18: Méthodes de rétinopexie: cryopexie, laser trans-scléral

Chapitre 18 Méthodes de rétinopexie


cryopexie, laser trans-scléral



La rétinopexie est le second bras du traitement chirurgical du décollement de la rétine rhegmatogène. Si le premier consiste à fermer mécaniquement les déhiscences rétiniennes soit par indentation externe soit par tamponnement, la rétinopexie a pour but d’éviter la réouverture en cas de disparition de cette fermeture.


Quel que soit le mode de réalisation, le principe de la rétinopexie est le même : obtenir une cicatrice fibrogliale de la neurorétine et de l’épithélium pigmentaire autour d’une déhiscence rétinienne, de façon à transformer la structure lamellaire de la rétine en une zone désorganisée s’opposant à la progression centrifuge d’un décollement.


Le premier moyen utilisé était la diathermie trans-sclérale, source de nécrose sclérale à long terme. Sa réalisation, après dissection d’un volet scléral lamellaire pour espérer préserver la paroi oculaire, a été détrônée à la fin des années soixante par la cryoapplication trans-sclérale — décrite initialement par Bietti à la fin des années trente, elle fut abandonnée transitoirement pour des problèmes techniques. La cryoapplication reste la technique de rétinopexie universellement la plus employée dans le traitement du décollement de la rétine par voie externe. Nous nous y référerons ici sous le nom de « cryopexie ».


Cependant, elle a été accusée de stimuler la prolifération vitréorétinienne dans certains cas. Ceci a amené certains chirurgiens à essayer d’utiliser une rétinopexie par laser infrarouge par voie externe, combinant le respect de la paroi oculaire de la cryoapplication à l’efficacité de la brûlure localisée obtenue par la diathermie. Le laser utilise une diode semi-conductrice qui émet un rayonnement dans le proche infrarouge. Le terme de rétinopexie par photocoagulation trans-sclérale par laser à diode est habituellement remplacé par celui de « diopexie ».



Cryopexie



image PRINCIPE


En gelant la rétine à travers la sclère, on provoque une réaction inflammatoire qui aboutit en quelques jours à l’apparition d’une cicatrice fibrogliale solide [7]. Le froid provoque une destruction cellulaire mais respecte le collagène de la paroi sclérale — ce qui a été l’avantage principal par rapport à la diathermie. Les appareils actuels sont composés d’un générateur qui contrôle la décompression d’une bouteille de gaz sous pression par une pédale de commande, une pièce à main stérile de forme variable assurant le traitement rétinien trans-scléral (fig. 18-1). Le gaz comprimé est habituellement du protoxyde d’azote ou du dioxyde de carbone. Par effet Joule-Thomson, le gaz sous pression de plusieurs dizaines d’atmosphères est brutalement détendu en circulant dans la pièce à main, produisant une baisse de température à son extrémité.




image TECHNIQUE


La visualisation de la zone à traiter est fondamentale pour éviter tout surdosage et manipulations inutiles. En chirurgie par voie externe, elle se fait en per-opératoire sur une pupille dilatée, avec un contrôle soit par ophtalmoscope indirect, soit avec un verre à trois miroirs ou un verre panoramique utilisant une lampe à fente montée sur le microscope opératoire (cf. chapitre 21). Au cours d’une vitrectomie, la visualisation se fait grâce à l’éclairage endoculaire sous système panoramique. Dans les deux cas, la cryoapplication peut être réalisée avec ou sans ouverture conjonctivale.


Si l’indentation avec l’extrémité de la cryode permet d’obtenir le contact entre l’épithélium pigmentaire et la neurorétine, il suffit de faire blanchir celle-ci sur tout le pourtour de la déhiscence. En cas d’ouverture de grande taille, il faut éviter de traiter l’épithélium pigmentaire à nu au centre de la lésion et on fera plusieurs applications, s’arrêtant à chaque fois que le bord de la déchirure blanchit. Cette modification de la coloration assure la bonne position de la cryode et le contrôle de la qualité du traitement (fig. 18-2).



En cas de décollement de rétine bulleux, il faut réaliser un massage doux pour chasser le liquide sous-rétinien par la déchirure rétinienne. Celui-ci sera surtout efficace s’il est pratiqué en chassant le liquide de l’arrière de la déhiscence vers l’avant. Plusieurs minutes sont parfois nécessaires pour obtenir le contact, mais on parvient ainsi à éviter le plus souvent de réaliser une ponction du liquide sous-rétinien, seule solution en cas d’échec du massage pour obtenir un contact entre l’épithélium pigmentaire et la rétine décollée. Ce contact est cependant indispensable pour être certain de l’efficacité et de la localisation de la cryopexie.



image RÉSULTATS


Le lendemain et pendant quelques jours, la zone traitée présente un œdème rétinien, idéalement peu marqué, qui s’estompe en quelques jours pour laisser apparaître d’abord quelques migrations pigmentaires après trois ou quatre jours puis une atrophie choriorétinienne en une à deux semaines [8]. Cette atrophie est progressive, continuant d’évoluer lentement en intensité plus qu’en surface pendant quelques mois. L’atrophie rétinienne s’accompagne d’une disparition progressive de la choriocapillaire pour ne laisser que les vaisseaux choroïdiens visibles sur le fond scléral en fin d’évolution (fig. 18-3). L’adhésivité de la rétine à l’épithélium pigmentaire évolue de façon parallèle : pendant la première semaine — du fait probablement de l’œdème rétinien —, elle est plus faible que celle de la rétine non traitée ; après une semaine, elle augmente progressivement pour être maximale après deux semaines ; par la suite, il devient impossible de séparer la rétine de l’épithélium pigmentaire et de la paroi [5].


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Jun 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 18: Méthodes de rétinopexie: cryopexie, laser trans-scléral

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