Chapitre 16. Région n° 7—Palpation des muscles du tronc
Plan du chapitre
Grand dorsal, 353
Extension au dentelé postérieur et inférieur, 357
Extension au trapèze et aux rhomboïdes, 358
Groupe des érecteurs du rachis, 359
Groupe des transversaires épineux, 362
Carré des lombes, 365
Intercostaux internes et externes, 371
Extension aux subcostaux et au transverse du thorax, 373
Extension aux autres muscles de la paroi antérieure du thorax, 374
Droit de l’abdomen, 375
Diaphragme, 382
Récapitulatif essentiel et approfondi : muscles du tronc, 389
Objectifs du chapitre
Après avoir terminé ce chapitre, l’étudiant doit être capable, pour chaque muscle traité dans ce chapitre, de réaliser les éléments suivants.
1. Énoncer les insertions.
2. Énoncer les actions.
3. Décrire la position de départ pour la palpation.
4. Décrire et expliquer l’objectif de chaque étape palpatoire.
5. Palper chaque muscle.
6. Indiquer la « clé palpatoire ».
7. Décrire les positions alternatives de palpation.
8. Indiquer l’emplacement des points gâchettes les plus courants.
9. Décrire les zones de projection des points gâchettes.
10. Énoncer les facteurs les plus courants qui induisent et/ou perpétuent les points gâchettes.
11. Énumérer les symptômes les plus couramment provoqués par les points gâchettes.
12. Décrire et réaliser un étirement.
Présentation
Des démonstrations vidéo de la palpation des muscles de ce chapitre sont présentées dans le chapitre 16 sur le DVD 1. |
Figure 16-1. |
Vues postérieures des muscles du tronc. A. Plan superficiel à gauche et plan intermédiaire à droite. B. Deux vues profondes, le côté droit étant plus profond que le côté gauche. |
Figure 16-2 |
Figure 16-3. |
Vue latérale du tronc. Le grand dorsal et le deltoïde ont été estompés. |
GRAND DORSAL—PROCUBITUS16-1
❑ INSERTIONS :
o Des processus épineux de T7 à L5, face postérieure du sacrum et crête iliaque postérieure (par l’intermédiaire de l’aponévrose thoracolombale) aux trois ou quatre dernières côtes, à l’angle inférieur de la scapula et à la berge médiale de la gouttière bicipitale de l’humérus.
❑ ACTIONS :
o Extension, adduction et rotation médiale du bras au niveau de l’articulation scapulohumérale
o Antéversion du bassin au niveau de la charnière lombosacrale à l’aide de son attache scapulaire ; il peut aussi provoquer un abaissement de la scapula (ceinture scapulaire) au niveau de l’articulation scapulothoracique
Position de départ (figure 16-5) :
o Patient en procubitus avec les bras allongés sur le côté et relâchés
o Thérapeute assis latéralement au patient
o La main palpatoire est placée sur le rebord postérieur du creux axillaire
o La main de support est située à la face postérieure du bras du patient (juste au-dessus du coude)
Étapes palpatoires :
1. Demandez au patient d’étendre le bras et appréciez la contraction du grand dorsal sur le rebord postérieur du creux axillaire (figure 16-6, A).
2. Palpez en direction de ses attaches inférieures lorsque le patient contracte et relâche alternativement le grand dorsal.
3. Recommencez la manœuvre à partir du rebord postérieur en direction du creux axillaire, palpez le tendon distal à l’aide d’une pression glissée palpatoire perpendiculaire au creux axillaire et aux tendons se dirigeant vers l’humérus (figure 16-6, B).
4. Une fois le grand dorsal identifié, demander au patient de se relâcher afin d’apprécier sa tension musculaire au repos.
Figure 16-4. |
Vue postérieure du grand dorsal droit. |
Figure 16-5 |
Clé palpatoire : Palper le rebord postérieur du creux axillaire. |
Figure 16-6 |
1. Le rebord postérieur du creux axillaire est composé du grand dorsal et du grand rond. Si le patient lève le bras en l’air et que vous comprimez doucement ce rebord postérieur lors de la palpation, vous contactez le grand dorsal et le grand rond (figure 16-7).
