théorie corpusculaire ou sous forme d’onde de longueur variable selon la théorie ondulatoire, va engendrer la transformation de ce signal en signal électrique après modification structurale (réversible) du pigment visuel [6]. Ces caractéristiques (signal pur non parasité et densité des cônes) font de la fovéola la zone de vision la plus précise de la rétine et c’est en son sein que l’acuité visuelle maximale est atteinte. Rappelons qu’une acuité visuelle de 10/10 correspond à la discrimination de deux points distincts à contraste maximal (égal à 1, c’est-à-dire noir sur blanc) visible à 5 mètres (équivalent de l’infini) pour un angle de 1 minute d’arc (il y a 60 minutes d’arc dans un degré d’angle visuel). Ces considérations optiques corrélées à la taille des cônes et à leur densité au centre de la fovéola expliquent pourquoi l’acuité visuelle maximale (du fait de la distance entre deux cônes) n’est pas de 10/10 (0,0 LogMAR) mais de 20/10 (– 0,3 LogMAR) (fig. 21-2). Fig. 21-2 Densité fovéolaire des cônes et acuité visuelle maximale. Le lecteur se souvient de ses cours de physiologie d’un siècle ou d’un autre et doit imaginer la rétine selon son organisation en trois dimensions [7] : – d’une part, selon l’organisation radiaire : nous entendons par là l’organisation des photorécepteurs vers les cellules ganglionnaires en passant par les cellules bipolaires ; – d’autre part, selon l’organisation tangentielle, c’est-à-dire la structuration et l’orientation des axones des cellules ganglionnaires les uns par rapport aux autres. Dans son organisation radiaire, la rétine est un circuit ou un réseau de neurones parfaitement organisé et agencé mais extrêmement compliqué. Trois classes principales de cellules se succèdent de la partie externe vers la partie interne. La partie externe est dirigée vers la sclère, la partie interne est dirigée vers le vitré. De l’extérieur vers l’intérieur (fig. 21-3), on retrouve : – la voie M, pour laquelle les champs récepteurs sont grands et pour laquelle les cellules traitent des informations de faible contraste et participent à la détection du mouvement ; – la voie P, pour laquelle les champs récepteurs sont petits et pour laquelle les cellules traitent des informations colorées, de la forme et des détails. Dans son organisation tangentielle, il existe une systématisation dans l’orientation des axones des cellules ganglionnaires qui vont former le nerf optique. Les fibres des quadrants nasal supérieur et nasal inférieur chemine de façon directe vers le nerf optique, de même que le faisceau interpapillomaculaire. Les axones des quadrants temporaux prennent une orientation d’autant plus arquée qu’ils sont proches de la macula qu’ils contournent. Cette organisation point par point est conservée au niveau du nerf optique : les fibres centrales correspondent au faisceau interpapillomaculaire alors que les fibres périphériques se répartissent autour de façon concentrique (fig. 21-4). Le champ récepteur d’une cellule du système visuel (quel que soit l’étage étudié) peut être défini comme la région de la rétine au niveau de laquelle une variation de la stimulation lumineuse (stimulus positif ou négatif) entraîne une modification du potentiel membranaire de la cellule [8]. Sur la figure 21-5, on retrouve une schématisation d’une étude électrophysiologique dans le cortex visuel d’un mammifère. Une microélectrode reliée à une chaîne d’enregistrement est introduite dans le cortex visuel dans une zone précise et connue, selon des repères stéréotaxiques — c’est-à-dire que la tête de l’animal est fixée dans un plan précis de telle sorte que l’expérimentateur sait, lorsque le cerveau est découvert, que tel endroit du cortex par rapport à des repères osseux va correspondre au cortex visuel 17 ou 18, dans une région centrale ou périphérique du champ visuel. La microélectrode permet d’enregistrer l’activité électrique évoquée d’un neurone ou d’un groupe de neurones du cortex visuel. Dans un tel paradigme expérimental, on peut stimuler visuellement un œil ou l’autre ou les deux. En effet si, pas exemple, la microélectrode se situe dans la couche IV du