Chapitre 10. Région n° 1—Palpation des muscles de la ceinture scapulaire
Plan du chapitre
Trapèze, 142
Élévateur de la scapula, 149
Deltoïde postérieur, 152
Infraépineux et petit rond, 154
Supraépineux, 160
Deltoïde antérieur, 163
Subscapulaire, 165
Dentelé antérieur, 169
Grand pectoral, 172
Petit pectoral, 175
Subclavier, 177
Récapitulatif essentiel et approfondi : muscles de la ceinture scapulaire, 179
Objectifs du chapitre
Après avoir terminé ce chapitre, l’étudiant doit être capable, pour chaque muscle traité dans ce chapitre, de réaliser les éléments suivants.
1. Énoncer les insertions.
2. Énoncer les actions.
3. Décrire la position de départ pour la palpation.
4. Décrire et expliquer l’objectif de chaque étape palpatoire.
5. Palper chaque muscle.
6. Donner la « clé palpatoire ».
7. Décrire les positions alternatives de palpation.
8. Indiquer l’emplacement des points gâchettes les plus courants.
9. Décrire les zones de projection des points gâchettes.
10. Énoncer les facteurs les plus courants qui induisent et/ou perpétuent les points gâchettes.
11. Énoncer les symptômes les plus couramment provoqués par les points gâchettes.
12. Décrire et réaliser un étirement.
Presentation
Des démonstrations vidéo de la palpation des muscles de ce chapitre sont présentées dans le chapitre 10 sur le DVD 1. |
Figure 10-1. |
Vue postérieure de la ceinture scapulaire. Le côté gauche est superficiel. Le côté droit est profond (les muscles deltoïde, trapèze, sternocléidomastoïdien et le fascia infraépineux ont été enlevés). |
Figure 10-2. |
Vue antérieure de la ceinture scapulaire. Le côté droit est superficiel. Le côté gauche est profond (les muscles deltoïde, grand pectoral, trapèze, scalènes, omohyoïdien et les muscles du bras ont été enlevés ; le ternocléidomastoïdien a été sectionné). |
Figure 10-3. |
Vue latérale droite de la ceinture scapulaire et de la région du cou. |
Figure 10-4. |
Vues de la région de la ceinture scapulaire droite. A est une vue postérieure. B est une vue antérieure ; la majorité du deltoïde et du grand pectoral a été sectionnée et enlevée. |
Figure 10-5. |
Vue latérale droite de la région de la ceinture scapulaire et du tronc. |
TRAPÈZE—PROCUBITUS10-1
❑ INSERTIONS :
o Des protubérance occipitale externe, 1/3 médial de la ligne nucale supérieure, ligament nucal et processus épineux de C7 à T12, aux 1/3 latéral de la clavicule, processus acromial et épine de la scapula.
❑ ACTIONS :
o Trapèze supérieur : élévation, adduction et sonnette latérale de la scapula dans l’articulation scapulothoracique ; extension, inclinaison et rotation controlatérale de la tête et du cou dans les articulations vertébrales
o Trapèze moyen : adduction de la scapula dans l’articulation scapulothoracique
o Trapèze inférieur : abaissement, adduction et sonnette latérale de la scapula dans l’articulation scapulothoracique
Position de départ (figure 10-7) :
o Patient en procubitus, bras reposant sur la table le long du corps
o Thérapeute debout à côté du patient
o Main palpatoire placée juste en latéral de la partie basse du rachis thoracique (sur le trapèze inférieur)
Étapes palpatoires :
1. Demander au patient de faire une abduction d’épaule de 90°, coude tendu, et de faire une légère adduction de la scapula dans l’articulation scapulothoracique, en serrant l’omoplate vers le rachis (figure 10-8). Ajouter une résistance faible à l’abduction du bras du patient avec votre deuxième main est susceptible d’aider.
Figure 10-7 |
Figure 10-8 |
2. Palper le trapèze inférieur. Pour repérer le bord latéral, palper perpendiculairement à lui (figure 10-9, A). Une fois repéré, palper le trapèze inférieur dans son entier.
Figure 10-9 |
3. Répéter cette manœuvre pour le trapèze moyen, entre la scapula et le rachis. Faire une pression glissée palpatoire perpendiculairement à la direction des fibres (c’est-à-dire verticalement) (figure 10-9, B).