Figure 16-7 |
2. Même si le tendon distal du grand dorsal est profond dans le creux axillaire, il est relativement facile de le suivre jusqu’à l’humérus. Sur l’humérus, son tendon est antérieur à celui du grand rond (voir figure 16-6, B).
3. Le grand rond jouxte (à la partie médiale) l’extrémité distale du grand dorsal au sein du repli axillaire. Il s’insère de la même façon sur le rebord médial de la gouttière bicipitale de l’humérus et agit sur le bras et l’articulation scapulohumérale selon les trois mêmes composantes. Différencier ces deux muscles au sein du creux axillaire peut être difficile. Appréciez le volume cylindrique du grand rond, proche de la scapula, médialement au grand dorsal. Pour la palpation du grand rond, voir Région n° 1 (p. 158).
Position alternative de palpation—debout
Figure 16-8. |
Palpation du grand dorsal sujet debout. A. La position de départ dans laquelle le patient contacte de la partie inférieure du bras (juste au-dessus du coude) l’épaule du thérapeute. B. Illustration de la palpation de l’insertion humérale lorsque le patient tente de déplacer son bras obliquement vers l’extension et l’adduction contre résistance. |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes du grand dorsal persistent ou sont souvent la conséquence d’une surutilisation chronique ou aiguë (par exemple ramer, faire des pompes, ou toute activité requérant une importante force pour se hisser à partir d’un abaissement des membres supérieurs), d’un étirement excessif du muscle lors d’une suspension uniou bimanuelle, d’une compression du muscle (par exemple lors du port d’un soutien-gorge trop serré) entraînant une irritation et une ischémie, ainsi que des points gâchettes au niveau du muscle dentelé postérieur et supérieur.
2. 2. Les points gâchettes du grand dorsal ont tendance à produire une douleur constante au repos comme lors de la contraction du muscle, des difficultés à s’endormir en latérocubitus homolatéral du fait de la pression exercée sur les points gâchettes, et du défaut de mobilité segmentaire sur les vertèbres sur lesquelles il s’insère.
3. La douleur projetée des points gâchettes du grand dorsal doit être différenciée de celle des muscles scalènes, infraépineux, subscapulaire, érecteurs du rachis/transversaires épineux de la région thoracique, dentelé antérieur, dentelé postérieur et supérieur, droit de l’abdomen, rhomboïdes, trapèze inférieur, grand rond, deltoïde et petit pectoral.
4. 4. Les points gâchettes du grand dorsal sont souvent improprement attribués à une hernie discale cervicale, un syndrome du défilé thoracique (provoquant une compression du nerf ulnaire), un syndrome canalaire du nerf suprascapulaire, ou une tendinite bicipitale.
5. Des points gâchettes associés surviennent fréquemment dans le grand rond, le chef long du triceps brachial, le trapèze inférieur, les érecteurs du rachis de la région thoracique, le fléchisseur ulnaire du carpe et le dentelé postérieur et supérieur.
Figure 16-9. |
A. Vue postérieure illustrant les points gâchettes les plus habituels du grand dorsal et les zones de projection correspondantes. B. Vue antérieure illustrant un autre point gâchette du grand dorsal et sa zone de projection correspondante. |
ÉTIREMENT DU GRAND DORSAL
Figure 16-10. |
Un étirement du grand dorsal droit. Le patient utilise son autre main pour tracter le membre supérieur droit, placé en rotation latérale, en adduction horizontale lors de l’inclinaison latérale gauche et de la flexion du tronc. Voir aussi figure 10-43 un autre étirement du grand dorsal. |
EXTENSION
Dentelé postérieur et inférieur (DPI) : Le dentelé postérieur et inférieur est un fin muscle respiratoire s’insérant des processus épineux de T11 à L2 aux 9e à 12e côtes ; son action consiste à abaisser ces dernières. Il est situé profondément. Ses fibres ayant globalement la même direction que celles du grand dorsal, il peut être difficile de le palper et de le différencier de celui-ci. Ce muscle peut être hypertrophié et facile à palper chez des patients présentant un syndrome pulmonaire obstructif chronique. Pour tenter de le palper, placez les doigts sur le rebord latéral du muscle (latéralement aux érecteurs du rachis), demandez une expiration au patient et appréciez sa contraction à l’aide d’une palpation de direction transversale aux fibres du muscle.