cortex visuel primaire où se trouvent des cellules monoculaires, il y aura une réponse à la stimulation d’un seul des deux yeux ; en revanche, si la microélectrode se situe dans la couche II/III du cortex visuel primaire où se situent des cellules binoculaires, elles répondront à la stimulation des deux yeux. On a donc un œil ipsilatéral à l’enregistrement et un œil controlatéral à l’enregistrement. Quelle que soit la zone étudiée (IV ou II/III), la (ou les) cellule(s) ne va (vont) répondre — c’est-à-dire engendrer une activité électrique qu’on enregistre — que si la zone du champ visuel stimulé correspond à son (leurs) champ(s) récepteur(s). Ce champ récepteur correspond à une zone du champ visuel stimulé et, partant, à une zone rétinienne précise. Cette zone rétinienne correspond au champ récepteur. L’enregistrement peut être réalisé dans le cortex visuel primaire mais aussi à n’importe quel endroit du système visuel : corps géniculé latéral dorsal, cortex visuel secondaire, etc. La rétinotopie reflète une organisation particulière et précise des neurones visuels [8]. Ainsi, des cellules voisines de la rétine transmettent des informations à des sites voisins de leurs structures cibles, quelles qu’elles soient. Cependant, la rétinotopie ne correspond pas à une superposition exacte, car les cellules visuelles de la rétine ne représentent pas l’espace de la même façon : de même qu’au niveau du cortex moteur existe une surreprésentation de la main, il existe une surreprésentation de la macula dans les structures cérébrales impliquées dans la vision. La cartographie du champ visuel sur une structure cérébrale où l’on retrouve une rétinotopie est donc souvent déformée, car les cellules de la rétine ne représentent pas toutes l’espace visuel de façon proportionnelle. Sur la figure 21-6 sont représentés de façon schématique la rétine de l’œil droit et les cortex visuels droit et gauche. La rétine est artificiellement divisée en une zone maculaire, une zone moyenne et une zone périphérique. La rétine temporale (zones 1, 3, 5, 7, 9, 11) se projette de façon directe dans le cortex visuel droit. La rétine nasale (zones 2, 4, 6, 8, 10, 12) se projette dans le cortex visuel gauche. La rétinotopie est reflétée par le fait que les zones adjacentes d’une hémirétine se retrouvent adjacentes dans une même configuration au niveau de la carte rétinotopique corticale : par exemple, la zone 1 adjacente aux zones 3 et 5, la zone 11 adjacente aux zones 7 et 9. La notion d’amplification maculaire provient du fait que la représentation des zones rétiniennes n’est pas proportionnelle au niveau du cortex, mais que — comme on le devine sur la figure 21-6 — la zone maculaire a une représentation disproportionnée par rapport aux autres zones plus périphériques. Il existe une superposition au niveau cortical : – de la carte rétinotopique rétinienne nasale de l’œil droit avec la carte rétinotopique temporale de l’œil gauche, dans le cortex visuel gauche ; – de la carte rétinotopique rétinienne temporale de l’œil droit avec la carte rétinotopique nasale de l’œil gauche, dans le cortex visuel droit. La scène visuelle est d’une richesse extrême. Le physiologiste va lui attribuer des propriétés (avec l’arrière-pensée de les relier aux propriétés fondamentales des neurones visuels qu’il va étudier) : localisation dans l’espace, orientation, fréquence spatiale (haute ou basse, c’est-à-dire détails fins ou plus grossiers, respectivement), contraste, direction de mouvement, binocularité, couleur [9], etc. Tout cela est dans la figure 21-7 que nous présentons : cette vue de la baie de Sydney montre la ville dans la partie haute du champ visuel en opposition à la nature et la mer dans la partie basse, des détails des arbres du premier plan et des images plus flous des immeubles de la ville, un contraste du ciel bleu mais presque blanc lorsqu’on se rapproche de l’horizon, un mouvement des bateaux, une perspective, donc un relief, des couleurs bleus venant stimuler nos cônes de courtes longueurs d’onde et des couleurs vertes venant stimuler nos cônes de moyenne longueur d’onde… Les psychophysiciens