2. L’art et la science de la palpation musculaire

Chapitre 2. L’art et la science de la palpation musculaire


Plan du chapitre



Introduction,8


La science de la palpation musculaire,8


Débuter dans l’art de la palpation musculaire,9


Perfectionner l’art de la palpation musculaire,10


Liste récapitulative des directives de palpation musculaire,18


Conclusion,18

Objectifs du chapitre
Après avoir terminé ce chapitre, l’étudiant doit être capable de réaliser les éléments suivants.




1. Définir les concepts-clés de ce chapitre.


2. Expliquer pourquoi et démontrer comment la connaissance des insertions d’un muscle est utile à sa palpation.


3. Expliquer pourquoi et démontrer comment la connaissance des actions d’un muscle est utile à sa palpation.


4. Discuter et donner un exemple de l’importance du choix de l’action du muscle cible la plus efficace pour isoler sa contraction.


5. Discuter et donner un exemple de l’idée d’employer le raisonnement critique pour trouver comment palper un muscle, plutôt que de mémoriser sa procédure palpatoire.


6. Discuter l’intérêt d’ajouter une résistance à la contraction du muscle cible du patient et en faire la démonstration.


7. Expliquer pourquoi on ne doit pas intercaler d’autre articulation quand on ajoute une résistance à la contraction du muscle cible et en donner un exemple.


8. Expliquer pourquoi il vaut mieux chercher visuellement le muscle cible avant de poser la main palpatoire sur le patient.


9. Expliquer pourquoi il est préférable de commencer par repérer le muscle cible à l’endroit le plus accessible.


10. Discuter l’intérêt de palper perpendiculairement en travers du corps ou du tendon d’un muscle cible et en faire la démonstration.


11. Expliquer l’intérêt d’avancer à petits pas quand on palpe un muscle et savoir le faire.


12. Discuter l’importance d’alterner contraction et décontraction du muscle cible.


13. Expliquer comment la connaissance des actions associées peut aider à palper les muscles rotateurs de la scapula, en donner un exemple et en faire la démonstration.


14. Expliquer comment utiliser l’innervation réciproque pour palper un muscle cible, en donner un exemple et en faire la démonstration.


15. Expliquer l’importance d’utiliser une pression adaptée et donner des exemples de situations où une faible pression est préférable à une forte pression et inversement.


16. Discuter l’importance d’une palpation lente et du mode respiratoire du patient quand on palpe des muscles profonds.


17. Expliquer et donner un exemple de l’utilisation d’un muscle comme point de repère pour localiser et palper un autre muscle.


18. Discuter pourquoi il est important de décontracter et de détendre passivement un muscle cible quand on palpe ses insertions osseuses.


19. Expliquer en quoi fermer les yeux pendant la palpation peut aider le thérapeute.


20. Expliquer en quoi la représentation mentale de l’anatomie sous-cutanée du patient peut aider le thérapeute.


21. Décrire une approche à tenter pour atténuer la sensibilité d’un patient chatouilleux.


22. Expliquer l’importance d’avoir les ongles courts et lisses.


23. Discuter la relation entre l’utilisation de la position optimale du patient pour la palpation musculaire et les exigences positionnelles du traitement.




Présentation


Ce chapitre développe les principes de la palpation énoncés dans le chapitre 1, en abordant spécifiquement la palpation telle qu’elle s’applique aux muscles squelettiques du corps. Vingt directives contenant tout l’art et la science de la palpation musculaire sont discutées. Les deux directives fondamentales, décrites comme la science de la palpation musculaire, sont la connaissance des insertions et des actions du muscle cible. Les 18 autres directives décrivent comment débuter et perfectionner l’art de la palpation musculaire. Au total, ces directives peuvent contribuer à enrichir le répertoire palpatoire des muscles du corps. Le chapitre conclut avec une liste récapitulative des 20 directives.


Introduction


Comme décrit dans le chapitre 1, la palpation du corps du patient implique le repérage et l’évaluation d’une structure appelée la structure cible. La première étape palpatoire est le repérage précis de la structure cible. Une fois qu’elle est repérée, la seconde étape est l’évaluation de son état de santé. Quand la structure cible est un os ou un repère osseux, le processus de palpation est relativement facile, parce que le squelette est un tissu dur entouré de tissus mous. Par conséquent, les os et les repères osseux font saillie. Cependant, lorsque la structure cible est un muscle, la palpation peut être plus difficile, car un muscle est un tissu mou, habituellement entouré d’autres tissus mous ; pour cette raison, distinguer un muscle de tous les muscles adjacents et des autres tissus mous est plus délicat.