Points gâchettes :
1. 1. Les points gâchettes du DPI surviennent ou sont entretenus lors d’une surutilisation aiguë ou chronique du muscle (par exemple chez des patients ayant une respiration difficile liée à leur pathologie pulmonaire chronique obstructive, comme lors d’asthme, de bronchite, d’emphysème) ou lors d’un traumatisme (par exemple entorse rachidienne).
2. Les points gâchettes du DPI ont tendance à produire une douleur localisée à la partie postérieure et inférieure de la cage thoracique et des défauts de mobilité segmentaire rachidiens de T11 à L2.
3. Les zones de projection douloureuse des points gâchettes du DPI doivent être différenciées de celles des intercostaux, du grand dorsal et du grand droit de l’abdomen.
4. Les points gâchettes du DPI sont souvent improprement attribués à une maladie rénale ou un défaut de mobilité costale.
5. Des points gâchettes associés surviennent volontiers dans le grand dorsal, les érecteurs du rachis et les transversaires épineux.
Figure 16-11. |
Le dentelé postérieur et inférieur (DPI). A. Vue postérieure du DPI droit. B. Vue postérieure illustrant un point gâchette habituel du DPI et sa zone de projection. |
EXTENSION
Trapèze et rhomboïdes : Le trapèze et les rhomboïdes sont palpés avec les muscles de la ceinture scapulaire (Région n° 1 au chapitre 10). Cependant, ils peuvent aussi faire partie de la palpation du tronc.
Pour la palpation du trapèze, demandez au patient allongé en procubitus de placer son bras en abduction à 90° avec le coude en rectitude, et de translater légèrement la scapula en rapprochant son bord axial du rachis. Appliquer une faible résistance à l’abduction du bras à l’aide de la main de support peut être utile (figure 16-12). Voir p. 142 pour plus d’informations.
Figure 16-12 |
Pour la palpation des rhomboïdes, patient en procubitus, demandez-lui de placer la main dans le creux de la région lombale. Ensuite, demandez-lui de la décoller de cet endroit et appréciez la contraction des rhomboïdes (figure 16-13). Voir p. 146 pour plus d’informations.
Figure 16-13 |
GROUPE DES ÉRECTEURS DU RACHIS—PROCUBITUS
❑ ACTIONS :
o Extension, inclinaison latérale du rachis, rotation homolatérale du tronc, du cou, de la tête au niveau des articulations rachidiennes
o Antéversion et élévation du bassin au niveau de la charnière Épineux lombosacrale.
Position de départ (figure 16-15) :
o Patient en procubitus
o Thérapeute se tenant latéralement au patient
o Main placée immédiatement en dehors de la colonne lombale
Étapes palpatoires :
1. Demander au patient d’étendre le tronc, le cou, la tête, et apprécier la contraction des érecteurs du rachis dans la région lombale (figure 16-16).
Figure 16-16 |
2. Palper transversalement aux fibres jusqu’à la plus basse insertion sur le pelvis et ensuite en direction des insertions supérieures, aussi haut que possible.
3. Une fois les érecteurs du rachis mis en évidence, demander au patient de relâcher ces muscles et palper pour évaluer leur tonus de base.
Figure 16-14. |
Vue postérieure du groupe des érecteurs du rachis droits. |
Figure 16-15 |
1. Bien que le groupe des érecteurs du rachis ne soit pas superficiel, il est suffisamment épais et massIf pour être habituellement facile à palper.
