2: Principes de la collaboration orthodontico-chirurgicale

Chapitre 2 Principes de la collaboration orthodontico-chirurgicale






Les acteurs




Médecin traitant (médecin référent ou pédiatre)


Il est rarement à l’origine de cette démarche thérapeutique. La formation universitaire initiale des médecins les conduit peu, en général, à connaître le rôle et les possibilités thérapeutiques qu’offre l’association orthodontico-chirurgicale. De la même façon, ils connaissent peu de chose de ce que peuvent être les conséquences d’une dysmorphie maxillomandibulaire, qu’il s’agisse de conséquences fonctionnelles locorégionales, à type de troubles de la mastication, ou de pathologies aux conséquences plus lourdes, à type de syndrome d’apnée obstructive du sommeil. Si beaucoup de jeunes patients n’ont pas de médecin traitant, certains d’entre eux peuvent être suivis pour une pathologie médicale dont il faut mesurer l’influence dans la prise en charge prévue ou parce que la dysmorphie maxillomandibulaire vient s’inscrire dans un syndrome polymalformatif ayant nécessité une prise en charge médicale dès le plus jeune âge.


Lorsque vient le temps de la chirurgie, il est nécessaire d’informer le médecin traitant de cette intervention et de lui faire part des informations données au patient. Ceci peut lui permettre de comprendre les suites opératoires desquelles il est en règle peu familier, alors qu’elles sont parfois spectaculaires, et d’assurer le relais de la prise en charge médicale lors du retour à domicile. Lui adresser le compte rendu opératoire et le compte rendu d’hospitalisation relève des règles qui s’appliquent après toute intervention chirurgicale.




Parodontologiste–implantologiste


La mise en route de ce traitement, comme tout traitement orthodontique, nécessite un examen préalable, clinique et radiologique, du parodonte, qui trouve d’autant plus sa justification que le patient est âgé. La suppression des foyers infectieux parodontaux est indispensable avant de commencer l’orthodontie. Cette évaluation de l’état parodontal doit être effectuée régulièrement tout au long de l’évolution du traitement orthodontique, quitte à devoir le suspendre ou l’arrêter si le respect des mesures d’hygiène s’avère impossible et si l’état parodontal s’aggrave. La mise en place d’implants peut être indiquée en plusieurs circonstances. Elle peut trouver sa place en début de traitement et l’implant servir d’ancrage orthodontique. Elle peut être une solution pour le remplacement d’une ou plusieurs dents dont on désire, pour la qualité du résultat, restaurer ou conserver l’espace. Il faut très tôt apprécier le volume osseux disponible et nécessaire. Un apport osseux peut éventuellement être effectué pendant l’intervention de chirurgie orthognathique, évitant ainsi une nouvelle intervention chirurgicale ultérieure. La question de la mise en place d’un ou plusieurs implants dans ce même temps chirurgical doit aussi être posée. Cette indication implantaire doit être effectuée dès la mise en place du plan de traitement. En effet, en raison de son incidence financière, y renoncer peut conduire à adapter le plan de traitement orthodontico-chirurgical.







Kinésithérapeute


La participation du kinésithérapeute à ce traitement orthodontico-chirurgical suppose qu’il connaisse les particularités anatomiques et fonctionnelles des dysmorphies maxillomandibulaires et le rôle qu’il peut jouer. Cette formation n’est que très peu assurée au sein des écoles de kinésithérapie et son acquisition nécessite, pour la plupart, une formation complémentaire. Le rôle de ce kinésithérapeute spécialisé est multiple :




Cette kinésithérapie doit être poursuivie jusqu’à la stabilisation du traitement orthodontique postopératoire.


Quelques conseils peuvent être prodigués à l’opéré, comme réaliser trois fois par jour :





Ces mouvements doivent être légèrement forcés à la fin de leur réalisation pour en augmenter progressivement l’amplitude.


Dans le cas où une génioplastie ne la contre-indique pas, une propulsion contrée avec un appui du pouce sur le menton pourra utilement re-coordonner le jeu musculaire propulsif des deux chefs des ptérygoïdiens latéraux.






Coordination orthodontico-chirurgicale


La communication entre l’orthodontiste et le chirurgien est essentielle. Elle assure la coordination du traitement, l’efficacité de la pluridisciplinarité et reste le meilleur garant d’un résultat final satisfaisant pour le patient. La compréhension mutuelle passe par une connaissance réciproque des deux spécialités en termes de vocabulaire, d’approche diagnostique et de moyens thérapeutiques.



