Chapitre 18. Région n° 9—Palpation des muscles de la cuisse
Plan du chapitre
Tenseur du fascia lata, 424
Muscle quadriceps fémoral, 431
Pectiné, 436
Gracile, 443
Grand adducteur, 447
Récapitulatif essentiel et approfondi : muscles de la cuisse,450
Objectifs du chapitre
Après avoir terminé ce chapitre, l’étudiant doit être capable, pour chaque muscle traité dans ce chapitre, de réaliser les éléments suivants.
1. Énoncer les insertions.
2. Énoncer les actions.
3. Décrire la position de départ pour la palpation.
4. Décrire et expliquer l’objectif de chaque étape palpatoire.
5. Palper chaque muscle.
6. Indiquer la « clé palpatoire ».
7. Décrire les positions alternatives de palpation.
8. Indiquer l’emplacement des points gâchettes les plus courants.
9. Décrire les zones de projection des points gâchettes.
10. Énoncer les facteurs les plus courants qui induisent et/ou perpétuent les points gâchettes.
11. Énumérer les symptômes les plus couramment provoqués par les points gâchettes.
12. Décrire et réaliser un étirement.
Présentation
Des démonstrations vidéo de la palpation des muscles de ce chapitre sont présentées dans le chapitre 18 sur le DVD 1. |
Figure 18-1 |
Figure 18-2. |
Vues antérieures de la cuisse. A. Vue superficielle à droite et vue intermédiaire à gauche. B. Vue profonde. |
Figure 18-3. |
Vues médiales droites du bassin et de la cuisse. A. Vue superficielle. B. Vue profonde. |
Figure 18-4. |
Vues d’une cuisse droite en latéral. A. Vue superficielle. B. Vue profonde (seuls le quadriceps et le biceps fémoral sont dessinés). |
ISCHIOJAMBIERS—PROCUBITUS 18-1
❑ INSERTIONS :
o Biceps fémoral : de la tubérosité ischiatique (chef long) et de la ligne âpre du fémur (chef court), à la tête de la fibula et au condyle latéral du tibia
o Semi-tendineux : de la tubérosité ischiatique au tendon des muscles de patte d’oie à la partie antéromédiale et supérieure du tibia
o Semi-membraneux : de la tubérosité ischiatique à la face postérieure du condyle médial du tibia
❑ ACTIONS :
o L’ensemble des ischiojambiers sont fléchisseurs de la jambe dans l’articulation du genou, extenseurs de la cuisse dans l’articulation de la hanche, et ils tractent le bassin vers l’arrière au niveau de la hanche (rétroversion)
o L’ischiojambier latéral est rotateur latéral ; les ischiojambiers médiaux sont rotateurs médiaux de la jambe dans l’articulation du genou
o Remarque : le chef court du biceps fémoral ne croise pas l’articulation coxofémorale et n’a donc pas d’action sur la hanche
Position de départ (figure 18-6) :
o Patient en procubitus avec la jambe en flexion modérée
o Thérapeute debout à côté du patient
o Main palpatoire placée juste en distal de la tubérosité ischiatique
o Main de support placée en distal, juste au-dessus de la cheville
Étapes palpatoires :
1. Palper juste en dessous de la tubérosité ischiatique, résister à une augmentation de la flexion du genou du patient et sentir a contraction des ischiojambiers.
2. Faire une pression glissée palpatoire perpendiculairement aux fibres musculaires, suivre le biceps fémoral jusqu’à la tête de la fibula. Répéter cette façon de faire à partir de la tubérosité ischiatique en suivant le trajet des ischiojambiers médiaux jusqu’à la face médiale de la jambe (figure 18-7).
3. Une fois que chaque muscle a été repéré, on demande au patient de se relâcher, puis on palpe de façon à apprécier la tension musculaire de repos.
