21. Pathologie ORL et ostéopathie

Chapitre 21. Pathologie ORL et ostéopathie



Pathologie inflammatoire de l’oreille moyenne


Altérations de la ventilation : otite sécrétrice (otite moyenne avec écoulement, otite moyenne séreuse, otite catarrhale)


Physiopathologie

Pathologie ORL et ostéopathieOreille moyenne Pathologie inflammatoireoreilleOreille moyenneotiteLa trompe auditive est obstruée pour diverses causes mécaniques ou fonctionnelles, qui produisent une pression négative dans la fente de l’oreille moyenne, puisque l’air existant est réabsorbé progressivement par les vaisseaux de la muqueuse.

Quand la fermeture tubaire se prolonge, il se produit :


• une métaplasie des cellules épithéliales plates mucopériostiques de l’oreille moyenne, qui se transforment en cellules prismatiques ciliées et sécrétrices de mucus ;


• une augmentation de l’activité sécrétrice des cellules caliciformes ;


• une formation de kystes muqueux à l’intérieur desquels peut apparaître du cholestérol.

La ventilation de l’oreille moyenne par la trompe auditive est altérée quand la partie supérieure de celle-ci contient du liquide du fait d’une otite moyenne.

Les enfants avec palais creux, antécédents d’allergie, symptômes d’hypertrophie adénoïdienne ou insuffisance immunitaire souffrent d’une plus grande incidence d’otite moyenne sécrétrice.

Les personnes qui présentent un palais creux sont plus susceptibles de souffrir d’otite moyenne sécrétrice persistante car une partie de la trompe ne s’ouvre pas dans sa totalité à cause d’un défaut de synchronisation musculaire, ou bien parce que l’orifice est partiellement fermé par le muscle élévateur du voile du palais pendant la déglutition, présentant ainsi une situation plus latérale.

Il existe non seulement des anomalies de trajet ou d’insertion des muscles palatins, mais aussi de la forme du cartilage de la trompe auditive (en coupe), de la structure et de la densité cellulaire de ce cartilage.

L’otite moyenne sécrétrice est généralement en relation avec des tumeurs de la tête et du cou, spécialement les tumeurs nasopharyngiennes.

L’obstruction mécanique de la trompe se produit par compression tumorale, par inflammation secondaire à la tumeur, ou bien en raison des effets de la radiothérapie.

En d’autres occasions, le muscle élévateur du voile du palais est détruit par l’invasion des cellules tumorales d’un lymphome.

Une extirpation chirurgicale agressive peut altérer la fonction de ce muscle, affectant le mécanisme actif d’ouverture de la trompe, ce qui agirait comme facteur causal.


Diagnostic


Manifestations cliniques

L’obstruction tubaire provoque :


• une sensation subjective de pression dans l’oreille ;


• une hypoacousie (c’est le symptôme de présentation le plus commun) ;


• parfois, une otalgie et des claquements pendant la déglutition.


Otoscopie et autres examens

On observe :


• un tympan rétracté ;


• une congestion des vaisseaux tympaniques et du manche du malléus ;


• une couleur ambrée de la pars tensa ;


• un niveau hydroaérien transtympanique.

Quand l’obstruction est chronique, si le patient se mouche, peut apparaître un tympan bleuté avec un niveau de liquide ou avec des bulles.

L’audiométrie tonale montre une hypoacousie de conduction.

La tympanométrie est l’épreuve diagnostique la plus précise si elle est employée avec l’otoscopie. La courbe obtenue avec le tympanogramme présente une compliance basse, centrée sur des pressions négatives.


Traitement médical

Le traitement est la suppression la maladie causale au moyen de vasoconstricteurs, d’antihistaminiques pour réduire l’hyperémie et l’œdème tubaire dans la rhinopharyngite d’étiologie allergique.

Le traitement médical doit toujours être essayé avant l’intervention chirurgicale et inclut des antibiotiques, des décongestifs, des antihistaminiques, le traitement d’allergie et l’immunisation.