4. Répéter cette manœuvre pour le trapèze supérieur.
5. Pour activer davantage le trapèze supérieur, demander au patient de faire une légère extension de la tête et du cou dans les articulations vertébrales. Puis palper le trapèze supérieur dans son entier (figure 10-9, C).
6. Une fois le trapèze repéré, demander au patient de le relâcher et le palper pour évaluer sa tension de repos.
Figure 10-6. |
Vue postérieure du trapèze droit. Les muscles sternocléidomastoïdien, élévateur de la scapula et splénius de la tête ont été estompés. |
1. Faire une abduction du bras exige une force de sonnette latérale produite par les trapèzes supérieur et inférieur, pour stabiliser la scapula. Faire une adduction de la scapula recrute tout le trapèze, en particulier le trapèze moyen.
2. Souvent, les patients lèveront le bras en l’air quand on leur demandera de faire une adduction de la scapula. Insistez sur le fait que le patient doit « serrer l’omoplate en arrière ». Cependant, le patient ne doit pas faire une adduction excessive de la scapula, sinon elle se placera trop près du rachis et la musculature adductrice se ramassera en faisant une bosse, ce qui rendra difficile la palpation du trapèze moyen.
3. Quand vous demandez au patient de faire une extension de la tête et du cou pour recruter davantage le trapèze supérieur, évitez qu’il fasse une grande extension, sinon il sera difficile de palper dans le creux du cou.
4. Le bord latéral du trapèze inférieur est souvent visible. Cherchez-le visuellement avant de placer vos mains palpatoires sur le patient.
Clé palpatoire : Voler comme un avion : Si on palpe les deux muscles trapèzes en même temps, les deux bras étendus des deux côtés vers l’extérieur donnent l’impression que le patient vole |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes du trapèze supérieur sont souvent provoqués ou perpétués par un surmenage aigu ou chronique du muscle. Les exemples incluent les postures régulières d’élévation de la ceinture scapulaire ; la position antérieure de la tête ; toute posture régulière liée à une mauvaise ergonomie, en particulier la position assise devant l’ordinateur ou le calage du téléphone entre l’épaule et l’oreille ; le fait de résister à l’abaissement de l’épaule quand le membre supérieur pend, surtout quand il porte un poids ; un traumatisme (comme le coup du lapin) ; les forces de compression (comme porter un sac à main lourd ou un sac à dos à l’épaule, ou avoir une bretelle de soutien-gorge serrée) ; ou un stress/tension chroniques (maintien crispé des épaules). Les points gâchettes du trapèze moyen sont activés/perpétués par une posture permanente en enroulement des épaules, ou par la conduite automobile en tenant le haut du volant. Les points gâchettes du trapèze inférieur sont, eux, activés/perpétués par l’abaissement appuyé et régulier des moignons d’épaule (comme le fait d’appuyer le menton dans la main, ou de pousser les mains vers le bas sur le siège quand on est assis).
2. Les points gâchettes du trapèze supérieur ont tendance à produire le classique cou raide, avec une limitation de l’inclinaison controlatérale et de la rotation homolatérale du cou dans les articulations vertébrales, une posture en élévation d’un moignon d’épaule, une douleur en fin de rotation controlatérale du cou et des maux de tête de tension. Les points gâchettes du trapèze moyen ont tendance à entraîner une inhibition et une faiblesse du trapèze moyen, responsables d’une antépulsion permanente des moignons d’épaule (épaules enroulées), et la chair de poule sur le bras (et parfois sur la cuisse). Les points gâchettes du trapèze inférieur ont tendance à provoquer une douleur à type de brûlure, ainsi qu’une inhibition et une faiblesse du trapèze inférieur, responsables d’une élévation des épaules. Les points gâchettes du trapèze, dans quelque partie que ce soit, sont susceptibles d’engendrer un dysfonctionnement des articulations rachidiennes des vertèbres sur lesquelles il s’insère.
3. Les schémas de projection des points gâchettes du trapèze supérieur doivent être distingués de ceux des sternocléidomastoïdien, masséter, temporal, occipital, splénius du cou, élévateur de la scapula, semi-épineux de la tête, multifides cervical et trapèze inférieur. Les schémas de projection du trapèze moyen doivent être distingués de ceux des muscles élévateurs de la scapula, érecteurs du rachis et transversaire-épineux du tronc et trapèze inférieur. Les schémas de projection du trapèze inférieur doivent être distingués de ceux des muscles multifides cervicaux, élévateur de la scapula, rhomboïdes, scalènes, infraépineux, grand dorsal, dentelé antérieur, érecteurs du rachis et transversaire épineux du tronc et trapèze supérieur.