Figure 18-5. |
Vues postérieures des ischiojambiers droits. A. Vue superficielle des trois muscles ischiojambiers. B. Vue profonde. Les tendons proxi-mal et distal du semi-tendineux et du chef long du biceps fémoral ont été sectionnés et estompés. |
Figure 18-6 |
Figure 18-7 |
1. En distal, les tendons des ischiojambiers latéral et médiaux sont bien séparés et facilement séparables. En proximal, ils sont proches les uns des autres et plus difficiles à distinguer. On peut utiliser les rotations de la jambe, ce qui est un excellent moyen de les séparer. Les ischiojambiers médiaux sont rotateurs médiaux et le latéral est rotateur latéral. Il faut garder à l’esprit que le genou ne peut avoir de rotation que s’il est préalablement fléchi. L’angle de flexion recommandé est de 90°.
2. Quand le patient ne contracte pas ses ischiojambiers pour essayer de fléchir le genou contre la résistance de votre main de support, il faut utiliser votre main de support pour soutenir la jambe du patient de façon que les muscles ischiojambiers puissent être complètement détendus. Autrement, si le patient maintient sa jambe fléchie sans appui, les ischiojambiers resteraient contractés, sans relâchement possible. Un relâchement complet, intercalé entre des contractions, permet de grandes modifications dans le tonus des muscles, rendant plus faciles la palpation et la localisation des muscles ischiojambiers cibles.
3. Il peut être difficile de discerner entre eux, les corps musculaires des deux muscles ischiojambiers médiaux. Noter que le tendon distal du muscle semi-tendineux est très proéminent et facile à mettre en évidence. Le muscle semi-membraneux peut être palpé de chaque côté du tendon distal du muscle semi-tendineux, particulièrement sur le côté médial (figure 18-8).
4. Directement antérieur au biceps fémoral, on trouve le muscle vaste latéral. On utilise la flexion-extension de la jambe pour mettre en évidence la ligne de partage. Directement antérieur aux ischiojam-biers médiaux, on trouve, en proximal de la cuisse, le muscle grand adducteur. On utilise la flexion de la jambe pour les séparer. Le grand adducteur ne croise pas le genou et reste donc au repos en cas de flexion du genou, alors que les ischiojambiers se contractent à la flexion.
Figure 18-8 |
Position alternative de palpation—assis
Figure 18-9. |
Palpation des tendons distaux du biceps fémoral, du semitendineux et du gracile pendant que le patient fait une rotation de la jambe autour de l’articulation du genou. A. Palpation du biceps fémoral pendant que la patiente fait une rotation latérale. B. Palpation du semi-tendineux et du gracile pendant que la patiente fait une rotation médiale de la jambe. Remarque : pour ces photographies, la patiente est debout avec le pied posé sur un tabouret. |
POINTS GÂCHETTES
2. Les points gâchettes des ischiojambiers médiaux ont tendance à produire une douleur superficielle et vive, tandis que celle des points gâchettes de l’ischiojambier latéral est plus profonde et plus sourde. Les points gâchettes dans l’ischiojambier latéral réveillent souvent le patient la nuit et provoquent un sommeil non reposant.
3. Les zones de projection des points gâchettes des ischiojambiers doivent être bien séparées de celles des piriforme, moyen et petit fessiers, obturateur interne, vaste médial, poplité, plantaire et gastrocnémien.
4. Les points gâchettes des ischiojambiers sont souvent incorrectement étiquetés sciatalgie ou encore douleurs dégénératives de l’articulation du genou.
5. Des points gâchettes associés se produisent fréquemment dans les muscles grand adducteur, vaste latéral, gastrocnémien, iliopsoas et quadriceps fémoral.
