14 Item 159 – Tumeurs du sein
Le cancer du sein est un problème de santé publique :
À chaque consultation concernant la pathologie mammaire, la crainte du cancer est toujours sous-jacente (que ce soit « douleur » ou « boule »). Les pièges à éviter : être trop rassurant et ne rien faire ou au contraire multiplier les examens plus ou moins utiles.
Ce qui est important : faire le point d’une situation en regroupant tous les éléments pertinents venant de la clinique, des examens complémentaires et en vérifiant leur concordance pour définir une attitude.
Trois grands types de situation en pratique courante :
I STRATEGIE DIAGNOSTIQUE DEVANT LA DÉCOUVERTE D’UN NODULE DU SEIN
La prise en charge moderne d’un nodule mammaire repose sur la confrontation des données cliniques, radiologiques et anatomopathologiques.
A Interrogatoire
1 Contexte de la découverte et signes d’accompagnement
La découverte se fait à la palpation. Mode d’apparition :
2 Facteurs de risque
Les facteurs de risques sont :
B Examen clinique
2 Palpation
b Résultats (tumeur : intérêt d’un schéma)
Il est conseillé de réaliser un schéma indiquant les localisations :
c Technique de la palpation des ganglions
La palpation concerne les ganglions :
À la suite de l’examen clinique, on prescrira le plus souvent deux examens, une mammographie bilatérale et une échographie des deux seins.
C Explorations complémentaires
1 Mammographie
La technique de la mammographie suppose :
La lecture de la mammographie signifie (fig. 14.3, 14.4 et 14.5) :
Tableau 14.I. Classification des anomalies mammographiques
Classification des anomalies mammographiques de l’ACR (American College of Radiology) | ||
---|---|---|
ACR | Anomalies mammographiques | Interprétation et attitude |
ACR 1 | Aucune anomalie | |
ACR 2 | – Opacités rondes avec macrocalcifications (adénofibrome ou kyste)– Opacités ovales à centre clair (ganglion intramammaire)– Opacités rondes correspondant à un kyste typique en échographie– Image de densité graisseuse ou mixte (lipome, hamartome) | Anomalie bénigne identifiable ne nécessitant ni surveillance ni examen omplémentaire |
ACR 3 | – Microcalcifications de type 2 d’après Le Gal en foyer unique ou multiple ou nombreuses calcifications dispersées groupées au hasard– Opacités rondes ou ovales, discrètement polycycliques non calcifiées, bien circonscrites, non typiquement liquidiennes en échographie | Forte probabilité de bénignité mais une surveillance à court terme est conseillée |
ACR 4 | – Microcalcifications de type 3 d’après Le Gal groupées en amas, ou de type 4 peu nombreuses– Images spiculées sans centre dense– Opacités non liquidiennes rondes ou ovales, à contour microlobulé ou masqué– Distorsions architecturales | Anomalie indéterminée ou suspecte, qui fait poser l’indication d’une vérification histologique |
ACR 5 | – Microcalcifications de type 5 d’après Le Gal nombreuses et groupées– Amas de microcalcifications de topographie galactophorique– Microcalcifications évolutives ou associées à une anomalie architecturale ou à une opacité | Forte probabilité de malignité |
2 Échographie
La technique de l’échographie des seins a les caractéristiques suivantes :
Ses résultats (fig. 14.6, 14.7 et 14.8) sont :
Les quatre principaux critères évocateurs de malignité sont : hétérogénéité, grand axe non parallèle à la peau, cône d’ombre postérieur et attirances latérales.
Au terme de ces deux examens confrontés à l’examen clinique (et en tenant compte de l’interrogatoire), il existera deux principales situations :
La figure 14.9 décrit la conduite à tenir.
Deux méthodes principales pour confirmer le diagnostic sont à notre disposition : la ponction cytologique mais surtout (+++) la microbiopsie.
D Prélèvements
1 Ponction cytologique
La technique de ponction cytologique du sein (fig. 14.10, 14.11 et 14.12) se décompose ainsi :
Les résultats peuvent être de deux sortes :
2 Microbiopsie
La technique de la microbiopsie du sein se fait par ponction dans un nodule palpable ou avec guidage écho- ou stéréotaxique.
Les prélèvements sont des carottes tissulaires, permettant un diagnostic histologique (fig. 14.13 et 14.14).
Dans certains cas, ces examens ne seront pas suffisamment contributifs. On envisagera alors une exérèse chirurgicale avec examen extemporané.
E Examen extemporané
Il s’agit d’un examen anatomopathologique réalisé en peropératoire et consistant à congeler un fragment tumoral dans un cryostat afin de réaliser des coupes immédiatement examinables au microscope.
Le rôle de cet examen est de conditionner l’attitude thérapeutique immédiate, au cours de la même anesthésie en guidant le geste opératoire. Au terme de ces explorations, les diagnostics seront :
F Interprétation d’un compte rendu anatomopathologique
Les renseignements cliniques :
La macroscopie décrit (importante pour le clinicien) :
II ATTITUDE THÉRAPEUTIQUE ET SUIVI EN CAS DE LÉSION BÉNIGNE DU SEIN
Elle dépend de la nature histologique des lésions.
A Adénofibrome (AF)
1 Clinique
Tuméfaction unique (ou multiple soit d’emblée soit secondairement) chez une patiente jeune (20 à 30 ans) ayant tous les critères de la bénignité :
L’anatomie pathologique de l’AF présente une prolifération mixte épithéliale et conjonctive équilibrée (fig. 14.15).
2 Échographie
L’échographie d’un adénofibrome (fig. 14.16) montre une lacune hypoéchogène régulière :
L’échographie est très utile chez la femme jeune dont les seins sont denses et est réalisée de ce fait en 1re intention.
3 Mammographie
Elle n’est pas systématique, surtout chez les femmes très jeunes.
La radiologie de l’AF décrit une opacité homogène à bords réguliers refoulant le tissu mammaire voisin (avec liseré clair de sécurité) ; des macrocalcifications témoignent d’un adénofibrome vieilli (fig. 14.17).
4 Conduite à tenir
Les traitements médicaux sont décevants (traitement progestatif). Les indications opératoires se limitent :
En l’absence d’intervention : on effectue une surveillance clinique annuelle en s’aidant d’une échographie chez la femme jeune.
On proposera d’autant plus facilement une microbiopsie que le diagnostic est à confirmer ([+++] femme > 30 ans, contexte à risque).
Le risque de dégénérescence des AF est faible (1/10 000) mais certains AF constituent des marqueurs de risque de cancer du sein et imposent une surveillance mammaire :

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