2. Le groupe des érecteurs du rachis est plus facile à palper dans la région lombale.
3. Dans la région thoracique, les érecteurs du rachis voient leurs faisceaux diverger. La plupart d’entre eux sont interscapulaires et faciles à palper. Cependant, certains faisceaux étant très latéralisés sont situés sous la scapula. Pour permettre un accès direct à ces faisceaux, demandez au patient de laisser pendre le membre supérieur en dehors de la table pour permettre la sagittalisation de la scapula.
4. Dans la région cervicale et thoracique supérieure, l’essentiel des érecteurs du rachis se situent latéralement à la gouttière paravertébrale.
5. Au cou, il est beaucoup plus difficile de différencier les érecteurs du rachis de la musculature adjacente.
6. Lors de la palpation des érecteurs du rachis, gardez à l’esprit que leurs fibres sont orientées verticalement.
7. Le groupe des érecteurs du rachis est composé de trois muscles : l’iliocostal, le longissimus et l’épineux du thorax. Il peut être difficile de percevoir la limite entre l’iliocostal et le longissimus ; il est habituellement plus difficile de percevoir celle entre le longissimus et l’épineux du thorax.
POINTS GÂCHETTES
1. Souvent, les points gâchettes dans le groupe des érecteurs du rachis surviennent ou sont entretenus par une surutilisation aiguë ou chronique du muscle (par exemple station debout prolongée voûtée ou penchée en avant ; levé de charge, particulièrement lorsque le rachis est fléchi et/ou en rotation), une immobilisation prolongée (par exemple long voyage en voiture), une scoliose (souvent provoquée par une inégalité de la longueur des membres ou une asymétrie pelvienne), une station assise prolongée ou inadéquate, ou une assise aux appuis asymétriques.
2. Les points gâchettes dans le groupe des érecteurs du rachis induisent une limitation d’amplitude des articulations rachidiennes (particulièrement une limitation en flexion et/ou en inclinaison controlatérale), augmentent la lordose lombale ou diminuent la cyphose thoracique.
3. Les zones de projection des points gâchettes du groupe des érecteurs du rachis doivent être différenciées de celles du dentelé antérieur, des dentelés postérieurs supérieur et inférieur, des droits de l’abdomen, des rhomboïdes, de l’élévateur de la scapula, des scalènes, de l’infraépineux, du grand dorsal, du carré des lombes, du grand psoas, du grand fessier, du moyen fessier, du petit fessier, des intercostaux et du piriforme.
4. Les points gâchettes des érecteurs du rachis sont souvent improprement attribués à des défauts de mobilité segmentaire, de l’arthrose, des pathologies discales, un syndrome facettaire, de l’angine de poitrine, des pathologies pulmonaires ou viscérales abdominales, un défaut de mobilité sacro-iliaque, une sciatique.
5. Des points gâchettes associés surviennent souvent dans le grand dorsal, le carré des lombes, le grand psoas, le groupe des transversaires épineux et les dentelés postérieurs supérieur et inférieur.
6. Remarques : 1) Les points gâchettes peuvent survenir à chaque niveau segmentaire ; les points gâchettes illustrés n’en sont que des exemples. 2) Les points gâchettes sont plus à même de survenir au sein du longissimus et de l’iliocostal ; les schémas et zones de projection de l’épineux du thorax n’ont pas encore été identifiés. 3) Les points gâchettes des érecteurs du rachis thoraciques irradient habituellement vers le crânial et le caudal, alors que les points gâchettes des érecteurs du rachis lombal n’irradient habituellement que vers le caudal (généralement dans la fesse). 4) Généralement, les irradiations douloureuses des points gâchettes des érecteurs du rachis sont plus latérales et plus diffuses que celle des points gâchettes des transversaires épineux. 5) Les points gâchettes des érecteurs du rachis peuvent aussi entraîner des irradiations douloureuses à la région thoracique antérieure et à la paroi abdominale, habituellement au même niveau segmentaire.
