Chapitre 13. Les troubles du sommeil et l’insomnie
INTRODUCTION
Une distinction est faite dans ce chapitre entre la gestion des troubles du sommeil et ceux de l’insomnie. Dans certains cas, une simple aide pharmacologique sera suffisante. Dans d’autres, il sera nécessaire de tenir compte de tout le contexte psychologique qui entoure la plainte. D’autres situations requièrent une association judicieuse des deux approches.
LES TROUBLES DU SOMMEIL
Une plainte d’insomnie peut être sous-tendue par une grande variété de problématiques, comme on le voit dans l’ encadré 13.1.
Encadré 13.1
• L’incapacité de s’endormir
• L’incapacité de rester endormi
• Le réveil matinal précoce Le sommeil non récupérateur
• La fatigue résiduelle pendant la journée, que le sujet attribue à un sommeil perturbé la nuit précédente
Une série de problèmes physiques peuvent troubler le sommeil : la toux, les démangeaisons, la douleur, l’agitation, les besoins d’uriner fréquents ou l’insuffisance respiratoire, par exemple. Les causes premières peuvent être aussi diverses que des cancers, des névralgies, de la dépression ou des réactions à des médicaments. Une mise au point, un diagnostic précis et un traitement de la pathologie sous-jacente sont dans ce cas nécessaires.
Un des troubles de cette liste mérite une attention particulière : les apnées obstructives du sommeil (syndrome de Pickwick). Celles-ci touchent plus fréquemment les hommes d’âge moyen qui sont en surpoids ou ont un cou plus large que la norme, et peuvent concerner jusqu’à 3 % de la population adulte. Le mécanisme de cette obstruction est un affaissement des voies respiratoires hautes à l’inspiration durant le sommeil. Elle se produit typiquement lorsque la personne est couchée sur le dos.
Cet affaissement bloque la respiration jusqu’à ce que l’inspiration se fasse avec suffisamment de force pour obliger les voies respiratoires à s’ouvrir, ce qui s’accompagne habituellement d’un ronflement bruyant. Cet effort en lui-même est si intense que la qualité du sommeil s’en trouve perturbé, ce qui se traduit par une fatigue résiduelle le lendemain. Le diagnostic est souvent posé lors de l’hétéroanamnèse, l’intensité du ronflement ayant des répercussions sur le sommeil du partenaire. Celui-ci remarque également que son partenaire semble cesser de respirer par pause de 10 à 60s. Une telle situation nécessite un traitement, mais prescrire des hypnotiques peut aggraver encore le tableau jusqu’à poser un risque vital. Le traitement adéquat fait appel à un appareil qui délivre de l’air sous pression en continu (CPAP).
Deux autres problématiques relativement rares, en partie physiques et en partie sociales, doivent être mentionnées ici : les insomnies liées à des phases de sommeil avancées ou retardées. Dans le déphasage avancé, les personnes s’endorment trop tôt dans la soirée et se réveille trop matinalement, alors que dans les déphasages retardés, elles s’endorment trop tard et ont beaucoup de difficultés à se lever le lendemain. Ces déphasages sont liés à un trouble du rythme circadien. Fondamentalement, nous avons tous tendance constitutionnellement à être soit des lève-tôt (qui se lèvent tôt et sont en forme dès le matin) soit des couche-tard (qui ont de meilleures performances en fin de journée et le soir). Les décalages de phases sont des exagérations de ces tendances naturelles, mais nécessitent l’intervention d’un spécialiste pour y remédier.