Soixante-six pour cent des cultures d’échantillons obtenus par miringocenthèse d’oreilles avec otite moyenne sécrétrice ont des bactéries. Le traitement antibiotique est entamé avec l’amoxicilline et, s’il n’y a pas d’amélioration, on emploie les associations amoxicilline–acide clavulanique, l’érythromycine–sulfamétoxazol, trimétoprime–sulfamétoxazol, la céfuroxime acétyl ou la céfixime.

La miringocenthèse (incision de la membrane tympanique pour aspirer les sécrétions de l’oreille moyenne) sans ou avec insertion de tubes de ventilation permet de restaurer la capacité auditive.

L’adénoïdectomie peut améliorer la fonction de la trompe et se révèle bénéfique quand elle est associée à une miringocenthèse et à une insertion de tubes de ventilation chez les enfants avec otite moyenne sécrétrice récurrente et hypertrophie adénoïde.

Quand toutes les modalités thérapeutiques médicales et chirurgicales échouent, on doit évaluer la tympanotomie exploratoire et la mastoïdectomie.

L’exploration de l’oreille moyenne et de la mastoïde peut révéler une ostéite, une accumulation de liquide mucoïde épais, un granulome de cholestérol ou une muqueuse polypoïde et granulomateuse.

Dans les cas de non-traitement, l’évolution est dirigée vers un processus adhésif cicatriciel avec organisation d’un séro-muco-tympan et développement d’un granulome de cholestérol et d’une tympanosclérose.


Syndrome de la trompe insuffisante ou de la trompe ouverte

trompe insuffisanteCe syndrome produit une autophonie (résonance de sa propre voix), ainsi que la perception des bruits respiratoires. Il est dû à une insuffisance du mécanisme de fermeture tubaire par atrophie des muscles nasopharyngiens (ictus cérébral, poliomyélite, maladie de Parkinson) ou par atrophie du tissu gras au niveau de l’orifice tubaire produit par des altérations hormonales, contraceptives ou par un amaigrissement rapide.

Il est diagnostiqué par impédancemètre.

On doit traiter la cause déclenchante.


Otite


Généralités sur le diagnostic


Anamnèse


Douleur (otalgie)

OtiteotalgieC’est une caractéristique commune de l’otite externe aiguë et de l’otite moyenne aiguë.

Dans l’otite externe aiguë, la douleur est due à la situation inflammatoire du méat acoustique externe, provoquée par l’innervation sensitive qui inclut la troisième partie du nerf trijumeau (tragus et racine de l’hélix), le nerf facial (conque et fossette naviculaire de l’anthélix), les branches du plexus cervical (hélix, anthélix, lobule) et le nerf vague (partie profonde du méat acoustique et membrane tympanique).

La douleur augmente avec la déglutition ou en manipulant le pavillon de l’oreille.

Dans l’otite moyenne aiguë, la douleur est due à la retenue de pus, à la tension qui existe dans les cavités de l’oreille moyenne ; s’il y a eu une situation préalable d’ototubarite, généralement une sensation de vide ou de pression précède la douleur.

Quand il n’y a pas de douleur, il faut soupçonner une otite moyenne chronique.


Piqûre, irritation

Piqûre et irritation sont fréquentes dans l’otite externe et elles sont dues à la dermatite associée.


Odeur

Une suppuration chronique, faible, de coloration blanc jaunâtre et que le patient catalogue comme fétide, jusqu’au point de pouvoir la sentir dans la chambre ou dans le cabinet de soins, suggère une otite moyenne chronique.


Saignement (otorragie)

otorragieUn saignement peut se produire dans les processus infectieux de l’oreille externe et moyenne. Il indique une évolution défavorable d’un tableau chronique, ou bien la résolution d’une otite externe ou moyenne aiguë (tableau 21.1).













Tableau 21-1 Origine et diagnostic probable de l’otorragie.
Origine Diagnostic probable
Oreille externe (conduit) Otite externe
Oreille moyenne


Otite moyenne aiguë


Otite moyenne chronique active


Infection de la cavité par mastoïdectomie


Infection de l’oreille avec drainage transtympanique

Il existe d’autres symptômes propres aux altérations de l’oreille : hypoacousie et acouphènes.

