18: Organisation professionnelle

CHAPITRE 18


Organisation professionnelle






Organisation du cabinet médical


Ch. Costet, N. Gambarelli


La consultation de strabologie, adulte ou enfant, est souvent longue et délicate, qu’elle soit effectuée par un ophtalmologiste strabologue ou non spécialisé. La collaboration étroite avec les orthoptistes trouve ici une application particulièrement justifiée, que ce soit en milieu hospitalier ou libéral.



image PRINCIPES GÉNÉRAUX




RÔLE DE L’ORTHOPTISTE


Les orthoptistes sont actuellement les auxiliaires paramédicaux les plus proches des ophtalmologistes : en France, leur démographie est en constante croissance, à l’opposé de la pénurie constatée des ophtalmologistes.


Depuis la création du diplôme de certificat de capacité d’aide orthoptiste en 1956 (renommé certificat de capacité d’orthoptiste en 1972), les relations de travail entre ophtalmologistes et orthoptistes n’ont cessé d’évoluer :



– en 2005, une expérimentation de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes a été menée dans deux cabinets d’ophtalmologie de ville du Mans (Sarthe). La synthèse des résultats a été publiée en 2006, dans le Rapport Berland de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé [1] : bonne faisabilité du binôme ophtalmologiste-orthoptiste pour les examens de la vision, pas de perte de chance pour le patient (qualité et sécurité de l’examen assurées par la formation des orthoptistes, la possibilité d’une interaction permanente entre ophtalmologistes et orthoptistes), gain de temps médical. Dans les suites de ce Rapport, la loi de financement de la Sécurité sociale (modifiant le Code de la santé publique) a été complétée1 ;


– l’amélioration de la formation des orthoptistes et l’augmentation de leur nombre ont fait partie, en 2006, des cinq propositions du SNOF, pour faire face aux besoins de la population en soins oculaires et aider à absorber un surcroît futur d’activité [2] ;


– le décret des compétences des orthoptistes, qui datait de 2001, a été modifié le 27 novembre 2007 (décret 2007-1671)2 : il a permis de redéfinir les différents examens que peuvent pratiquer les orthoptistes en exercice libéral sur prescription médicale, ou en exercice salarié ; certains de ces examens ne peuvent être effectués que sous la responsabilité d’un médecin ophtalmologiste, uniquement en cabinet médical ;


– le rapport Bressand en 2008 [3] a élargi encore les perspectives d’évolution des pratiques professionnelles des orthoptistes, en envisageant la création d’une consultation orthoptique avec série de tests et d’examens, auxquels le médecin pourrait se référer pour sa consultation.


La vocation initiale des orthoptistes nous conforte dans la nécessité du développement d’une collaboration entre les deux professions au sein de consultations spécifiques de strabologie.


Au sein d’un cabinet médical, l’orthoptiste peut exercer son activité selon un mode libéral ou salarié :



– l’exercice des orthoptistes en libéral est réglementé par le Code de santé publique : les actes orthoptiques ne peuvent être effectués que sur prescription médicale (et pas seulement par des ophtalmologistes). Dans la nomenclature, tous les actes sont cotés exclusivement à partir d’une lettre clé AMY. L’orthoptiste doit établir les documents nécessaires à la prise en charge du remboursement du patient par la caisse de Sécurité sociale. Une convention nationale3 a été signée en 1999 : neuf avenants ont depuis modifié la réglementation des actes orthoptiques, la nomenclature et les tarifs conventionnels ; le dernier, datant de mai 2012, concerne l’obligation de télétransmission d’une part et la revalorisation de certains actes prouvant la continuelle évolution de la profession : « (…) Au regard des perspectives démographiques des professions de santé, les partenaires conventionnels sont convenus de la nécessité de développer de nouveaux rôles pour la profession d’orthoptiste afin d’améliorer l’accès aux soins des assurés sur le territoire national en matière de santé visuelle (…) » ;


– si l’orthoptiste est salarié, il dépend de la convention des cabinets médicaux : c’est le médecin qui cotera et encaissera les actes orthoptiques en AMY en plus de ses actes médicaux ;


– le bilan orthoptique est coté AMY10 et comprend, entre autres, l’évaluation de la réfraction, un bilan moteur et sensoriel de la vision binoculaire ; certains actes comme le Hess-Weiss ou le Lancaster peuvent s’ajouter avec une cotation AMY4 qui vient se rajouter à l’AMYIO. Le bilan des troubles neurovisuels (dyspraxie, par exemple) doit bientôt bénéficier d’une nouvelle cotation (avenant n° 9 de mai 2012) ;


– l’orthoptiste peut également, hors des plages de consultations du praticien, assurer la prise en charge des pathologies oculomotrices, les bilans préopératoires, le suivi postopératoire ou le suivi des amblyopies.



image ORGANISATION DU CABINET


Les deux cabinets médicaux que nous avons pris pour type de description sont à forte orientation strabologique, bien que cette activité ne soit pas exclusive. Plusieurs demi-journées sont donc dévolues à cette pratique, mais les mêmes principes peuvent s’appliquer uniquement sur une ou deux demi-journées, pour des praticiens à activité strabologique plus restreinte.


Que l’ophtalmologiste strabologue travaille seul dans son cabinet ou au sein d’un cabinet de groupe avec d’autres ophtalmologistes à orientation différente, l’organisation du cabinet en matière de motricité oculaire doit garder son autonomie.



LOGICIEL INFORMATIQUE


Un logiciel spécifique assure le fonctionnement du cabinet et est à la base de l’organisation des dossiers :



Le logiciel est également en relation avec les différents appareillages optiques, frontofocomètres, autoréfractomètres, tono-mètres, permettant l’enregistrement direct des données sur le dossier. L’utilisation de mots-clés permet l’identification des patients par pathologies ou par actes chirurgicaux. Le logiciel permet enfin la gestion de la comptabilité au jour le jour.



LOCAUX


Ils se composent de trois parties bien distinctes :



– le secrétariat (fig. 18-1) : deux secrétaires y sont présentes la plus grande partie de la journée, l’une dédiée au téléphone, l’autre à l’accueil des patients ; en fin de journée, le standard est mis sur répondeur et une seule secrétaire assure la fin de la consultation jusqu’au départ du dernier patient ;



– la salle d’attente (fig. 18-2) : elle est conviviale et présente une aire de jeu réservée aux enfants ; l’espace est coloré, agrémenté de jouets pour les tout-petits, de livres pour les plus grands :




– les bureaux d’examens, box d’orthoptie proche du bureau du médecin, permettent le bon déroulement de la consultation.



PERSONNEL


En cabinet privé, à la différence de ce qui se passe à l’hôpital, le médecin n’est pas aidé par des internes ou autres collaborateurs médicaux dans son exercice quotidien. Le contact direct avec les patients s’en trouve renforcé, mais la charge de travail et de responsabilités en est également accrue.


C’est dire l’importance de l’« équipe » qui l’entoure :


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May 31, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 18: Organisation professionnelle

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