Étant donné que les massothérapeutes et nombre d’autres praticiens de thérapie corporelle travaillent essentiellement sur les muscles, la palpation précise de la musculature est de la plus haute importance ; c’est particulièrement vrai quand on travaille cliniquement. L’intérêt central de ce chapitre est d’apprendre comment mettre en application la première étape de la palpation musculaire, c’està-dire d’apprendre comment repérer un muscle cible. Quand nous parlons de palper un muscle, par principe, nous sous-entendons le repérage du muscle. Dans ce but, dans ce chapitre, nous proposons 20 directives qui contribueront à accroître le répertoire palpatoire de la musculature du corps. Il est recommandé de lire intégralement ce chapitre avant de s’essayer à la palpation des muscles squelettiques décrite dans les chapitre 10, chapitre 11, chapitre 12, chapitre 13, chapitre 14, chapitre 15, chapitre 16, chapitre 17, chapitre 18, chapitre 19 and chapitre 20.







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Reportez-vous au DVD 1 pour une démonstration de comment palper.


La science de la palpation musculaire



Directive n° 1 : connaître les insertions du muscle cible


Lorsqu’un muscle est superficiel, habituellement il n’est pas difficile à palper. Si nous savons où il se situe, il nous suffit de placer nos mains à cet endroit et de chercher à le sentir. À travers la peau, on se trouvera directement sur le muscle, sauf si le tissu graisseux sous-cutané est particulièrement abondant dans cette région. Ainsi, la première étape de la palpation musculaire est la connaissance des insertions du muscle cible. Par exemple, si nous savons que le deltoïde s’insère sur la partie latérale de la clavicule, l’acromion, l’épine de la scapula et la tubérosité deltoïdienne de l’humérus, il nous suffit de placer la main dans l’espace ainsi déterminé pour le sentir (figure 2-1).








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Figure 2-1
Le deltoïde est un muscle superficiel et peut être palpé simple-ment en plaçant la main palpatoire sur le muscle, entre ses insertions. Par conséquent, pour palper un muscle, la première étape indispensable est la connaissance des insertions du muscle cible.



Directive n° 2 : connaître les actions du muscle cible


Fréquemment, même si le muscle cible est superficiel, il peut être difficile de distinguer les limites du muscle. Lorsque le muscle cible est situé en profondeur sous un autre muscle, il peut devenir beaucoup plus difficile à palper et à distinguer à la fois des muscles voisins et des muscles superficiels. Dans ce cas, demander au patient de contracter le muscle cible, en exécutant une ou plusieurs de ses actions, aide à mieux le distinguer de la musculature adjacente et des autres tissus mous. Quand le muscle cible se contracte, il devient significativement plus dur. En supposant que tous les muscles adjacents restent décontractés et donc mous, la différence de texture tissulaire entre le muscle cible dur et les muscles adjacents mous deviendra claire. Cela permettra de déterminer avec précision l’emplacement du muscle cible. Par conséquent, la seconde étape de la palpation musculaire est la connaissance des actions du muscle cible (figure 2-2).








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Figure 2-2
L’emplacement précis du deltoïde est plus facile à palper quand le muscle est contracté. Pour cela, on demande au patient de faire une abduction du bras au niveau de l’épaule, contre la force de la pesanteur. Quand un muscle se contracte, il devient franchement plus dur et plus aisé à distinguer des autres tissus mous adjacents. Donc, connaître les actions d’un muscle constitue la seconde étape indispensable pour palper un muscle.


Les directives un et deux de la palpation musculaire impliquent d’avoir acquis la « science » du muscle cible ; autrement dit, de connaître les insertions et les actions du muscle, telles qu’on les a apprises préalablement pendant l’enseignement des muscles du corps. Fort de cette connaissance, on peut retrouver par le raisonnement comment palper la majorité des muscles, au lieu de l’apprendre par cœur. Utiliser les insertions et les actions pour palper un muscle cible peut être considéré comme la science de la palpation musculaire.


Débuter dans l’art de la palpation musculaire



Directive n° 3 : choisir la meilleure action du muscle cible pour obtenir sa contraction


Faire appel à la connaissance des insertions et des actions du muscle cible afin de le palper constitue une base solide pour le répertoire palpatoire. Cependant, une palpation efficace exige non seulement que le muscle cible se contracte, mais aussi qu’il s’agisse d’une contraction isolée du muscle cible. Cela signifie que le muscle cible doit être le seul à se contracter et que tous les muscles proches de lui restent décontractés. Malheureusement, comme les muscles adjacents partagent souvent la même action articulaire avec le muscle cible, se contenter de placer nos mains sur l’emplacement du muscle cible et demander n’importe laquelle de ses actions pour qu’il se contracte ne suffit généralement pas. Si l’action choisie est partagée avec un muscle adjacent, celui-ci se contractera aussi, rendant très difficile de distinguer le muscle cible du muscle adjacent.

Pour cette raison, le thérapeute doit se montrer créatif et exercer son esprit critique lorsqu’il s’agit de déterminer quel mouvement demander au patient. C’est là que l’art de la palpation commence. Il exige la connaissance non seulement des actions du muscle cible, mais aussi des actions de tous les muscles adjacents. Grâce à cette connaissance, on peut demander au patient de réaliser l’action articulaire la mieux adaptée à la palpation du muscle cible.







