Chapitre 15 Techniques d’anesthésie
La prise en charge anesthésique du décollement de rétine a pour objectif de permettre au chirurgien d’opérer dans les meilleures conditions, tout en assurant au patient confort et sécurité peropératoire. Deux techniques d’anesthésie sont réalisables : l’anesthésie générale et l’anesthésie locorégionale. Le décollement de rétine étant une pathologie pouvant toucher le jeune patient comme le vieillard, le choix de la technique d’anesthésie tiendra compte des comorbidités du patient afin d’étudier la balance bénéfice/risque des différentes techniques pouvant lui être proposées.
Techniques
ANESTHÉSIE GÉNÉRALE
L’induction de l’anesthésie générale est réalisée chez un patient à jeun. L’intubation orotrachéale est la méthode de référence. Elle permet de contrôler les voies aériennes. La laryngoscopie et l’intubation augmentent transitoirement la pression intraoculaire [4]. L’utilisation préventive de morphinique permet de minimiser cette élévation de pression intraoculaire [7].
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
Plusieurs techniques sont décrites.
ANESTHÉSIE PÉRIBULBAIRE
C’est la notion de compartiment de diffusion qui permet la réalisation de cette technique. En effet, dans l’orbite, l’absence de barrières étanches entre les compartiments intra- et extramusculaires permet à la solution injectée de diffuser dans l’ensemble de la cavité orbitaire. Cette notion sous-tend qu’une seule injection peut être réalisée à condition que le volume injecté soit suffisant [6]. Cette injection sera faite préférentiellement dans le quadrant inféro-externe par ponction au tiers externe du bord supérieur du rebord orbitaire inférieur. Initialement, l’aiguille est introduite perpendiculairement à la paupière et au plan de l’équateur du globe oculaire. À la hauteur de l’équateur, une orientation de 20° en dedans et vers le haut est donnée à l’aiguille. L’extrémité de l’aiguille se trouve finalement à une profondeur de 25 mm à 30 mm, entre la paroi orbitaire et le cône musculaire. L’utilisation d’aiguille courte est fortement recommandée pour diminuer le risque d’atteinte des éléments intraconiques. L’anesthésiste s’assure de la mobilité du globe en demandant au patient de regarder dans différentes directions. L’injection est alors réalisée lentement après test d’aspiration. Le volume injecté varie de 5 ml à 20 ml en fonction de l’anatomie de la cavité orbitaire. Une compression à l’aide d’un ballonnet pneumatique de Honan est exercée sur le globe (sous 30 mm Hg) pendant dix minutes pour permettre une normalisation des pressions s’exerçant sur le globe.
ANESTHÉSIE SOUS-TÉNONIENNE
L’anesthésie sous-ténonienne consiste à injecter un faible volume d’anesthésique local dans l’espace épiscléral de Tenon. La solution diffusant de manière circulaire autour du globe bloque l’ensemble des nerfs ciliaires y transitant et entraîne un bloc sensitif du bulbe. Plusieurs techniques sont décrites, chirurgicales par incision préalable de la conjonctive et de la capsule de Tenon [2] ou anesthésique par ponction caronculaire [5].