Figure 16-17 |
ÉTIREMENT DU GROUPE DES ÉRECTEURS DU
Figure 16-18. |
Un étirement bilatéral du groupe des érecteurs du rachis. Le patient est assis sur une chaise et s’abaisse de lui-même en position de flexion. L’étirement unilatéral peut être favorisé en ajoutant un peu d’inclinaison latérale controlatérale. Remarque : lors du retour en position assise, il est préférable que le patient place ses avant-bras sur les cuisses, en les utilisant pour se redresser. |
Clé palpatoire : Extension du tronc à partir du procubitus. |
GROUPE DES TRANSVERSAIRES ÉPINEUX—PROCUBITUS
❑ INSERTIONS :
o Sur le bassin, le rachis, la tête. Généralement, chaque muscle s’insère d’un processus transverse inférieur à un processus transverse supérieur.
❑ ACTIONS :
o Extension, inclinaison latérale, rotation controlatérale du tronc et du cou à partir des articulations rachidiennes
o Extension et inclinaison latérale de la tête à partir de l’articulation occipito-atloïdienne
o Antéversion et élévation du bassin à partir de la charnière lombosacrale
Position de départ (figure 16-20) :
o Patient en procubitus
o Thérapeute debout, latéralement au patient
o Les doigts assurant la palpation sont placés immédiatement en dehors des processus épineux de la colonne lombale, à l’aplomb des lames
Étapes palpatoires :
1. En palpant en direction des lames de la colonne lombale, demandez au patient d’étendre légèrement le rachis inférieur en se tournant du côté opposé (rotation controlatérale). Appréciez la contraction des transversaires épineux, notamment le groupe des multifides (figure 16-21).
Figure 16-21 |
2. Une fois localisés, essayez de les palper perpendiculairement à la direction de leurs fibres et appréciez la contraction du multifides en profondeur des érecteurs du rachis.
3. Répétez cette procédure vers le crânial.
4. Pour palper le groupe des semi-épineux dans la région cervicale, installez le patient en procubitus avec la main dans le creux de la région lombale (Note palpatoire n° 1). Palpez les lames des vertèbres du rachis cervical et demandez au patient d’étendre légèrement la tête et le cou. Appréciez la contraction du semiépineux en profondeur du trapèze supérieur (figure 16-22).
Figure 16-22 |
5. Une fois localisé, suivez le semi-épineux jusqu’à son insertion crâniale terminale à l’aide d’une palpation perpendiculaire à la direction des fibres.
6. Une fois la musculature du groupe des transversaires épineux localisée, demandez au patient de les relâcher afin d’apprécier leur tonus de repos.
Figure 16-19. |
Vue postérieure du groupe des transversaires épineux. Le semi-épineux et le multifides sont vus à droite, les rotateurs à gauche. |
Figure 16-20 |
1. Le groupe des transversaires épineux (TE) est composé de trois sous-groupes : le semi-épineux, le multifides et les rotateurs. Chaque sous-groupe est composé de petits muscles individualisables. Les rotateurs relient une vertèbre à la (ou aux deux) vertèbre(s) inférieure(s), le multifides la relie aux trois ou quatre vertèbres inférieures, et le semi-épineux la relie aux cinq vertèbres inférieures au moins.
2. La musculature des TE est profondément située au sein des gouttières paravertébrales du rachis. Bien que volumineuse et massive dans la région lombale (le multifides est le plus grand muscle de la colonne lombale) et au cou (où le semi-épineux est le plus important), il peut être difficile de différencier aisément cette musculature des groupes musculaires voisins, plus superficiels.
3. Les gouttières paravertébrales sont situées au sein de la colonne vertébrale entre latéralement le processus transverse et médialement le processus épineux. La musculature des TE est située au sein des arcs lamellaires (exception faite du semi-épineux du cou, qui est aussi situé latéralement en deçà des arcs lamellaires).
4. Lorsqu’il est demandé au patient d’étendre le tronc pour solliciter les TE, les érecteurs du rachis les plus superficiels se contractent en même temps, ce qui rend la différenciation difficile avec le groupe des TE. Demander au patient de réaliser une rotation controlatérale est important pour permettre de solliciter davantage les TE et aussi pour permettre l’inhibition réciproque des érecteurs du rachis.
