Chapitre 15 Pathologies des rétinacula
Les rétinacula sont des structures peu recherchées dont l’anatomie et la pathologie sont mal connues. Leurs atteintes sont en fait extrêmement variées et accompagnent ou compliquent bon nombre de pathologies à l’origine de nombreuses symptomatologies chroniques.
Le caractère dynamique de l’échographie est fort utile pour dépister leur désinsertion éventuelle, suivre ces rétinacula jusqu’à leurs attaches et les comparer à ceux du côté opposé ; l’échographie semble donc la meilleure technique pour préciser le rôle pathologique de ces structures [1–3].
Anatomie
Les rétinacula sont des épaississements aponévrotiques qui renforcent ou dédoublent les aponévroses superficielles. Ils présentent des points d’ancrage osseux en adhérant de manière extrêmement solide à la corticale et surtout au périoste tapissant l’os. Un parallélisme peut être fait entre ces rétinacula qui renforcent l’aponévrose et les ligaments qui ont le même rôle pour la capsule articulaire [4-5](fig. 15-1).
Fig. 15-1 Insertion du rétinaculum sur la corticale osseuse au voisinage du paquet vasculonerveux tibial
La composition histologique de ces rétinacula est similaire à celle des poulies digitales. Ils sont composés de trois couches : la plus périphérique est formée d’un tissu conjonctifvascularisé, la moyenne comporte des fibres transversales de collagène et d’élastine et la couche centrale constitue la surface de glissement, où l’on retrouve des fibres de collagène orientées longitudinalement et des fibroblastes sécrétant de l’acide hyaluronique. On y retrouve également des terminaisons nerveuses susceptibles d’expliquer certaines symptomatologies douloureuses [5–6](fig. 15-2).
Le rôle des rétinacula varie avec la topographie :
Topographie
Où retrouve-t-on les principaux rétinacula ?
Au niveau de la main, ce sont les poulies digitales qui retiennent l’attention. Leur description est connue [7–10] et elles maintiennent en place les tendons fléchisseurs des doigts à chaque contraction.
Au niveau de la cheville et du pied, de nombreux rétinacula s’observent [2–11]. Ils maintiennent les différents groupes tendineux en place en les empêchant de « prendre la corde », mais ils présentent plusieurs dédoublements permettant, en particulier, d’engainer les paquets vasculonerveux tibiaux et pédieux.
Le groupe antérieur (rétinacula des extenseurs) est composé de deux sangles : le rétinaculum supérieur (ou proximal) et le rétinaculum inférieur (ou distal). Le premier s’insère en dehors sur la fibula, se prolongeant par le rétinaculum des fibulaires. En dedans, il s’attache sur versant antérieur du tibia et la malléole médiale, en continuité avec le rétinaculum médial (fléchisseurs). Ce rétinaculum supérieur recouvre les trois tendons extenseurs (tibial antérieur, extenseur de l’hallux, extenseur commun des orteils) qu’il plaque contre la face antérieure du tibia.
Le rétinaculum inférieur a classiquement une forme en Y avec une composante latérale (le ligament frondiforme) et deux branches médiales (une supérieure et une inférieure). Ce ligament frondiforme recouvre le tendon extenseur des orteils et s’insère latéralement sur le calcanéus par trois racines en superficie du sinus du tarse (fig. 15-4) en croisant l’insertion basse du ligament talofibulaire antérieur ; il est en continuité avec le rétinaculum des fibulaires (portion distale). La portion supéromédiale surcroise le tendon du long extenseur de l’hallux, se dédouble pour laisser passage au tendon tibial antérieur et s’insère sur la face antérieure de la malléole médiale. La portion inférolatérale recouvre le tendon extenseur de l’hallux et le tendon tibial antérieur et s’insère plus bas, sur le bord médial du médiopied (fig. 15-5). Pour faciliter leur glissement sous les rétinacula, chaque tendon extenseur est entouré par une gaine synoviale qui déborde de quelques centimètres le bord proximal du rétinaculum supérieur et se termine en distal à hauteur de l’interligne de Lisfranc.
Le rétinaculum des fibulaires présente également deux portions : une supérieure et une inférieure. La première, supérieure, rejoint la face latérale de la malléole latérale au versant postérieur de la gouttière fibulaire à la face latérale du calcanéus (fig. 15-6). Ce rétinaculum est le plafond d’un canal dont le plancher est le ligament calcanéofibulaire et dans lequel coulissent les tendons fibulaires. Leur mobilité peut être gênée à ce niveau par la présence d’un muscle accessoire ou l’insertion basse des fibres musculaires du court fibulaire. Ce rétinaculum se soulève en éversion contrariée, permettant de bien visualiser son attache malléolaire et de vérifier que les tendons fibulaires ne se mobilisent pas de manière anormale.