Figure 18-10. |
Vues postérieures des points gâchettes habituels des ischiojambiers latéral et médiaux, avec les zones de projection correspondantes. A. Ischiojambier latéral (biceps fémoral). B. Ischiojambiers médiaux (semi-tendineux et semi-membraneux). |
ÉTIREMENT DES ISCHIOJAMBIERS
Figure 18-11. |
Un étirement des ischiojambiers droits. Le patient est assis avec le genou droit en extension complète et le bassin pivote vers l’avant en antéversion autour de l’articulation de la hanche. Remarque : il n’est pas utile de fléchir le rachis pour effectuer cet étirement. |
Clé palpatoire : Résister à la flexion de la jambe dans l’articulation du genou. |
EXTENSION
Grand adducteur : Dès que les ischiojambiers médiaux ont été localisés, au niveau proximal de la cuisse, glissez vers le médial (en antérieur) jusqu’au bord médial des muscles, et votre main se positionne sur le muscle grand adducteur. Le grand adducteur est situé entre les ischiojambiers médiaux et le gracile. Pour confirmer votre position, il faut demander au patient de fléchir la jambe et le genou. Cela met en contraction les ischiojambiers médiaux et le gracile, mais pas le grand adducteur, situé entre eux. Une adduction contre résistance de la cuisse dans l’articulation de la hanche sollicite le grand adducteur (et le gracile) (figure 18-12).
Figure 18-12 |
TENSEUR DU FASCIA LATA—DÉCUBITUS
❑ INSERTIONS :
❑ ACTIONS :
o Rotation médiale, flexion et abduction de la cuisse dans l’articulation de la hanche
o Antéversion et inclinaison homolatérale du bassin autour de la hanche
Position de départ (figure 18-14) :
o Patient en décubitus avec les cuisses sur la table et les jambes pendantes en dehors de la table
o Thérapeute debout à côté du patient
o Main palpatoire placée juste en distal et latéral de l’EIAS
o Si une résistance est nécessaire, la main de support est placée sur la cuisse en distal et antérolatéral
Étapes palpatoires :
1. Demander au patient de faire une rotation médiale et une flexion de la cuisse dans l’articulation de la hanche pour sentir une contraction du tenseur du fascia lata (TFL), immédiatement en distal et un peu en latéral de l’EIAS (figure 18-15).
2. Continuer la palpation du TFLvers le distal jusqu’à son insertion sur le tractus iliotibial par une pression glissée palpatoire perpendiculairement aux fibres.
3. Le fait que le patient soulève sa cuisse en flexion, tout en la maintenant en rotation médiale, est une résistance généralement suffisante pour mettre en évidence le TFL. Cependant, et si nécessaire, une résistance supplémentaire peut être apportée par la main de support placée sur la partie antérieure et distale de la cuisse.
4. Une fois que le TFLa été localisé, on demande au patient de se relâcher, puis on palpe de façon à évaluer la tension musculaire de repos.
Figure 18-13. |
Vue latérale du tenseur du fascia lata (TFL) droit. Le grand fessier a été estompé. TIT, tractus iliotibial. |
Figure 18-14 |
Figure 18-15 |
1. Le TFLest superficiel et facilement palpable.
2. Il est intéressant de comparer les façons de palper les muscles TFLet sartorius. Les deux muscles ont une insertion commune sur l’EIAS et sont des fléchisseurs de la cuisse dans l’articulation de la hanche. Toutefois, le TFLest aussi un rotateur médial de la cuisse, tandis que le sartorius est un rotateur latéral de la hanche. Par conséquent, pour palper le TFL, on palpe juste en distal et en latéral de l’EIAS en demandant au patient de faire une rotation médiale de la cuisse dans l’articulation de la hanche. Pour palper le sartorius, on palpe juste en distal et en médial de l’EIAS en demandant au patient de faire une rotation latérale de la cuisse dans l’articulation de la hanche.
3. Entre les insertions proximales du TFLet du sartorius, on trouve le droit fémoral du muscle quadriceps.
4. La raison pour laquelle le patient laisse pendre ses jambes en dehors de la table est que cela permet une palpation immédiate et facile du droit fémoral, en demandant au patient de faire une extension du genou sans aucune contraction des fléchisseurs de la hanche. Localiser le droit fémoral permet une meilleure séparation entre le TFLet droit fémoral. Cette position permet aussi une palpation facile des autres muscles antérieurs et médiaux de la cuisse.
