2: Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement

Chapitre 2 Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement


Les 206 os du squelette et les articulations qui les unissent forment la charpente de soutien qui donne à la fois forme et mobilité au corps humain. L’os, grâce à sa résistance, joue un rôle statique de support et d’orientation spatiale des ensembles articulaires. L’articulation elle-même est le véritable organe du mouvement, grâce auquel nous pouvons nous mouvoir librement lorsque tout fonctionne bien.



Système biomécanique à la base du mouvement





Classification des articulations


La classification structurelle, dérivant de l’organogenèse, distingue les articulations fibreuses, cartilagineuses et synoviales.


La classification fonctionnelle permet de distinguer :









Syssarcoses


Les structures vectrices de mouvement dans le corps humain ne se limitent pas aux seules articulations squelettiques précitées. Tout dispositif de glissement peut être compris comme une véritable articulation. En effet, lorsque les éléments rigides bougent, les éléments mous doivent eux aussi se mobiliser et s’adapter à la nouvelle configuration créée par le mouvement.


À titre d’exemple, nous pouvons citer deux composantes nécessitant ces glissements : ce sont le système musculaire et la sphère viscérale.





Structure des diarthroses



Os épiphysaire


L’extrémité articulaire de l’os correspond à la partie coiffée par le cartilage articulaire, qui la moule intimement et lui est solidement arrimée. L’os épiphysaire est constitué par du tissu osseux spongieux, bien moins dense et moins résistant que l’os compact. Cependant, il se modifie pour former, juste au-dessous du cartilage articulaire, une couche particulièrement dense et solide : la plaque osseuse sous-chondrale. Elle correspond à la zone d’arrimage du cartilage, encore appelée jonction ostéo-chondrale.


L’os épiphysaire fournit à l’articulation ses axes de soutien et une partie de ses bras de levier. La nature des mouvements possibles dépend de la forme et des modalités d’emboîtement des extrémités articulaires en présence. Cet emboîtement n’est pas toujours parfait ou suffisamment stable. Parfois, pour le compléter, un fibrocartilage s’interpose entre les extrémités osseuses (ménisque, bourrelet, labrum, etc.). Il joue le rôle, à la fois, d’élément améliorant l’emboîtement des extrémités articulaires, d’amortisseur et de répartiteur de pression.


La très riche vascularisation de l’os épiphysaire et sa faible densité lui donnent des possibilités d’évolution et de remaniement très rapides. Il peut ainsi être le siège de phénomènes de déminéralisation ou de condensation.


Il constitue également une voie d’échange entre le cartilage articulaire et l’os. Elle devient importante en cas d’arthrose ou d’inflammation de l’articulation. La plaque osseuse sous-chondrale se modifie dans le processus arthrosique ou même lors d’infection articulaire. Elle limite, dans un premier temps, l’extension du phénomène septique articulaire à l’os spongieux sous-jacent.



Cartilage articulaire


Le cartilage articulaire est un constituant central de l’articulation qui appartient simultanément au sous-système de leviers et au sous-système de glissement.


Il joue un rôle essentiel dans la mécanique articulaire en amortissant les pressions considérables auxquelles les épiphyses sont soumises, et en permettant un glissement harmonieux d’une épiphyse sur l’épiphyse opposée.


L’épaisseur du cartilage articulaire n’est pas la même d’une articulation à l’autre, ni même d’un point à l’autre au sein d’une même articulation, en particulier au niveau des zones d’appui. À la hanche et au genou, son épaisseur est en moyenne de 2 à 4 mm.



Composition et structure


Les propriétés du cartilage articulaire lui sont conférées par une composition et une structure très particulières, agencées autour :





Matrice extracellulaire du cartilage




Fibres de collagène

La cohésion mécanique de ce gel, ainsi constitué, est assurée par un réseau tridimensionnel de fibres de collagène qui l’emprisonne et en évite la dispersion.


Des modifications dans l’orientation des fibres permettent de distinguer grossièrement trois couches différentes au sein du cartilage articulaire :





De manière très simpliste, on peut représenter cette architecture cartilagineuse au moyen du schéma déjà ancien de Beninghoff. Bien que ce dernier ne corresponde pas exactement à la réalité, il permet de comprendre les phénomènes intervenant lors de l’amortissement des pressions par le cartilage (fig. 2-4).



Lorsque le cartilage est soumis à une force de pression, les « arches collagéniques » se dépriment et ont tendance à s’étaler. La déformation est limitée par la compressibilité très limitée du gel de protéoglycanes. Dès que la pression cesse, le cartilage reprend sa forme initiale.