5. Lors de la palpation du semi-épineux dans la région cervicale, la main du patient est placée dans le creux lombal afin d’inhiber et de relâcher le trapèze supérieur (placer la main à cet endroit nécessite une extension et une adduction du bras, qui s’accompagnent d’une sonnette médiale ; cette sonnette médiale provoque l’inhibition réciproque des muscles réalisant la sonnette latérale, comme le trapèze supérieur.
Position alternative de palpation—décubitus
Le semi-épineux du cou peut aussi être palpé le patient en décubitus (voir Région n° 2, palpation du semi-épineux de la tête, p. 210). La palpation est plus difficile en décubitus, mais il peut être demandé au patient de placer sa main sous la région lombale.
Clé palpatoire : Palper les gouttières paravertébrales. |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes situés dans le groupe des transversaires épineux (TE) sont souvent la conséquence d’une, ou sont pérennisés par une surutilisation aiguë ou chronique des muscles (par exemple une posture debout prolongée en position voûtée ou penchée en avant, le levé de charges, notamment lorsque la colonne vertébrale est fléchie et/ou en rotation), une immobilisation prolongée (par exemple longs voyages en voiture), une station assise prolongée, une station assise avachie, une scoliose (souvent provoquée par une inégalité de longueur des membres ou une asymétrie pelvienne), ou une assise avec des appuis asymétriques.
2. Les points gâchettes dans le groupe des TE sont responsables d’une douleur profonde et provoquent habituellement un défaut de mobilité intersegmentaire rachidienne (particulièrement une limitation en flexion, une attitude en hyperextension, une inclinaison latérale homolatérale, une rotation controlatérale), une augmentation de la lordose lombale ou une diminution de la cyphose thoracique.
3. Les irradiations provenant des points gâchettes du groupe des TE doivent être différenciées de celles du groupe des érecteurs du rachis, du droit de l’abdomen, du carré des lombes, du grand psoas, du grand fessier, du moyen fessier, du piriforme et des muscles du plancher pelvien.
4. Les points gâchettes dans le groupe des TE sont souvent improprement attribués à un défaut de mobilité segmentaire, de l’arthrose, des atteintes discales, un syndrome facettaire, de l’angine de poitrine, des pathologies pulmonaires ou viscérales, un défaut de mobilité sacro-iliaque, ou une sciatique.
5. Des points gâchettes associés se rencontrent fréquemment dans le grand psoas et le groupe des érecteurs du rachis.
6. Notes : 1) Les points gâchettes peuvent se développer à chaque niveau segmentaire ; les points gâchettes illustrés ne sont que des exemples. 2) Les points gâchettes du semi-épineux sont généralement superposables à ceux du longissimus (voir figure 16-17, B). 3) Généralement, les points gâchettes des rotateurs présentent des irradiations douloureuses plus médiales (habituellement en direction du rachis ou immédiatement latérales au rachis) et de façon plus circonscrite que les points gâchettes du multifides. 4) Les points gâchettes des TE dans la région lombale peuvent aussi présenter des irradiations douloureuses à la face antérieure de l’abdomen, habituellement au même niveau segmentaire.
Figure 16-23. |
Points gâchettes des transversaires épineux (multifides et rotateur). A. Vue postérieure illustrant les points gâchettes des transversaires épineux thoraciques et les zones de projection correspondantes. B. Vue postérieure illustrant les points gâchettes des transversaires épineux lombaux et les zones de projection correspondantes. C. Autres zones de projection des points gâchettes. |
ÉTIREMENT DU GROUPE DES TRANSVERSAIRES ÉPINEUX
Figure 16-24. |
Un étirement du groupe des transversaires épineux (TE) droits. Le patient fléchit et réalise une rotation homolatérale (droite) du tronc et du cou. Cet étirement est particulièrement efficace pour le multifides et les rotateurs du groupe des TE. Le semi-épineux peut aussi être efficacement étiré à l’aide de l’étirement illustré en figure 16-18. |
CARRÉ DES LOMBES—PROCUBITUS
❑ INSERTIONS :
o Du bord inféromédial de la 12e côte et des processus transverses de L1 à L4 à la partie postéromédiale de la crête iliaque