cherchant à étudier les capacités de reconnaissance visuelle définissent d’autres attributs, et cela pourrait être renouvelé à l’infini. Ainsi, Green et Wolfe en 2011 [5] définissent : – le caractère naturel (fig. 21-8) ou urbain (fig. 21-9) d’une scène visuelle ; – la profondeur importante (fig. 21-10) ou faible (fig. 21-11) ; – la « navigabilité », c’est-à-dire la possibilité pour le sujet d’imaginer qu’il puisse se mouvoir facilement ou pas sur la scène représentée, cette navigabilité pouvant être haute (fig. 21-12) ou faible (fig. 21-13) ; Fig. 21-12 Image de haute navigabilité : une route se perdant dans les montagnes, quelque part dans l’hémisphère sud. – le caractère éphémère bas (fig. 21-14) ou élevé (fig. 21-15) d’un paysage. Les informations brutes à transformer en une perception significative (qui a du sens) sont donc innombrables et le système visuel accomplit des tâches très diverses telles que la lecture — tâche sensorielle, motrice…, mais bien différente selon qu’on lise des mots dans un alphabet occidental ou des idéogrammes extrême-orientaux — ou la reconnaissance des visages, pour laquelle il est défini des aires corticales particulières impliquées situées dans l’hémisphère droit : l’aire occipitale des visages (dans le lobe occipital inférieur), l’aire fusiforme des visages (qui constitue la partie centrale du gyrus fusiforme), l’aire des visages dans le sillon temporal supérieur. C’est I’IRM fonctionnelle qui a permis en particulier de mettre en évidence ces aires atteintes dans la prosopagnosie (affection caractérisée par l’impossibilité de reconnaître des visages) [11]. Mais comment définir un visage ? Comment imaginer qu’un neurone alpha ou bêta va savoir reconnaître ce doux visage dont le caractère de profil accentue la difficulté de reconnaissance (fig. 21-16). Quels attributs de cette image permettent la reconnaissance : le contour du visage, l’expression devinée, la couleur ou la texture de la chevelure ? Ceci dit, pour conclure, les attributs de la scène visuelle sont si riches, si complexes que, dans le traitement de l’amblyopie, il suffit d’ouvrir l’œil — l’autre, l’œil sain, étant occlus — pour avoir une stimulation particulièrement riche de l’œil amblyope. L’accommodation correspond à une modification dynamique du pouvoir dioptrique de l’œil permettant de garder net le point de focalisation de l’image sur la rétine, quelle que soit la distance entre l’œil et l’objet [4, 10, 12]. Cette modification du pouvoir dioptrique de l’œil en fonction de la distance passe par une modification de la forme du cristallin. L’accommodation est une réaction physiologique, principalement déclenchée par la défocalisation de l’image sur la rétine (le flou rétinien), mais également par la convergence ou la sensation de proximité. – lorsque l’œil est emmétrope, ces rayons émergent de façon parallèle : le punctum remotum est situé à l’infini ; – lorsque l’œil est myope, ces rayons émergent de façon convergente : le punctum remotum est situé entre la cornée et l’infini ; – lorsque l’œil est hypermétrope, ces rayons émergent de façon divergente : le punctum remotum est virtuellement placé en arrière de l’œil. Les capacités d’accommodation se mettent en place dans les trois premiers mois. Elles sont d’emblée maximales et diminuent progressivement tout au long de la vie (fig. 21-17), passant progressivement de 18,5 δ à l’âge d’un an à moins de 1 δ après soixante ans. Cette diminution progressive est principalement due à la majoration de la rigidité cristallinienne. La presbytie correspond au moment de la vie où cette perte d’accommodation devient symptomatique, généralement lorsque le pouvoir accommodatif devient inférieur à 3 δ. Elle survient en général au cours de la cinquième décennie. Le cristallin est composé de protéines solubles organisées autour d’un noyau puis d’un cortex, entouré d’une capsule élastique. Les fibres cristalliniennes qui le composent peuvent glisser les unes sur les autres. Il s’agit d’une structure déformable sphérique, dont le rayon de courbure est plus court sur la face postérieure (6 mm) que sur la face antérieure (6 mm au repos, 