Il arrive que le patient soit incapable de se limiter à l’action demandée par le thérapeute. C’est particulièrement vrai avec les mouvements des orteils, parce que, habituellement, nous ne développons pas la coordination nécessaire pour isoler certaines actions des orteils. Par exemple, si le muscle cible est le long extenseur des orteils (LEO) et qu’on demande au patient de faire travailler ce muscle en faisant une extension des orteils deux à cinq dans les articulations métatarsophalangiennes et interphalangiennes, le patient peut être incapable d’étendre ces orteils sans étendre en même temps le gros orteil (premier orteil). Cela pose un problème car l’extension du gros orteil recrute également le muscle long extenseur de l’hallux (LEH). Quand cela arrive, il est tentant d’isoler l’extension des orteils deux à cinq en maintenant abaissé le gros orteil du patient, de façon qu’il ne se mobilise pas en extension. Cependant, lorsqu’on recrute le muscle cible, c’est pour qu’il soit le seul à se contracter. Dans ce scénario, si le gros orteil est maintenu abaissé, même s’il ne bouge pas, le LEH se contracte. Simplement, il le fait sur un mode isométrique au lieu de concentrique. Cela provoquera tout de même la contraction et le durcissement du LEH, rendant plus difficile de palper et de distinguer le LEO. Pour cette raison, chaque fois qu’un patient contracte un muscle qu’il n’est pas supposé contracter, empêcher le segment corporel de bouger n’aide pas la palpation. C’est la contraction de tout autre muscle que le muscle cible qui est indésirable, pas le mouvement d’un segment corporel.











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Figure 2-3
Palpation du fléchisseur radial du carpe (FRC). Pour rendre le FRC plus facile à palper, on demande au patient de réaliser une de ses actions. Si on demande au patient de fléchir la main au niveau de l’articulation du poignet comme montré en A, le FRC se contractera, mais le muscle long palmaire (LP) aussi, ce qui rendra difficile de distinguer le FRC du LP. Mais, si on demande au patient de faire une inclinaison radiale comme montré en B, la contraction se limitera au FRC, alors que le LP adjacent restera décontracté. Cela rend la palpation et la distinction du FRC plus faciles.



Perfectionner l’art de la palpation musculaire


La connaissance des insertions et celle des actions du muscle cible sont les deux premières étapes de l’apprentissage de la science de la palpation musculaire. Déterminer quelle action articulaire demander au patient est le début de l’apprentissage de l’art de la palpation musculaire. musculaire. Cependant, se perfectionner dans l’art de la palpation musculaire implique la connaissance et l’application de bien d’autres directives. Ces directives supplémentaires sont présentées dans les pages suivantes. Après discussion de chacune des directives, vous trouverez une liste récapitulative de l’ensemble des 20 directives de palpation musculaire. Il est difficile sinon impossible de se rappeler une liste aussi longue. Mieux vaut assimiler ces directives en les utilisant dans la palpation des muscles squelettiques, telle qu’elle est décrite dans les chapitre 10, chapitre 11, chapitre 12, chapitre 13, chapitre 14, chapitre 15, chapitre 16, chapitre 17, chapitre 18, chapitre 19 and chapitre 20 de la partie III de ce livre. Avec la pratique, ces directives vous deviendront familières et confortables et elles amélioreront l’art et la science de votre technique de palpation musculaire.


Directive n° 4 : ajouter une résistance à la contraction du muscle cible


Quand on demande au patient d’effectuer une des actions articulaires du muscle cible pour que celui-ci se contracte, durcisse et devienne évident, il arrive que cette contraction soit trop faible pour être aisément palpable. C’est particulièrement vrai quand l’action articulaire n’engage pas la mobilisation d’une partie importante du corps et/ou si la partie du corps concernée n’est pas mobilisée contre pesanteur. Quand la contraction du muscle cible n’est pas assez énergique, il peut être nécessaire au thérapeute d’ajouter une résistance, afin que le muscle cible se contracte plus fort et se voie mieux. Le rond pronateur en est un bon exemple, quand on demande au patient de faire une pronation de l’avant-bras dans les articulations radio-ulnaires. Étant donné que l’avant-bras ne constitue pas un grand segment corporel et que la pronation ne se fait pas contre pesanteur, le rond pronateur se contractera, mais très probablement de façon insuffisante pour devenir saillant et être facilement palpable. Dans ce cas, le thérapeute peut ajouter une résistance à la contraction du patient, en s’opposant à la pronation de l’avant-bras. Cela va entraîner une contraction plus intense du rond pronateur, le rendant plus facile à palper et à distinguer de la musculature adjacente (figure 2-4).






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Apr 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE ET PROFESSIONNELLE | Comments Off on 2. L’art et la science de la palpation musculaire

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