Réaction inflammatoire : aspects biologiques et cliniques. Conduite à tenir
I MANIFESTATIONS CLINIQUES
A Signes généraux
La fièvre (> 38,5 °C) associée à des frissons est très évocatrice d’une bactériémie ou d’un syndrome grippal.
L’existence de sueurs nocturnes est à rechercher en demandant au patient s’il est obligé de changer les draps dans la nuit. Les diagnostics à évoquer devant des sueurs nocturnes sont :
La classique triade de l’altération de l’état général (altération de l’état général avec amaigrissement, anorexie, asthénie) ne permet pas d’orienter le diagnostic de façon précise. Cependant, une perte de plus de 10 % du poids initial en 6 mois nécessite des explorations car il s’agit alors d’une dénutrition et qui doit toujours faire rechercher un processus tumoral en première intention, sauf autres signes d’appel.
B Signes locaux
Typiquement, ils consistent en une rougeur, une chaleur, une douleur et un gonflement (œdème).
Si nous prenons l’exemple de l’arthrite septique du genou, l’articulation sera tuméfiée, chaude et inflammatoire. L’autre signe clinique permettant d’évoquer un épanchement est l’existence d’une raideur.
La douleur est alors d’horaire inflammatoire : nocturne, douleur d’emblée maximale avec raideur ou dérouillage matinal (évalué en minutes, correspondant au temps nécessaire pour utiliser l’articulation), avec une amélioration par l’activité.
II MANIFESTATIONS BIOLOGIQUES
A Élévation de la protéine C-réactive (CRP)
La CRP est un marqueur de l’inflammation très rapidement élevé dans les infections bactériennes : une CRP supérieure à 200 mg/l doit faire rechercher une infection bactérienne.
Sa concentration plasmatique s’élève dès la 6e heure et est maximale en 24 heures. Son taux, qui peut varier d’un facteur 10 à 100, diminue 48 heures après la fin de l’agression et se normalise en une dizaine de jours.
Elle est produite par le foie sous l’influence des cytokines : interleukine 1 (IL-1), TNFα et surtout interleukine 6 (IL-6).
Les autres situations d’élévation de la CRP sont :
B Élévation des autres protéines de l’inflammation
3 Élévation de la ferritine
La ferritinémie peut être élevée au cours d’un syndrome inflammatoire.
Son élévation dans un contexte de fièvre inexpliquée doit faire rechercher un syndrome d’activation macrophagique :
– il se caractérise par une hépato-splénomégalie, une hyperferritinémie, une pancytopénie, une élévation des LDH, une hypertriglycéridémie, une baisse du fibrinogène ;
– le diagnostic de certitude est confirmé sur la découverte d’une hémophagocytose sur un prélèvement médullaire (myélogramme ou biospie ostéomédullaire) ;
– ce syndrome d’activation macrophagique est souvent associé aux hémopathies lymphoïdes, à certaines infections virales et bactériennes, ou à certaines arthrites juvéniles systémiques (comme la maladie de Still) ;
4 Élévation de la procalcitonine
La procalcitonine (PCT) est le précurseur de la calcitonine, hormone hypocalcémiante.
La calcitonine est utilisée comme marqueur du cancer médullaire de la thyroïde.
La PCT a une cinétique encore plus rapide que la CRP (élévation dès la 2e heure, maximale à 6 heures, normalisation en 2 à 3 jours).
Elle est élevée en cas d’infection : au-dessus de 0,5 ng/ml l’infection bactérienne est probable, d’autant plus si supérieure à 2 ng/ml ;
Elle est élevée en cas de stress : chirurgie, traumatisme, brûlure, détresse respiratoire.
Contrairement à la CRP et aux cytokines, aucune élévation de la PCT n’a été notée dans d’autres pathologies inflammatoires de type vascularites, maladie de Horton, sarcoïdose, rectocolite hémorragique, maladie de Crohn.
De plus, elle a une valeur pronostique.