10 à 11 mm allongé). Le cristallin est suspendu par des centaines de fibres zonulaires, s’insérant de son équateur aux procès ciliaires. Au repos, le corps ciliaire exerce sur les fibres zonulaires une traction constante, imposant au cristallin une forme allongée. L’accommodation entraîne la contraction du muscle ciliaire (fig. 21-18), situé sous les procès ciliaires. Le diamètre du cercle musculaire zonulaire diminue, relâchant la traction des fibres zonulaires sur le cristallin. L’élasticité intrinsèque du cristallin lui permet alors de reprendre une forme sphérique, en augmentant principalement le rayon de courbure de sa face antérieure. Différents mécanismes simultanés permettent une augmentation du pouvoir réfractif cristallinien. La principale contribution est due à la modification de forme de la lentille cristallinienne, en particulier la variation du rayon de courbure de la capsule antérieure. Dans une moindre mesure, l’arrondissement asymétrique du cristallin vers l’avant déplace son centre optique antérieurement. Enfin, l’accumulation de fibres cristalliniennes sous la capsule antérieure augmente son indice de réfraction. Parallèlement, ces phénomènes s’accompagnent d’une diminution du diamètre pupillaire. Ce myosis diminue les aberrations optiques pénétrant dans le globe. Fig. 21-18 Dynamique cristallinienne avant la presbytie. (Source : Cochener B., Albou-Ganem C., Renard G., Rapport SFO, 2012[2]) L’accommodation est à la fois un mécanisme rapide (latence : 400 ms) mais pouvant se maintenir de façon prolongée. Le muscle ciliaire est un muscle lisse atypique, présentant des fibres musculaires dont la contraction rapide provoque des modifications brusques de la tension sur le cristallin. Il contient également des fibres musculaires toniques, qui se contractent plus lentement mais maintiennent une tension permanente des fibres zonulaires. Il est innervé par les fibres parasympathiques cheminant dans les nerfs ciliaires courts, qui provoquent sa contraction. Au contraire, les fibres sympathiques, cheminant dans le ganglion cervical supérieur, provoquent son relâchement. Les systèmes parasympathiques et sympathiques contrôlent respectivement l’accommodation et la désaccommodation. Les parasympathicomimétiques provoquent une contraction du muscle ciliaire et du sphincter de l’iris ; les parasympatholytiques (atropine, cyclopentolate…) inhibent le muscle ciliaire et le sphincter de l’iris. La rigidité du cristallin augmente avec l’âge. L’amplitude d’accommodation diminue progressivement jusqu’à disparaître complètement durant la cinquantaine [2]. Au-delà, la lecture à mi-distance est essentiellement permise par la profondeur de champ secondaire à la contraction pupillaire, plutôt qu’à une réelle modification de courbure cristallinienne. L’étude anatomique de la couche des cellules ganglionnaires de la rétine montre qu’il existe trois types principaux de cellules (une vingtaine a été individualisée) [1] : – les cellules ganglionnaires P, dites « naines », de petite taille, dont l’axone est fin, qui vont constituer la voie parvocellulaire ; – les cellules ganglionnaires M, dites « parasols », de grande taille, dont l’axone est épais, qui vont constituer la voie magnocellulaire ; – parmi les nombreux types de cellules ganglionnaires non-M non-P, le plus souvent à champ récepteur de grande taille, les cellules ganglionnaires bistratifiées, qui sont à opposition de couleur bleu/jaune. Lorsqu’on enregistre l’activité électrique évoquée de ces cellules (par électrophysiologie, par exemple), on réalise que les cellules ganglionnaires M ont un champ récepteur de grande taille, qu’elles répondent à un faible contraste (différentiel de luminosité entre « centre ON » et « périphérie OFF », ou l’inverse). Des cellules bipolaires font synapse avec elles. Au contraire, les cellules ganglionnaires P ont un champ récepteur de petite taille et l’opposition centre/périphérie du couple photorécepteur/cellule bipolaire qui lui est relié correspond à une opposition de couleur — cône de type M (medium, pour longueur d’onde moyenne « verte ») en opposition avec cône de type