4. Les points gâchettes du trapèze sont souvent diagnostiqués de façon incorrecte comme un syndrome discal cervical, un syndrome de l’articulation temporomandibulaire (ATM), ou une névralgie occipitale.
5. Des points gâchettes associés à ceux du trapèze supérieur se produisent fréquemment dans les muscles scalènes, splénius de la tête et du cou, élévateur de la scapula, rhomboïdes, semi-épineux de la tête, temporal, masséter et trapèze supérieur controlatéral. Des points gâchettes associés à ceux du trapèze moyen surviennent souvent dans le grand et le petit pectoraux et dans les érecteurs du rachis et transversaire épineux du tronc. Des points gâchettes associés à ceux du trapèze inférieur se produisent souvent dans le grand dorsal et le trapèze supérieur homolatéral.
6. Remarque : le trapèze est considéré comme le muscle présentant le plus souvent des points gâchettes. Le trapèze supérieur en particulier possède le point gâchette le plus couramment rencontré. En outre, il arrive que les symptômes projetés par ce point gâchette courant diffusent à l’autre côté du corps.
Figure 10-10. |
Points gâchettes courants du trapèze et leurs zones de projection correspondantes. A est une vue latérale montrant l’emplacement d’un point gâchette dans les fibres les plus verticales du trapèze supérieur. B montre un autre point gâchette du trapèze supérieur du côté gauche ; le côté droit illustre les emplacements des points gâchettes du trapèze moyen. C montre deux points gâchettes du trapèze inférieur et leurs zones de projection. |
ÉTIREMENT DU TRAPÈZE
Figure 10-11. |
Étirements des trois parties fonctionnelles du trapèze droit. A montre un étirement du trapèze supérieur droit. La tête et le cou du patient font une flexion, une inclinaison latérale gauche et une rotation droite (homolatérale). Pour garder l’épaule basse, la main droite se tient au banc. B montre un étirement du trapèze moyen droit. La main droite tient un poids ; sa force de traction fait une antépulsion de l’épaule et étire le trapèze moyen. Faire une rotation médiale du bras droit accentuera l’étirement. C montre un étirement du trapèze inférieur droit. Le patient agrippe un poteau à peu près à hauteur de sa tête et se penche en arrière, entraînant une abduction et une élévation de la scapula. |
RHOMBOÏDES—PROCUBITUS
❑ INSERTIONS :
o Des processus épineux de C7 à T5 au bord médial de la scapula, de la racine de l’épine à l’angle inférieur
❑ ACTIONS :
o Adduction, élévation et sonnette médiale de la scapula dans l’articulation scapulothoracique
Position de départ (figure 10-13) :
o Patient en procubitus, la main reposant au creux des reins
o Thérapeute debout à côté du patient
o Main palpatoire placée entre la colonne vertébrale et la scapula à mi-hauteur
Étapes palpatoires :
1. Demander au patient de soulever la main en l’écartant du creux des reins (figure 10-14).
Figure 10-13 |
Figure 10-14 |
2. Chercher le bord inférieur des rhomboïdes qui devient visible (figure 10-15). Assurez-vous que votre main palpatoire ne couvre pas le bord inférieur.
Figure 10-15 |
3. Palper les rhomboïdes de leur partie inférieure à leur partie supérieure. Tout en palpant, faire une pression glissée palpatoire perpendiculairement à la direction des fibres.
4. Une fois les rhomboïdes repérés, demander au patient de les relâcher et les palper pour évaluer leur tension de repos.
Figure 10-12. |
Vue postérieure des grand et petit rhomboïdes droits. L’élévateur de la scapula a été estompé. |
1. Pour que le patient place sa main au creux des reins, il doit faire une extension d’épaule. Pour cela, une action associée de sonnette médiale dans l’articulation scapulothoracique est nécessaire, ce qui entraîne le relâchement du trapèze supérieur (par innervation réciproque), permettant ainsi de palper à travers lui. La sonnette médiale aura aussi pour effet d’activer les rhomboïdes, de façon que leur contraction soit nettement perçue.
2. Le bord supérieur des rhomboïdes est plus difficile à visualiser et à palper que le bord inférieur. Mais, habituellement, on parvient à le palper. Cherchez un interstice entre les rhomboïdes et l’élévateur de la scapula.
3. Habituellement, il n’est pas possible de distinguer clairement la limite entre le grand rhomboïde et le petit rhomboïde.
