Syndrome douloureux régional complexe1
II PHYSIOPATHOLOGIE
La physiopathologie de l’algodystrophie n’est pas clairement élucidée.
Il pourrait s’agir d’un dérèglement du système neurovégétatif, les phénomènes douloureux entraînant les troubles trophiques, vasomoteurs et la déminéralisation.
Des facteurs favorisants sont recherchés :
– traumatisme : à l’origine de 50 % des algodystrophies ; fracture, luxation, entorse, immobilisation plâtrée, intervention chirurgicale, rééducation intensive… parfois un traumatisme minime ;
– pathologie thoracique : infarctus du myocarde, péricardite, cancer bronchopulmonaire et mammaire, pneumothorax, chirurgie thoracique : responsables d’algodystrophie du membre supérieur ;
– pathologie neurologique : centrale (hémiplégie sur accident vasculaire cérébral, hémorragie méningée, tumeur, traumatisme crânien) ou parfois périphérique (zona, radiculalgie, atteinte tronculaire) ;
– cause endocrinienne ou métabolique : hypothyroïdie, hypertriglycéridémie, diabète (facteurs favorisants de la capsulite rétractile d’épaule) ;
– grossesse : elle favorise l’algodystrophie de hanche, à différencier d’une ostéonécrose aseptique de hanche ou d’une fissure/fracture du col fémoral ;
– cause médicamenteuse : barbituriques (rhumatisme gardénalique : syndrome épaule-main bilatéral), antituberculeux (isoniazide).
III CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE
Le diagnostic sera évoqué devant l’apparition d’un syndrome douloureux régional survenant après un traumatisme associé à des troubles trophiques, des troubles vasomoteurs sans syndrome inflammatoire.
Dans la moitié des cas, aucun traumatisme n’est retrouvé et il faudra rechercher des facteurs favorisants.
Il existe des formes frustes rendant le diagnostic difficile et la nécessité d’examens complémentaires.
Des formes d’emblée « froides » sont possibles, dominées par l’enraidissement.
V EXAMEN CLINIQUE
Phase chaude, durant plusieurs semaines à plusieurs mois :
– signes fonctionnels : il existe des douleurs d’aggravation progressive, d’intensité variable, intéressant une région articulaire plus ou moins étendue, débordant volontiers sur les articulations de proximité. L’horaire des douleurs est souvent de type inflammatoire. Il s’y associe en général une impotence fonctionnelle parfois totale ;
– signes physiques : il existe souvent une tuméfaction locorégionale (fig. 195-1), sous forme d’œdème mou. La peau est lisse, brillante, peut être rouge, chaude avec hyperpulsatilité artérielle et hypersudation locale. Ces signes sont plus nets aux extrémités (mains, pieds) et souvent absents sur les articulations proximales (épaules, hanches). Il n’existe pas d’adénopathie ni de fièvre.
Fig. 195-1 Algodystrophie du pied gauche : phase chaude. (Voir aussi dans le cahier couleur.) (Source : Cofer ; diapothèque du Collège Français des Enseignants en Rhumatologie. http://www.lecofer.org/.)