20: Rétinopexie pneumatique (« cryo-gaz »)

Chapitre 20 Rétinopexie pneumatique (« cryo-gaz »)



Décrite par Hilton en 1986 [4], la rétinopexie pneumatique est une alternative aux méthodes d’indentation indiquée pour des cas sélectionnés. Initialement, cette procédure était conçue pour être réalisée au cabinet (office procedure), donc à moindre coût. Au cours de ces vingt dernières années, environ quatre mille cas de rétinopexie pneumatique ont été publiés [2]. Cela indique que cette méthode ne s’est pas largement diffusée à travers le monde et reste rarement réalisée en France. Cependant, certains de ses avantages méritent qu’elle soit connue. La rétinopexie pneumatique, connue en France sous l’appellation « cryo-gaz », doit faire partie de l’arsenal des traitements des décollements de rétine non compliqués.




Conditions requises pour l’efficacité de la procédure


L’obturation de la déhiscence par la bulle de gaz doit durer le temps nécessaire à l’établissement d’une cicatrice de rétinopexie efficace. Lors de la cryoapplication, l’œdème induit diminue l’adhérence du neuroépithélium au cours de la première semaine et la pexie ne se constitue qu’entre le septième et quatorzième jour [5]. Pour cette raison, l’air ne peut être utilisé et un gaz à résorption lente est nécessaire


L’arc de contact de la bulle sur la rétine doit être suffisant pour assurer une obturation effective de la déhiscence. La tête dupatient n’étant pas immobile, on considère qu’il faut 30° de contact gaz-rétine de part et d’autre d’une déhiscence pour assurer une obturation efficace. Pour un œil emmétrope, on obtient un arc de contact de 60° avec une bulle de 0,3 ml, de 90° pour 1,2 ml et de 180° pour 2 ml. Le tonus du globe limite la quantité de gaz pouvant être injectée. C’est la raison pour laquelle les gaz utilisés seront des gaz expansifs, purs, non dilués. Enfin, il est nécessaire de positionner le patient pendant les jours suivant la rétinopexie pneumatique pour que la bulle tamponne effectivement la déhiscence pendant la constitution de la rétinopexie (fig. 20-1, b et c). On estime, si la déhiscence est située en dessous du méridien de 8 h, que le positionnement risque d’être aléatoire. Aussi la rétino- pexie pneumatique ne peut-elle s’adresser qu’aux déchirures supérieures. Enfin, la rétine ne peut être réappliquée que si elle est souple, sans membrane rétractile à sa surface. La rétinopexie pneumatique ne peut être proposée qu’aux décollements de rétine sans prolifération vitréorétinienne avérée (stade 0 à B).



Choix du gaz


Trois gaz sont régulièrement utilisés (cf. « I – Gaz : caractéristiques, indications, complications, surveillance » au chapitre 25) :





Le C2F6 n’est pas utilisé aux États-Unis, où la rétinopexie pneumatique est le plus largement pratiquée, la Food and Drug Administration n’ayant pas validé son usage. En Europe, le C3F8 n’est guère utilisé en raison de sa durée trop prolongée pour le but recherché.


Le choix du gaz dépend de sa durabilité et de son expansion rapportées à la localisation des déhiscences. Une déhiscence à 12 h sera plus durablement tamponnée qu’une déhiscence à 8 h par du jour [5]. Passé le quatrième jour, la bulle de SF6 ayant réduit son volume, l’arc de contact pour la déchirure de 8 h risque d’être insuffisant, pour peu que le patient ne respecte pas strictement sa position


La quantité de gaz injecté est limitée par le tonus oculaire. Si on veut une bulle à expansion maximum de 1,2 ml (90° d’arc de contact), cela nécessite l’injection de 0,3 ml ou 0,4 ml de C2F6, ce qui est possible, ou de 0,6 ml de SF6 ; dans ce dernier cas, une ponction de chambre antérieure sera nécessaire (fig. 20-2).




Rétinopexie


Cf. également chapitre 18.




image RÉTINOPEXIE AU LASER : CHIRURGIE EN DEUX TEMPS


Celle-ci ne peut être réalisée en pratique que lorsque la rétine a été préalablement réappliquée par la bulle de gaz, soit vingt-quatre ou quarante-huit heures après l’injection [4]. Il est alors très difficile de retrouver la déhiscence réappliquée au travers de la bulle de gaz [7]. La photocoagulation est également très difficile, voire impossible avec une lentille. Aux États-Unis, cette technique a été réalisée par certains opérateurs disposant d’un ophtalmoscope indirect binoculaire sur lequel est adaptée une fibre au laser. Dans ces conditions, la visualisation de la rétine au travers de la bulle est aisée et, en indentant, il est possible de retrouver la déhiscence et de la photocoaguler. Cette technique est difficile et, pour cette raison, très peu répandue.


Jun 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 20: Rétinopexie pneumatique (« cryo-gaz »)

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