Position alternative de palpation—assise
Clé palpatoire : Main du patient au creux des reins. |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes des rhomboïdes sont souvent provoqués ou perpétués par un surmenage aigu ou chronique du muscle (en tant qu’adducteurs et stabilisateurs de la scapula quand le bras se mobilise dans l’articulation de l’épaule), ou par un étirement permanent provoqué par une posture en enroulement des épaules, posture due à une raideur des muscles pectoraux en avant et à des points gâchettes dans le trapèze.
2. Les points gâchettes dans les rhomboïdes ont tendance à engendrer une douleur ressentie superficiellement, à la fois au repos et avec l’activité des muscles. Ils peuvent aussi provoquer un dysfonctionnement articulaire des vertèbres sur lesquelles ils s’insèrent.
3. Les schémas de projection des points gâchettes des rhomboïdes doivent être distingués de ceux des muscles élévateur de la scapula, scalènes, trapèze moyen, infraépineux, grand dorsal, dentelé postérosupérieur, transversaire épineux thoraciques et dentelé antérieur.
4. Les points gâchettes des rhomboïdes sont souvent diagnostiqués de façon incorrecte comme une fibromyalgie.
5. Des points gâchettes associés surviennent fréquemment dans les muscles trapèze, élévateur de la scapula, grand et petit pectoraux, dentelé antérieur et infraépineux.
Figure 10-16. |
Vue postérieure illustrant les points gâchettes courants des rhomboïdes et leur zone de projection correspondante. |
ÉTIREMENT DES RHOMBOÏDES
Figure 10-17. |
Un étirement des rhomboïdes droits. Le bras du patient est utilisé pour faire une abduction et un abaissement de la scapula droite. |
EXTENSION
Notes sur les points gâchettes du dentelé postérosupérieur (DPS) :
1. Les points gâchettes du DPS sont souvent provoqués ou perpétués par un surmenage aigu ou chronique du muscle (par exemple chez les patients dont la respiration est laborieuse, en raison de pathologies respiratoires obstructives chroniques telles que l’asthme, la bronchite et l’emphysème) et par des points gâchettes dans les scalènes.
2. Les points gâchettes dans le DPS ont tendance à provoquer une douleur profonde ressentie loin sous la scapula (la douleur est souvent perçue au repos, mais augmente avec les mouvements du bras, responsables d’une compression du DPS contre la cage thoracique par la scapula), des difficultés à dormir du côté atteint en raison de la pression sur le point gâchette, une impression d’engourdissement dans le petit doigt, ou encore un dysfonctionnement des articula tions vertébrales de C7 à T3.
3. Les schémas de projection des points gâchettes du DPS doivent être distingués de ceux des muscles érecteurs du rachis et transversaires épineux du tronc, des muscles scalènes, rhomboïdes, élévateur de la scapula, deltoïde postérieur, supraépineux, infraépineux, petit rond, grand dorsal, grand rond, subscapulaire, triceps brachial, des trois muscles extenseurs du poignet et de l’extenseur des doigts.
4. Les points gâchettes du DPS sont souvent diagnostiqués de façon incorrecte comme un syndrome discal cervical, un syndrome de la traversée thoracobrachiale, ou un dysfonctionnement de l’articulation du coude.
5. Des points gâchettes associés se produisent fréquemment dans les muscles scalènes, rhomboïdes et les muscles érecteurs du rachis et transversaires épineux du tronc.
Figure 10-18. |
Dentelé postérosupérieur (DPS). A est une vue postérieure du DPS droit ; le splénius de la tête a été estompé. Le DPS s’insère des processus épineux de C7-T3 aux côtes deux à cinq. B est une vue postérieure illustrant les points gâchettes habituels du DPS et leur zone de projection correspondante. C illustre la palpation du DPS. Le bras pend hors de la table pour faire une abduction de la scapula dans l’articulation scapulothoracique, exposant tout le DPS. |
Figure 10-19. |
Palpation du groupe droit des érecteurs du rachis dans la région thoracique. On demande au patient de faire une extension de la tête, du cou et du tronc pour activer la musculature des érecteurs du rachis. Pour plus d’information sur la palpation des érecteurs du rachis, veuillez voir p. 359 (Région n° 7, chapitre 16). |
ÉLÉVATEUR DE LA SCAPULA—PROCUBITUS10-210-3
❑ INSERTIONS :
o Des processus transverses de C1 à C4 au bord médial de la scapula, de la racine de l’épine à l’angle supérieur
❑ ACTIONS :
o Élévation et sonnette médiale de la scapula dans l’articulation scapulothoracique
o Extension, inclinaison latérale et rotation homolatérale du cou dans les articulations rachidiennes
Position de départ (figure 10-21) :
o Patient en procubitus, la main reposant au creux des reins
o Thérapeute debout ou assis à côté du patient
o Main palpatoire placée juste en crânial et médial par rapport à l’angle supérieur de la scapula
Étapes palpatoires :
1. Sa main étant au creux des reins, demander au patient de faire une élévation de la scapula sans force et de faible amplitude, dans l’articulation scapulothoracique. Chercher à sentir la contraction de l’élévateur de la scapula en profondeur sous le trapèze (figure 10-22, A).