Position alternative de palpation—latérocubitus
Figure 18-16. |
Parce que le TFLest situé en antérolatéral de la cuisse, on peut aussi le palper facilement avec un patient en latérocubitus. On demande au patient de faire une rotation médiale et une flexion (on peut aussi ajouter une petite amplitude d’abduction) de la cuisse, et l’on sent ainsi la contraction du TFL. |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes du tenseur du fascia lata (TFL) sont souvent provoqués ou entretenus par une surutilisation aiguë ou chronique du muscle, ou bien après une position raccourcie prolongée du muscle comme dormir en position fœtale.
2. Les zones de projection des points gâchettes du TFLdoivent être distinguées de celles des fibres antérieures des moyen et petit fessiers, du vaste latéral et du carré des lombes.
4. Les points gâchettes des TFLsont souvent assimilés à une bursite trochantérienne, un syndrome de l’articulation sacro-iliaque ou comme une méralgie paresthésique.
5. 5. Des points gâchettes associés surviennent fréquemment dans les muscles petit fessier, droit fémoral, iliopsoas et sartorius.
Figure 18-17. |
Vue latérale des points gâchettes usuels du TFLavec les zones de projection correspondantes. |
ÉTIREMENT DU TENSEUR DU FASCIA LATA
Figure 18-18. |
Un étirement du TFLdroit. Le patient fait une adduction de la cuisse droite en postérieur du corps tout en utilisant le mur comme soutien. Remarque : il est important de ne pas mettre trop de poids sur la cheville du membre inférieur postérieur. Voir figure 16-31, p. 368, pour un autre étirement du TFL. |
Clé palpatoire : Faire une rotation médiale et une flexion de la hanche. |
SARTORIUS—DÉCUBITUS
❑ INSERTIONS :
❑ ACTIONS :
o Rotation latérale, flexion et abduction de la cuisse dans l’articulation de la hanche
o Antéversion et inclinaison homolatérale du bassin
o flexion et rotation médiale de la jambe dans l’articulation du genou
Position de départ (figure 18-20) :
Figure 18-20 |
o Patient en décubitus avec les cuisses sur la table et les jambes pendantes en dehors de la table
o Thérapeute debout à côté du patient
o Main palpatoire placée juste en distal et médial de l’EIAS
o Si une résistance est nécessaire, la main de support est placée sur la cuisse en distal et antéromédial
Étapes palpatoires :
1. Demander au patient de faire une rotation latérale et une flexion de la cuisse dans l’articulation de la hanche et sentir la contraction du sartorius immédiatement en distal et légèrement en médial de l’EIAS (figure 18-21).
2. Si nécessaire, on utilise la main de support pour ajouter une résistance quand le patient fléchit et tourne en rotation médiale la cuisse.
3. On continue la palpation du sartorius en direction de son insertion distale par une pression glissée palpatoire perpendiculairement aux fibres.
4. Une fois que le TFLa été localisé, on demande au patient de se relâcher, puis on palpe de façon à évaluer la tension musculaire de repos.
Figure 18-21 |
Figure 18-19. |
Vue antérieure du sartorius droit. Le tenseur du fascia lata (TFL) et le tractus iliotibial (TIT) ont été estompés. |
1. Même s’il est superficiel, la moitié distale du sartorius est souvent difficile à palper et à distinguer des muscles adjacents. Une méthode pour le mettre en évidence est d’abord de localiser le vaste médial à la partie distale de la cuisse (il est habituellement bien développé et il forme souvent un relief arrondi chez les sujets musclés). Pour mettre en évidence le vaste médial, demander au sujet de faire une extension de la jambe dans l’articulation du genou. Une fois que le vaste médial est trouvé, il faut se déplacer vers le médial (en postérieur) en arrière du vaste médial, pour se trouver juste au-dessus du sartorius. On demande ensuite au patient de fléchir la jambe et le genou pour solliciter le sartorius. Dans cette position, on peut demander au patient d’appuyer sa jambe sur la table (figure 18-22).
Figure 18-22 |
2. En plus de demander au patient de faire une rotation latérale et une flexion de la cuisse, il peut être utile de demander au patient de faire aussi une abduction de la cuisse dans l’articulation de la hanche et de fléchir la jambe et le genou. Ces quatre actions sont celles du sartorius sur la cuisse et la jambe.