Chapitre 11 Variantes musculotendineuses de la cheville
Bien avant l’avènement de l’imagerie médicale, des traités de paléopathologie [1], d’anatomie philosophique [2] et d’anthropologie relataient l’existence de variations tendineuses de la cheville chez l’homme, dès le XIXe siècle.
Les variantes anatomiques des tendons de la cheville concernent aussi bien les tendons latéraux, extenseurs, médiaux que postérieurs [3].
Variantes postérieures et médiales
Soleus accessorius : muscle soléaire accessoire (fig. 11-1a)
• Trajet : s’oriente distalement en situation médiale par rapport au muscle soléaire et à son tendon, séparé de celui-ci par un fascia. Il comble le Kager graisseux, ce qui pose le diagnostic en imagerie (fig. 11-1b).
• Terminaison : le plus souvent sur la face supérieure du calcanéus. Il doit bien sûr être distingué du muscle plantaire grêle [7], également accessoire, plus superficiel, qui fusionne distalement avec le tendon d’Achille.
• Pathogénie : le plus souvent asymptomatique. Parfois à l’origine d’un syndrome du carrefour postérieur [8]. Il se manifeste alors le plus souvent dans la 2e décennie. Lorsqu’il est symptomatique, une exérèse chirurgicale peut être indiquée.
Flexor digitorum accessorius longus : muscle accessoire du long fléchisseur des orteils [9] (fig. 11-2aet 11-2b)
• Prévalence : dans notre série, il est retrouvé dans 7 % des cas, soit un peu plus que dans la littérature, qui l’estime le plus souvent aux environs de 6 % [10,11].
• Origine : variable, pouvant naître aussi bien du tibia, de la fibula que du long fléchisseur de l’hallux.
• Trajet : il est de siège plus postérieur et plus superficiel par rapport au long fléchisseur de l’hallux et au paquet vasculonerveux tibial postérieur, puis il est en rapport direct avec le nerf plantaire latéral, ce qui explique son caractère parfois symptomatique (fig. 11-2c).
• Terminaison : commune avec le muscle carré plantaire le plus souvent (ou chair carrée de Sylvius ou muscle fléchisseur accessoire des orteils). Il est ainsi distinguable du peroneus calcaneus internus, qui possède une terminaison propre.
Peroneus calcaneus internus ou muscle fibulocalcanéen médial (fig. 11-3a à 11-3c)
• Prévalence : elle semblerait globalement équivalente à celle du muscle long fléchisseur accessoire des orteils, bien qu’il soit retrouvé dans certaines séries dans près de 8 % des cas [14]. Nous ne le retrouvons que dans 3 % dans notre série.
• Origine : tiers inférieur de la face médiale de la fibula, proche de l’insertion du long fléchisseur de l’hallux.
• Trajet : par rapport au long fléchisseur de l’hallux, il s’oriente en situation plus postérieure et latérale, et contourne le sustentaculum tali en arrière. Il reste séparé du muscle carré plantaire par un espace graisseux. Il est parfois difficile à distinguer d’un muscle soléaire accessoire, d’autant plus que celui-ci peut s’insérer sur la face médiale du calcanéus.