Figure 10-21 |
Figure 10-22 |
2. Poursuivre la palpation de l’élévateur de la scapula en direction de son insertion supérieure, en faisant une pression glissée palpatoire perpendiculairement à ses fibres.
3. Quand on en est à palper l’élévateur de la scapula dans le triangle postérieur (au-dessus du trapèze), il n’est plus nécessaire que la main du patient reste au creux des reins. Il est également possible à présent de demander au patient d’élever la scapula avec plus de force ; on peut aussi ajouter une résistance (figure 10-22, B).
4. Palper l’élévateur de la scapula aussi haut que possible (près de son insertion supérieure, il s’enfonce sous le sternocléidomastoïdien).
5. Une fois l’élévateur de la scapula repéré, demander au patient de le détendre et le palper pour évaluer sa tension de repos.
Figure 10-20. |
Vue postérieure de l’élévateur de la scapula droit. Le trapèze a été estompé. |
Clé palpatoire : Main du patient au creux des reins. |
1. Pour que le patient place sa main au creux des reins, il doit faire une extension d’épaule. Pour cela, une action associée de sonnette médiale dans l’articulation scapulothoracique est nécessaire, ce qui entraîne le relâchement du trapèze supérieur (par innervation réciproque), permettant ainsi de sentir clairement l’insertion supérieure de l’élévateur de la scapula quand il se contracte. La sonnette médiale aura aussi pour effet d’activer l’élévateur de la scapula ; ainsi sa contraction sera-t-elle plus nettement perçue.
2. Évitez que le patient fasse une élévation trop vigoureuse de la scapula, car le réflexe d’innervation réciproque serait neutralisé et le trapèze supérieur se contracterait, empêchant la palpation de l’élévateur de la scapula à son insertion inférieure.
3. Une fois l’élévateur de la scapula palpé dans le triangle postérieur du cou, le patient peut enlever sa main du creux des reins parce qu’il n’est plus nécessaire d’inhiber (détendre) le trapèze supérieur. En outre, quand on est en train de palper l’élévateur de la scapula dans le triangle postérieur du cou, une contraction forte de l’élévateur de la scapula peut être sollicitée pour mieux le palper et le repérer.
4. Chez les adultes d’âge moyen ou plus âgés, l’élévateur de la scapula est souvent visible dans le triangle postérieur du cou (figure 10-23).
Figure 10-23 |
5. Il peut être difficile de palper la partie toute supérieure de l’élévateur de la scapula en profondeur sous le sternocléidomastoïdien (SCM). Pour y parvenir, relâchez le SCM en faisant une légère flexion et inclinaison homolatérale du cou, puis essayez de palper profondément sous le SCM, jusqu’à atteindre les processus transverses de C1 à C4 (voir figure 11-39à la p. 205).
6. Remarquez que le processus transverse de C1 se trouve juste audessous de l’oreille (entre le processus mastoïde et la branche de la mandibule) !
Position alternative de palpation—assise
Figure 10-24. |
L’élévateur de la scapula peut aussi être aisément palpé sur un patient assis. |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes de l’élévateur de la scapula sont souvent provoqués ou perpétués par un surmenage aigu ou chronique du muscle (par exemple porter un sac ou un sac à main à l’épaule, caler un téléphone entre l’épaule et l’oreille, faire un entraînement physique excessif comme le tennis, avoir un maintien crispé des épaules). Ils peuvent aussi être induits par un raccourcissement ou un étirement permanents du muscle, dus à de mauvaises postures de travail ou de loisirs (par exemple avoir un ordinateur mal placé, lire la tête penchée en avant), par des accidents de la route, par un courant d’air froid sur le cou, ou par un trop grand stress psychologique.