L (long, de longueur d’onde longue « rouge ») (fig. 21-19). Fig. 21-19 Connectivité des cellules ganglionnaires. Schématisation des voies M et P. Les axones des cellules ganglionnaires M, P et non M-non P sont ségrégés selon trois voies M, P et K et vont former synapse avec les neurones correspondants du corps géniculé latéral dorsal (CGLd) (fig. 21-20). Le CGLd comporte six couches de corps cellulaires séparées par des couches d’axones et de dendrites : – les deux couches ventrales sont composées des neurones dont le corps cellulaire est de taille relativement grande, d’où le nom de couches magnocellulaires (magnus, « grand ») ; leurs afférences proviennent des cellules ganglionnaires M ; – les quatre couches dorsales, nommées parvocellulaires, ont des neurones de petite taille (parvus, « petit ») qui reçoivent leurs afférences de cellules ganglionnaires de type P ; – la voie koniocellulaire correspond aux cellules ganglionnaires non M-non P qui projettent sur des cellules K (au corps cellulaire très petit : konio, « poussière ») à la face ventrale des couches magnocellulaires et parvocellulaires. Les deux ensembles magnocellulaire et parvocellulaire comportent des neurones dont les champs récepteurs ont des propriétés concentriques « centre ON » et « centre OFF », comme les cellules rétiniennes ganglionnaires. Une couche donnée du CGLd reçoit ses afférences uniquement de la rétine ipsilatérale (champ rétinien temporal) ou controlatérale (champ rétinien nasal). Ceci est la conséquence de la bifurcation des axones au niveau du chiasma. De ce fait, le CGLd d’un hémisphère reçoit les informations de la moitié opposée du champ visuel : hémichamp visuel droit pour le CGL gauche et respectivement hémichamp visuel gauche pour le CGL droit. 1. Bullier, J, Barone, PVoies optiques intracrâniennes et lobe occipital : anatomie, fonction, développement. Encycl Méd Chir. Paris: Elsevier, 1997. [Ophtalmologie, 21-008-A-40]. 2. Cochener, B, Albou-Ganem, C, Renard, GLa presbytie. Rapport à la Société Française d’Ophtalmologie. Paris: Elsevier Masson, 2012. 3. Duane, A. Studies in monocular and binocular accommodation with their clinical applications. Am J Ophthalmol. 1922; 5(Series 3):865–877. 4. Glasser, A, Accommodation. Adler’s Physiology of the eye. 11th edition. Elsevier Saunders, 2011. 5. Green, MR, Wolfe, JM. Global image properties do not guide visual search. J Vis. 2011; 11:1–9. 6. Rodieck, RW. Pluie de photons sur les cônes. In: La Vision. Bruxelles: De Boeck; 2003:68–101. 7. Rodieck, RW. Architecture fonctionnelle de la rétine. In: La Vision. Bruxelles: De Boeck; 2003:36–55. 8. Rodieck, RW. Voir. In: La Vision. Bruxelles: De Boeck; 2003:326–360. 9. Ross, MG, Oliva, A. Estimating perception of scene layout properties from global image features. J Vis. 2010; 10:21–25. 10. Roth, A. Accommodation. In: Roth A, Gomez A, Péchereau A, eds. La réfraction de l’œil : du diagnostic à l’équipement optique. Paris: Elsevier Masson, 2007. 11. Sacks, OL’Œil de l’esprit. Paris: Le Seuil, 2012. 12. Von Noorden, GK, Campos, EC. The near vision complex. In Binocular vision and ocular motility, 6th edition, St Louis: Mosby; 2002:85–100. II OPTIQUE ET RÉFRACTION Un œil est dit emmétrope lorsque l’image d’un objet situé à l’infini se forme sur sa rétine sans effort accommodatif. Une véritable emmétropie ne peut s’affirmer qu’après cycloplégie. S’il existe un défaut de réfraction, la focalisation de l’image ne se fait plus sur la rétine : ce défaut réfractif constitue une amétropie (fig. 21-21). Fig. 21-21 L’œil amétrope. L’œil amétrope est donc un œil dans lequel l’image d’un objet situé à l’infini ne se forme plus sur la rétine ; elle se forme soit en avant, œil myope (fig. 21-22 et 21-23), soit un arrière, œil hypermétrope (fig. 21-24 et 21-25). Selon que la focalisation se fait en un point ou en deux focales, l’amétropie sera stigmate ou astigmate (fig. 21-26). Fig. 21-22 La myopie (œil myope surconvergent). Fig. 21-23 Correction du myope. Le rayon infini se focalise en avant de la rétine. Le punctum remotum focalise sur la rétine. Principe de la correction : le punctum remotum est