Chapitre 15 Accouchement du gros enfant
En France, 7,5 % des enfants pèsent à la naissance plus de 4 000 g [16]. Si le bassin est vaste, leur accouchement ne pose pas de problème. Les difficultés commencent lorsque le poids fœtal dépasse 4 500 g (1 % des naissances).
Dépistage des gros enfants
Qui aura un gros enfant ? (tableau 15.1)
Les naissances de gros enfants sont plus fréquentes chez :
Antécédents | Grossesse en cours |
---|---|
(d’après [12])
Les facteurs de risque de dystocie des épaules corrélés au poids fœtal sont rapportés dans le tableau 15.2.
Facteurs de risque | Odd ratio | Intervalle de confiance |
---|---|---|
Poids > 4 500 g | 39,5 | 19,1–81,4 |
Poids 4 000–4 999 g | 9 | 6,5–12,6 |
Macrosomie lors de précédentes naissances | 3,8 | 1,0–13,9 |
Extraction instrumentale partie moyenne | 4,1 | 2,6–6,4 |
Diabète | 3,5 | 1,7–6,9 |
Extraction instrumentale partie basse | 1,7 | 1,1–1,25 |
Obésité maternelle | 0,9 | 0,5–1,6 |
(d’après [21])
Comment faire le diagnostic de gros enfant ?
L’ échographie près du terme est impérative. La constatation d’un diamètre bipariétal supérieur à 100 mm, d’un diamètre abdominal transverse à 100 mm, d’une circonférence abdominale supérieure à 380 mm ou d’une longueur du fémur supérieur à 77 mm fait suspecter une macrosomie. La valeur prédictive de l’échographie est toutefois médiocre pour l’évaluation du poids fœtal que l’on apprécie qu’à 15 % près en plus ou en moins, dans 50 à 70 % des cas, quelles que soient les formules mathématiques proposées [8]. Cette estimation ne vaut guère mieux que la clinique [12].
La prédiction de la dystocie des épaules est également difficile, même en utilisant l’échographie ou la mesure du diamètre bi-acromial par l’IRM [14]. La différence entre le diamètre abdominal et le diamètre bipariétal a été proposée, montrant un risque de dystocie des épaules important si cette différence est supérieure à 2,6 cm [7]. Cependant, la valeur prédictive de ces méthodes est insuffisante et de nombreuses dystocies des épaules surviennent sans qu’ aucun facteur prédictif ne soit connu. Il n’existe donc pas de critères fiables de prédiction de poids fœtal ou de dystocie des épaules (NP3-RPC [6]), aussi tout accoucheur ou sage-femme se doit de connaître les manœuvres à effectuer en cas de dystocie des épaules.
Pronostic obstétrical
Une radiopelvimétrie s’impose chaque fois qu’il existe un doute sur la qualité du bassin ou si le palper introducteur n’est pas franchement normal :
L’accouchement des gros enfants (figure 15.1)
Césarienne prophylactique
Indication
Elle est fréquente en raison :
L’indication de césarienne prophylactique pour prévenir une dystocie des épaules ne se discute pas dans les situations extrêmes comme un poids fœtal estimé supérieur à 5 000 g ou supérieur à 4 250 g chez une diabétique insulino-dépendante (recommandation A [6]). En dehors de ces cas, la plupart des auteurs et le CNGOF recommandent une épreuve du travail car il faudrait faire entre 300 et 500 césariennes prophylactiques pour éviter une dystocie des épaules [24], et ces chiffres doivent être multipliés par cinq à dix pour éviter une élongation du plexus brachial [22].
Déclenchement artificiel du travail
Le déclenchement du travail peut être justifié par une pathologie associée (hypertension, diabète gestationnel). L’ indication ne doit être acceptée que si les conditions sont favorables. La maturation cervicale par les prostaglandines peut être utile (voir p. 411), et la surveillance du travail doit être rigoureuse en raison du risque de dystocie due à la macrosomie.
Le déclenchement prématuré du travail 15 jours à 3 semaines avant le terme, destiné à éviter une aggravation de la macrosomie, ne peut être discuté que chez une multipare avec un bassin vaste, un col déjà suffisamment dilaté, et une date de terme certaine. Les différentes études concernant le déclenchement systématique des suspicions de macrosomie isolée n’ont pas permis de démontrer une diminution du taux de césarienne (au contraire) ou de dystocie des épaules (NP1 [13, 23]).
En l’absence de diabète maternel, la suspicion de macrosomie n’est pas une indication à réaliser par un déclenchement du travail (NP2-RPC [6]).