2. Les points gâchettes dans l’élévateur de la scapula ont tendance à provoquer un classique cou raide (souvent appelé torticolis ou cou tordu), avec une limitation de la rotation controlatérale du cou.
3. Les schémas de projection des points gâchettes de l’élévateur de la scapula doivent être distingués de ceux des muscles scalènes, rhomboïdes, supraépineux et infraépineux.
4. Les points gâchettes dans l’élévateur de la scapula sont souvent diagnostiqués de façon incorrecte comme un dysfonctionnement articulaire du rachis cervical.
5. Des points gâchettes associés surviennent fréquemment dans les muscles trapèze supérieur, splénius du cou, scalènes et érecteurs du rachis cervical.
Figure 10-25. |
Vue postérieure illustrant les points gâchettes courants de l’élévateur de la scapula et leur zone de projection correspondante. |
ÉTIREMENT DE L’ÉLÉVATEUR DE LA SCAPULA
Figure 10-26. |
Un étirement de l’élévateur de la scapula droit. Le cou du patient fait une flexion, une inclinaison latérale gauche et une rotation gauche (controlatérale). Pour garder l’épaule basse, la main droite se tient au banc. |
DELTOÏDE POSTÉRIEUR—PROCUBITUS
❑ ACTIONS :
o Extension, abduction, rotation latérale et extension horizontale du bras dans l’articulation de l’épaule
Position de départ (figure 10-28) :
o Patient en procubitus, bras abducté de 90° sur le côté et reposant sur la table, l’avant-bras pendant en dehors de la table
o Thérapeute debout ou assis à côté du patient
o Main palpatoire placée juste sous l’extrémité latérale de l’épine de la scapula
o Deuxième main placée sur l’extrémité distale du bras du patient
Étapes palpatoires :
1. Demander au patient de faire une extension horizontale du bras (en le levant tout droit vers le plafond) et chercher la contraction des fibres postérieures du deltoïde. On peut ajouter une résistance (figure 10-29).
Figure 10-28 |
Figure 10-29 |
2. Palper de l’épine de la scapula à la tubérosité deltoïdienne.
3. Une fois le deltoïde postérieur repéré, demander au patient de le relâcher et le palper pour évaluer sa tension de repos.
Figure 10-27. |
Vue postérieure du deltoïde droit. Le trapèze a été estompé. |
Notes palpatoires :
1. Bien que les fibres postérieures du deltoïde fassent une rotation latérale de l’épaule, quand vous palpez le deltoïde postérieur, ne demandez pas cette action au patient, parce qu’elle recruterait également les muscles infraépineux et petit rond, rendant plus difficile la distinction entre le bord inférieur du deltoïde et ces muscles.
2. Le deltoïde postérieur s’insère sur l’épine de la scapula, près de la racine de l’épine de la scapula sur le bord médial.
Clé palpatoire : Résister à l’extension horizontale du bras. |
POINTS GÂCHETTES
1. Les points gâchettes du deltoïde postérieur sont souvent provoqués ou perpétués par le surmenage aigu ou chronique (par exemple maintien prolongé du bras en l’air en abduction ou en extension comme lorsqu’on travaille sur un clavier d’ordinateur), par un traumatisme direct (par exemple choc dans le cadre du sport) et par des points gâchettes dans l’infraépineux.
2. Les points gâchettes du deltoïde postérieur ont tendance à engendrer une faiblesse dans les mouvements d’abduction ou d’extension du bras dans l’articulation de l’épaule.
3. Les schémas de projection des points gâchettes du deltoïde postérieur doivent être distingués de ceux des muscles élévateurs de la scapula, scalènes, supraépineux, infraépineux, petit rond, subscapulaire, grand rond, triceps brachial et dentelé postérosupérieur.
4. Les points gâchettes du deltoïde postérieur sont souvent diagnostiqués de façon incorrecte comme une déchirure de la coiffe des rotateurs, une bursite sous-deltoïdienne ou sous-acromiale, ou une arthrose des articulations glénohumérale ou acromioclaviculaire.
5. Des points gâchettes associés surviennent fréquemment dans les muscles supraépineux, grand rond, infraépineux, petit rond, triceps brachial et grand dorsal.
Figure 10-31. |
A est une vue postérieure illustrant un point gâchette courant du deltoïde postérieur avec sa zone de projection correspondante. B est une vue antérieure montrant le reste de la zone de projection. |