placé au foyer image F’ de la lentille et est projeté à l’infini. Fig. 21-24 L’hypermétropie (puissance optique insuffisante avec punctum remotum virtuel et punctum proximum éloigné). Hypermétropie axile : œil trop court. Hypermétropie de puissance : œil aphaque et cornée plate. Fig. 21-25 Correction de l’hypermétropie. Le punctum remotum est virtuel en arrière de l’œil hypermétrope : le foyer image de la lentille convergente coïncide avec le punctum remotum virtuel en arrière de l’œil. Fig. 21-26 L’astigmatisme : conoïde de Sturm (enveloppe des rayons réfractés après passage dans un dioptre astigmate). La prescription d’une correction optique a plusieurs buts : – compenser l’amétropie en focalisant les images sur la rétine et en permettant une perception nette des images, nécessaire en particulier au développement cérébral chez l’enfant ; – servir de support au traitement d’une éventuelle amblyopie par la mise en place de pénalisations optiques ; – compenser une déviation oculaire par l’incorporation de prismes (qui ne se fera qu’en cas de correction « aérienne »). La compensation de l’amétropie comporte deux étapes : – déterminer la quantité d’amétropie à compenser : la connaissance objective de l’amétropie passe obligatoirement par une cycloplégie pharmacologique (cyclopentolate ou atropine collyre). Le principe de la correction optique totale en est toujours le but, autant que faire se peut. Il en existe quelques accommodements chez l’adulte jeune ; – le mode de correction : la correction dite « aérienne » par verres correcteurs placés dans une monture reste la plus fréquente ; c’est la seule manière de réaliser une correction prismatique ; plus tard, une correction par lentille de contact ou par chirurgie réfractive (cornéenne ou intraoculaire) sera discutée selon le contexte. – l’enfant, chez lequel le système visuel se met en place : nécessité d’une focalisation rétinienne ; – l’adulte jeune où la correction de l’amétropie conduit à la « paix oculogyre » ; – le presbyte et ses troubles de l’accommodation ; – la personne âgée et ses troubles dégénératifs : cataracte, dégénérescence maculaire. La compensation de l’amétropie en totalité est à rechercher. Ce but n’est pas toujours aisé chez les hypermétropes jusqu’alors non corrigés : une correction progressive, aidée par l’instillation de cycloplégiques, aidera à atteindre la correction optique totale le plus rapidement possible afin d’assurer la stabilité oculomotrice (« paix oculogyre » de M.-A. Quéré[1]). Les corrections aériennes sont largement utilisées, mais les corrections par lentilles de contact seront proposées chez les « allergiques à la lunette » ; la correction par chirurgie réfractive ne se fera qu’au cas par cas. La correction optique viendra en complément, soit par une implantation après chirurgie de la cataracte, soit sous forme d’aide visuelle par différents systèmes grossissants en cas de dégénérescence maculaire (type lunettes de Galilée, fig. 21-27). Fig. 21-27 Lunette de Galilée. L’œil normal ou emmétrope (eu, « bon » ; metron, « mesure ») est composé essentiellement de deux dioptres, l’un fixe, la cornée, d’une puissance de 44 δ en moyenne (rayon de courbure moyen de 7,7 mm), l’autre variable, le cristallin, permettant la mise au point en vision de près, de puissance moyenne 21 δ (fig. 21-28). Ces paramètres n’étant pas constants d’un sujet à l’autre, l’emmétropie est un rapport harmonieux entre la longueur L de l’œil (22 mm à 25 mm) et la puissance de la cornée (rayon R, de 7,2 mm à 8,3 mm), permettant une focalisation rétinienne de l’image d’un objet situé à l’infini, sans effort. L’analyse statistique de ces deux paramètres, longueur L et rayon R, montre qu’il est possible d’établir une relation linéaire de régression avec une excellente corrélation (r2 = 0,97), résumée par la formule : Une dysharmonie entre longueur de l’œil et puissance réfractive, conduit à une amétropie : – de puissance : longueur normale mais convergence inadaptée ; – axile : convergence maintenue mais longueur anormale. Citons les principales amétropies (cf. fig. 21-21) : – la myopie : œil trop long ou