Cette différence d’orientation a aussi des conséquences sur la nature des lésions cartilagineuses dans les phénomènes d’ostéochondrose ou dans les dégénérescences arthrosiques. Par exemple, on observe d’abord une fissuration tangentielle à la surface du cartilage, puis l’installation de fissures plus profondes qui s’enfoncent perpendiculairement à cette surface.




Architecture et fonctions


Grâce à cette composition très spéciale, le cartilage assure des fonctions vitales au maintien de la bonne santé des articulations.


L’architecture du cartilage peut être comparée à celle d’un matelas à ressort très sophistiqué.






Ainsi, le cartilage articulaire :






Au total, le cartilage articulaire normal doit :








Fibrocartilages






Membrane synoviale


La membrane synoviale est une membrane fine qui s’attache au pourtour de l’articulation pour former une cavité close, la cavité articulaire, contenant le liquide synovial.


Le liquide synovial est une matrice liquide indissociable sur le plan métabolique et mécanique de la matrice tissulaire du cartilage. La membrane synoviale possède de nombreuses cellules spécialisées, de multiples vaisseaux sanguins, des lymphatiques et des nerfs.


Ses fonctions principales sont :








Histologie


La membrane synoviale est constituée par un réseau très lâche de fibres collagènes et de fibres élastiques. Au sein de ces fibres, on trouve une assise cellulaire simple de cellules synoviales ou synoviocytes ayant des fonctions macrophagiques et sécrétoires. Il ne s’agit pas d’un endothélium car il n’y a pas de membrane basale. D’autre part, l’eau, les sels minéraux et les petites molécules peuvent filtrer vers la cavité articulaire, rejoignant les produits de sécrétion des synoviocytes pour former le liquide synovial.


La membrane synoviale est en outre parcourue par un réseau extrêmement dense de capillaires artériels et veineux. Ces vaisseaux présentent des pores, ouverts du côté de la cavité articulaire. Cette richesse vasculaire permet à la membrane synoviale d’être le site d’échanges permanents entre le plasma sanguin et le liquide synovial, tout en lui conférant de grandes capacités réactionnelles en cas de phénomène inflammatoire.


La cicatrisation de la membrane synoviale s’effectue facilement et rapidement après arthrotomie, par exemple. Sa surface est recouverte de villosités microscopiques qui, lors de processus pathologiques, peuvent s’hypertrophier et donner naissance à des bourgeons charnus volumineux, susceptibles d’envahir et de cloisonner la cavité articulaire (fongosités).


Il existe trois types de synoviocytes :






Liquide synovial




Composition


Le liquide synovial est élaboré par la membrane synoviale. Pour la plus grande partie, le liquide synovial est un dialysat sélectif du plasma auquel il manque les protéines de poids moléculaire élevé.


Ce dialysat résulte d’une ultrafiltration au travers de la membrane synoviale. Il contient à l’état normal moins de 300 éléments cellulaires par mm3, surtout mononucléaires, quelques polynucléaires et des cellules synoviales.


La membrane synoviale laisse passer l’eau, ainsi que les molécules de petite taille. On trouve dans la synovie normale des électrolytes, du glucose, de l’acide urique, de la bilirubine, de l’albumine et des immunoglobulines en proportion comparable à celles du plasma.


Dans les conditions physiologiques, les molécules de poids moléculaire élevé, comme le fibrinogène, ne pénètrent pas dans le liquide synovial. En conséquence, un liquide synovial physiologique ne coagule jamais.


Lors de phénomènes inflammatoires, la perméabilité sélective de la membrane synoviale peut se trouver modifiée, permettant un passage intra-articulaire du fibrinogène. Dans ces conditions, on peut assister à la formation de flocons intra-articulaires de fibrine. Le liquide synovial est aussi susceptible de coaguler après prélèvement.


Le liquide synovial contient en plus une substance absente du sang, la mucine. Cette dernière, composée d’acide hyaluronique lié à une protéine, confère au liquide synovial ses caractéristiques essentielles de viscosité et de haut pouvoir lubrifiant.


Enfin, il existe dans le liquide synovial de nombreux systèmes enzymatiques, sans action sur le cartilage normal. Dans certains processus pathologiques, cette protection peut disparaître, ce qui peut induire une dégradation enzymatique du cartilage, comme dans l’arthrose.

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Jul 2, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 2: Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement

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