La perception d’un son, de n’importe quelle tonalité ou intensité, dans une oreille avec otorrhée implique une affectation grave de l’oreille interne et une situation d’urgence pour le traitement.


Vertige

VertigeL’apparition de ce symptôme implique une détérioration fonctionnelle grave due au développement d’une labyrinthite avec ses conséquences néfastes pour l’audition et l’équilibre du patient, ainsi que la possible extension du processus infectieux aux structures intracrâniennes voisines.


Exploration otoscopique


Méat acoustique externe

Méat acoustiqueMéat acoustique externeL’inflammation, le grossissement et la cellulite de l’otite externe aiguë peuvent s’étendre au pavillon de l’oreille, et il est facile d’apprécier ces signes dans l’orifice d’entrée du méat acoustique externe ou une sténose de ce dernier. Cela est rare dans l’otite moyenne chronique (à moins que l’otorrhée provoque une irritation de la peau du méat acoustique) et dans l’otite moyenne aiguë (sauf en cas de mastoïdite qui produit une réaction inflammatoire par voisinage).

Une des causes fréquentes de consultation otologique est la suppuration de l’oreille, aussi appelée otorrhée.


Membrane tympanique

Membrane tympaniqueL’exploration de la membrane tympanique (et du tiers interne du méat acoustique externe) doit être effectuée avec un otoscope.

L’exploration doit être effectuée d’une manière méthodique :


• parois du méat acoustique externe ;


• paroi externe ;


• membrane tympanique avec le relief du manche du malléus ;


• courte apophyse du malléus et réflexe lumineux ;


• quand cela est possible, par transparence, les structures de l’oreille moyenne.

Il peut être nécessaire de demander au patient d’effectuer une manœuvre de Valsalva pour connaître le degré d’atrophie et d’élasticité de la membrane tympanique.

La figure 21.1 montre une otoscopie normale.








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Fig. 21.1
Otoscopie normale.



Culture

Une culture est nécessaire dans les cas résistants au traitement ou chez les patients avec des facteurs de risque.


Otite externe aiguë diffuse

OtiteOtite externe aiguë diffuseCe type d’otite est provoqué par un processus inflammatoire et infectieux de l’oreille externe par infection de Pseudomonas aeruginosa et de Staphylococcus aureus.


Physiopathologie

La maladie se développe si une pollution bactérienne du méat acoustique coïncide avec une situation de macération de la peau interne.

La peau du méat, dépourvue de moyens de protection, macère en raison de l’humidité et de la chaleur et sert de bouillon de culture aux bactéries.


Diagnostic


Douleur

Le symptôme fondamental est l’otalgie, qui est grave, progressive et qui irradie vers la région temporomandibulaire.

Toute manœuvre sur le pavillon de l’oreille ou sur le méat acoustique, y compris le simple fait de mastiquer, exacerbe la douleur.


Otorrhée

OtorrhéeL’otorrhée apparaît généralement dans une phase plus tardive ; elle n’est pas très abondante et au début elle est claire et fluide, pour devenir ensuite plus épaisse et être accompagnée de détritus et de restes épithéliaux.


Exploration otoscopique

On apprécie une inflammation externe ou de l’entrée du méat acoustique. Il existe divers degrés de suppuration et, dans des phases initiales, il y a un rougissement diffus qui par la suite se caractérise par un grossissement des parois du méat acoustique et par une réduction significative de leur diamètre (figure 21.2).








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Fig. 21.2
Otite externe diffuse. Patient de 25 ans qui, à la suite de bains en piscine, commence à remarquer une sensation de piqûre et une douleur dans les deux oreilles. L’exploration est très douloureuse et on apprécie une inflammation diffuse de la paroi postérieure du méat acoustique externe.



Traitement médical

C’est une forme naissante d’otite externe diffuse et le traitement consiste en l’instillation de gouttes avec gentamicine et dexaméthasone, 3 fois par jour pendant 10 jours.

May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 21. Pathologie ORL et ostéopathie

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