trop convergent ; – l’hypermétropie : œil trop court ou insuffisamment convergent ; – l’astigmatisme : cornée ovale présentant deux rayons de courbure, en général perpendiculaires. Dans l’anisométropie (aniso, « différent » ; metron, « mesure ») apparaît une asymétrie réfractive entre les deux yeux. Les yeux sont des jumeaux réfractifs ; pour plus de 95 % de la population, la différence d’amétropie n’excède pas une dioptrie. L’anisométropie est légère (1 δ à 2 δ), moyenne (2 δ à 4 δ) ou forte (supérieure à 5 δ). L’anisométropie risque d’entraîner une différence de taille d’images perçues par chaque rétine, nommée aniséiconie (fig. 21-29), source de gêne fonctionnelle. Fig. 21-29 Amétropie axile. Il existe deux types fondamentaux d’anisométropie : – les anisométropies congénitales, ou encore innées, constitutionnelles : leur pourcentage est faible dans la population générale (quelques pour cent) ; il existe des anisométropies myopiques, moyennes ou fortes (de pronostic redoutable et de traitement difficile car une composante organique vient s’ajouter au désordre fonctionnel), des anisométropies hypermétropiques et des astigmatismes forts unilatéraux ; – les anisométropies acquises, de plus en plus fréquentes compte tenu du développement de la chirurgie réfractive et de la chirurgie de la cataracte. Les conséquences de l’anisométropie congénitale sont multiples. – mauvaise vision binoculaire avec altération du sens stéréoscopique ; – décompensation d’une hétérophorie conduisant au pire à un strabisme avec déviation constante ; – apparition d’une aniséiconie, autre trouble de la vision binoculaire, en fonction du mode de correction : passage d’une correction aérienne (lunettes) à une correction de contact ou réfractive. – légère (rapport d’acuité supérieur à 50 %) ; – moyenne (rapport d’acuité compris entre 50 % et 25 %) ; Cette amblyopie sera traitée par les moyens classiques de l’amblyopie : – correction optique totale après cycloplégie ; – occlusion totale du bon œil tant que le rapport d’acuité n’est pas supérieur à 50 % ; le traitement sera plus long en cas de strabisme associé ; – traitement d’entretien ou prophylaxie de la rechute d’amblyopie sur plusieurs années. De nombreux cas de figure sont possibles. Elle en est un exemple éloquent : longtemps considérée comme impossible à appareiller, la correction de l’aphaquie unilatérale a été bouleversée par l’apparition des lentilles de contact puis des implants intraoculaires. En effet, une correction optique aérienne unilatérale de 13 δ provoque une aniséiconie de 25 %, réduite à 8 % par une lentille de contact en vision de loin, à 5 % par une lentille de contact en vision de près additionnée d’un verre de – 3 δ en vision de loin, et annulée par un implant intraoculaire (fig. 21-30). Un bilan orthoptique est obligatoire avant toute chirurgie réfractive, ainsi qu’une cycloplégie. Classiquement, il existe une aniséiconie : – géométrique, optique, ou encore de transmission : celle des physiciens, donnée par le calcul optique de la taille des images sur la rétine ; – physiologique, ou de perception : mesurée par les tests ; – corticale, ou d’intégration : celle ressentie par le patient et dont la correction fait disparaître les troubles. – lorsqu’un œil a subi une chirurgie réfractive ou cristallinienne et qu’un déséquilibre apparaît, il est encore possible de corriger le trouble par la chirurgie du second œil : c’est le cas d’une opacification asymétrique des cristallins, où un œil est plus atteint que l’autre qui conserve encore une bonne vision ; s’il existe une forte amétropie antérieure, le choix de l’amétropie résiduelle postopératoire est délicat si on hésite à opérer immédiatement le second œil qui garde encore une bonne vision ; en cas de complication sur celui-ci, l’analyse expertale risquerait de mettre en cause la responsabilité du praticien lors d’une procédure ; – si les deux yeux ont déjà été opérés et que le déséquilibre apparaît après la chirurgie du second œil, les possibilités de traitement sont plus limitées : explantation d’un cristallin artificiel, lentille de contact ou retouche réfractive.