Recueil des données



Motivations et première consultation chirurgicale


La première consultation chirurgicale peut être induite de trois façons différentes :






État général


Quel que soit le bien-fondé de la correction d’une dysmorphie maxillomandibulaire, cette correction chirurgicale doit cependant être pesée à l’aune du bénéfice attendu et des risques encourus. Il est donc indispensable de procéder à un interrogatoire médical concernant les antécédents personnels et familiaux. Il doit être soigneux et d’autant plus inquisiteur que le patient est âgé, à la recherche de traitements qui traduisent une pathologie chronique et peuvent avoir une influence sur la conduite de l’intervention et ses suites.


À l’opposé, si la tentation peut être d’opérer le patient le plus tôt possible afin d’épargner sa motivation et rendre plus aisé le changement de l’image, nous avons cependant pour règle d’attendre :





Examen clinique facial


Pour que les données de cet examen soient optimales, il doit être réalisé sans appui de la tête du patient, en position assise, buste droit, regard « au loin », musculature faciale et cervicoscapulaire relâchée.


De face, l’examen s’attache à :

la hauteur de la face en distinguant un tiers supérieur (entre la ligne frontale antérieure d’implantation des cheveux et le milieu de la tête des sourcils), un tiers moyen (entre le milieu de la tête des sourcils et le pied de la columelle) et un tiers inférieur (entre le pied de la columelle et le point sous-mental) (figure 2.2). Le tiers supérieur – en raison de fortes variations selon le sexe, l’âge, l’origine ethnique – est finalement peu fiable dans l’appréciation de cet équilibre idéal entre trois tiers égaux de la hauteur faciale ;






l’équilibre du tiers inférieur. C’est cet étage qui est le plus modifié par l’intervention chirurgicale. Il peut être divisé en trois étages égaux dans une face équilibrée. Ces étages sont déterminés par quatre lignes horizontales et parallèles passant par le pied de la columelle, le stomion, le fond du sillon labiomentonnier et le point sous-mental (figure 2.4). Il faut apprécier la forme, l’épaisseur et la dimension des lèvres, ainsi que l’espace qui les sépare au repos. Le rapport labiodentaire (ou découvrement incisif supérieur par la lèvre supérieure) est de 3 mm, en moyenne, au repos et doit découvrir toute la couronne de l’incisive centrale au sourire, en tenant compte de la hauteur de celle-ci. L’occlusion labiale doit se faire sans tension musculaire, et en particulier sans crispation des muscles du menton.

De profil, l’examen s’attache à :

la projection antérieure de chacun des trois étages de la face. On définit ainsi les profils ortho-, cis- ou transfrontaux en fonction de la position de la face par rapport à une verticale tangente au front et perpendiculaire au plan de Francfort (figure 2.5). La position du rebord infra-orbitaire situe l’importance de la projection maxillozygomatique. L’angle nasolabial, entre 85 et 105°, est le témoin de la forme du nez, de la projection antérieure des maxillaires, du soutien alvéolodentaire de la lèvre supérieure et des caractères de celle-ci (longueur et épaisseur en particulier) (figure 2.6). Le rapport labiodentaire et le sillon labiomentonnier traduisent en général la relation entre les arcades dentaires. Enfin, la position du menton – équilibrée par rapport à la pointe du nez ou proéminente ou fuyante –, la longueur sous-mentale et l’angle cervicomentonnier sont des données essentielles de cet examen.










Examen endobuccal et occlusal



Examen de la denture et de l’occlusion


Conditions d’examen : le dossier du fauteuil est incliné à 45°, sous bon éclairage.




Examen de l’occlusion


Examen de l’occlusion statique

Il est réalisé en intercuspidie maximale et dans les trois plans de l’espace.


Dans le sens sagittal, on note les relations molaire, canine et incisive :




Dans le sens vertical :






Ces anomalies verticales sont avant tout incisives ou incisivocanines, mais on peut noter également une infra- ou supraclusie molaire par anomalie alvéolaire (infra- ou supra-alvéolie).


Dans le sens transversal :





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Jun 28, 2017 | Posted by in DENTAIRE | Comments Off on 2: Principes de la collaboration orthodontico-chirurgicale

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