Physiologie
Pourquoi voit-on ? Le rôle de la fovéola
À droite, concentration maximale des cônes au niveau de la fovéola. L’angle correspondant à la distance entre deux cônes est 30 secondes d’arc, soit 0,5 minute d’arc. Cela explique que la vision maximale est de 20/10, la vision de 10/10 correspondant à 1 minute d’arc. L’angle minimum de résolution (MAR, Minimum Angle Resolution) est de 1 minute d’arc pour une vision de 10/10, soit 0 en LogMAR.
Architecture fonctionnelle de la rétine
ORGANISATION RADIAIRE
ORGANISATION TANGENTIELLE
Champs récepteurs, rétinotopie
NOTION DE CHAMP RÉCEPTEUR
NOTION DE RÉTINOTOPIE
Propriétés de la scène visuelle (orientation, mouvement, vitesse, relief, etc.)
Mise au point de l’image sur la rétine
OPTIQUE DE L’ACCOMMODATION
ANATOMIE DE L’ACCOMMODATION
Pourquoi divise-t-on la fonction visuelle selon une organisation magnocellulaire, parvocellulaire et koniocellulaire ?
a. Schématisation de la voie M : opposition à faible contraste centre/périphérie et grand champ récepteur. b. Schématisation de la voie P : opposition de couleur centre/périphérie et petit champ récepteur.
BIBLIOGRAPHIE
Quelle correction prescrire ?
Focalisation rétinienne : œil emmétrope (« bonne mesure ») ; focalisation antérieure : œil myope (trop long) ; focalisation postérieure : œil hypermétrope (trop court).
Myopie de puissance : cornée trop bombée (par exemple, kératocône). Myopie d’indice : cristallin trop puissant (par exemple, cataracte nucléaire). Myopie axile : œil trop long.
Dans la figure présentée le méridien vertical est plus convergent que l’horizontal. Après la traversée du dioptre, les rayons « verticaux » vont converger plus rapidement que les « horizontaux », ce qui explique : (1) la section elliptique à grand axe horizontal ; (2) la première focale horizontale correspondant au méridien vertical le plus convergent ; (3) le cercle de moindre diffusion situé entre les deux focales ; (4) la deuxième focale verticale, correspondant au méridien horizontal le moins convergent ; (5) l’élargissement du faisceau dont la section elliptique est à grand axe vertical.
PRESCRIPTION D’UNE CORRECTION OPTIQUE
CORRECTION OPTIQUE SELON L’ÂGE
CHEZ L’ADULTE JEUNE
CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE
a. Une première lentille convergente donne d’un objet éloigné AB une image réelle renversée A’B’ dans son plan image à ε près ; F’A’ = ε est très petit. b. Une seconde lentille divergente, dont le foyer F est à gauche de la convergente, donne une image définitive virtuelle renversée et agrandie vue sous un angle α.
Anisométropie et aniséiconie
GÉNÉRALITÉS
a. L’aniséiconie géométrique apparaît en cas de correction de contact ou intraoculaire. La taille des images rétiniennes grandit si l’œil s’allonge. b. Absence d’aniséiconie géométrique si le verre correcteur est placé au foyer objet de l’œil. La taille des images rétiniennes reste la même quelle que soit l’amétropie.
ANISOMÉTROPIE CONGÉNITALE
CONSÉQUENCES BINOCULAIRES
COMMENT TRAITER ?
ANISOMÉTROPIE ACQUISE
APHAQUIE UNILATÉRALE
MÉCONNAISSANCE D’UN ÉTAT ANTÉRIEUR ANISOMÉTROPIQUE
ANISÉICONIE
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