Chapitre 10 Rachis
FRACTURES DU RACHIS – PRINCIPES GÉNÉRAUX ET ASPECTS ANATOMIQUES
CLASSIFICATION DES TRAUMATISMES RACHIDIENS
7 Évaluation d’une lésion rachidienne (c) : La colonne postérieure (P) est indispensable à la stabilité rachidienne. Elle est composée du canal médullaire, des pédicules, des processus épineux et du complexe ligamentaire postérieur. La colonne antérieure (A) est formée par le ligament longitudinal antérieur, la partie antérieure du ligament annulaire, et la partie antérieure des corps vertébraux. Il faut noter que toute perte de stabilité d’une de ces colonnes peut être due à une lésion osseuse ou ligamentaire. La classification de Denis décrit quatre catégories de lésions rachidiennes, décrites ci-après.
EXAMEN NEUROLOGIQUE ET HIÉRARCHISATION DES LÉSIONS
13. Examen neurologique : principes de base : Même si le déficit est évident, tout traumatisé rachidien doit bénéficier d’un examen neurologique minutieux au début de sa prise en charge. Celui-ci doit inclure au minimum :
Il faut aussi rechercher ces points importants.
14 Aspects anatomiques (a) : À noter :
19 Dermatomes (a) : Pour le membre supérieur, la ligne médiane antérieure prolonge la ligne de la deuxième côte, à partir de l’angle de Louis, et se poursuit plus bas sur la face antérieure du bras, se séparant ensuite en deux en regard de l’index qui est innervé par C7. Les autres dermatomes sont organisés de façon régulière de chaque côté de cette ligne médiane. Un score d’indice de sensibilité peut ainsi être décrit, pour chaque côté (0 = sensibilité absente, 1 = diminuée, 2 = normale).
21 DÉTERMINANTS DE L’ÉVOLUTION DE LA GRAVITÉ DES LÉSIONS NEUROLOGIQUES
TYPES DE LÉSIONS MÉDULLAIRES INCOMPLÈTES
Plusieurs syndromes médullaires sont décrits.
Syndrome centromédullaire
C’est le syndrome médullaire incomplet le plus fréquemment retrouvé ; il accompagne souvent les traumatismes en hyperextension. Il est particulièrement retrouvé chez les patients âgés qui présentent souvent une cervicarthrose (voir aussi figure 71). La moelle peut être lésée au niveau de plusieurs segments, intéressant aussi bien de la substance grise que blanche. Les déficits sont curieusement plus importants au niveau des bras qu’au niveau des jambes. Pour les membres supérieurs, la lésion intéresse les motoneurones distaux, avec paralysie flasque partielle au niveau des doigts et des avant-bras et perte de la sensibilité thermoalgique. Pour les membres inférieurs, la lésion intéresse les motoneurones proximaux, provoquant une paralysie spastique, épargnant la sensibilité, et entraînant parfois des troubles vésicaux et anaux. Ce modèle de lésion est souvent appelé syndrome de « l’homme assis sur un tonneau », avec comme exemple typique un homme âgé qui est capable de marcher, mais dont les épaules sont immobiles, et les mains insensibles.
Syndrome de la queue de cheval
Une rétention vésicale est le signe le plus souvent retrouvé dans ce syndrome (voir p. 268). Les lésions partielles ont fréquemment un bon pronostic. Pour chaque lésion suspecte, il faut rechercher une anesthésie en selle, une atonie anale, le réflexe bulbocaverneux, et l’intégrité des racines sacrales.
LÉSIONS COURANTES
RACHIS CERVICAL – PRISE EN CHARGE INITIALE
22 Lesions du rachis cervical : Diagnostic : Il faut suspecter une lésion cervicale lorsque le patient : 1. se plaint d’une douleur cervicale, occipitale, ou de l’épaule après tout traumatisme ; 2. présente un torticolis (illus.), se plaint d’une limitation des mouvements cervicaux, ou supporte le poids de sa tête avec ses mains ; 3. est retrouvé inconscient après un traumatisme crânien, surtout dans un contexte d’accident de la voie publique. Dans toutes ces situations, une exploration radiographique doit être entreprise.
RACHIS CERVICAL – LÉSIONS EN FLEXION ET EN FLEXION-ROTATION
28 Classification des lésions cervicales : Les lésions du rachis cervical peuvent être classées en fonction du mécanisme lésionnel : (1) lésions en flexion (compression antérieure) ; (2) lésions en flexion et rotation ; (3) lésions en extension ; (4) burst fractures (compression verticale). (Les lésions intéressant le rachis cervical proximal seront traitées séparément à la fin du chapitre.)
34 Luxation unilatérale (c) : Les clichés obliques montrent une luxation d’une facette articulaire postérieure. Toutes ces situations imposent une réduction, et une IRM préopératoire peut être réalisée afin d’éliminer une rupture du disque intervertébral ; un prolapsus important peut conduire à réaliser une discectomie antérieure, et une arthrodèse intersomatique. En cas de manipulation, l’aggravation d’une protrusion du disque peut entraîner des lésions neurologiques catastrophiques. Chez les personnes âgées, les manœuvres de réduction comportent un risque de lésion médullaire ; c’est pourquoi une réduction à foyer ouvert peut être préférable.
35 Luxation unilatérale (d) : L’examen clinique d’un patient présentant une luxation unilatérale retrouve une tête légèrement tournée et inclinée sur le côté (1) opposé à la facette articulaire luxée (2). Il y a souvent une douleur importante, avec une irradiation (3) le long de la racine nerveuse qui peut être comprimée par le relief osseux luxé. Une atteinte médullaire est rare. S’il n’y a aucun signe de souffrance neurologique ou de prolapsus discal, la luxation peut être réduite. Sinon, voir figure 25.
RACHIS CERVICAL – MISE EN PLACE D’UN HALO DE TRACTION
40 Lésions en flexion-rotation : Lésions instables (a) : La lésion la plus fréquente est la luxation cervicale sans fracture. Le déplacement peut être important, et il y a fréquemment un blocage des deux facettes articulaires. Il y a toujours des lésions du complexe ligamentaire postérieur. (Ces lésions peuvent être accompagnées d’une avulsion d’un processus épineux, ce qui donne une impression d’élargissement de l’espace entre deux processus, ou une séparation évidente sur un cliché de profil en flexion.) Une IRM est conseillée, afin d’exclure toute protrusion discale. (Voir figure 70).
43 Mise en place du halo : Le patient est allongé sur le dos. Sa tête doit être soutenue manuellement pendant toute l’opération. Elle doit être dégagée du lit, et reposer sur une planche placée entre les omoplates et l’occiput. En regard des sites de pose des pointes, les cheveux sont rasés, et la peau est nettoyée. Le halo est ensuite mis en bonne position, et maintenu par trois ou quatre ventouses vissées dessus (a), à distance des sites de pose des pointes. Ces sites sont ensuite infiltrés par un anesthésiant local à travers les trous du halo (b).
RACHIS CERVICAL – MÉTHODES DE RÉDUCTION
52 Réduction (c) : Techniques alternatives : Une traction continue à l’aide de poids peut être utilisée afin de vaincre les contractures musculaires et de débloquer les facettes articulaires. La direction de la traction est contrôlée à l’aide de la poulie, ou en plaçant des coussins sous la tête ou les épaules. La force de traction est fonction du poids : il faut placer 4,5 kg pour la tête, et 2,3 kg en plus pour chaque espace intervertébral (par exemple, pour une luxation C5-C6, il faut mettre 16 kg). La durée de la traction est en fonction des contrôles radiographiques.
RACHIS CERVICAL – MINERVE PLÂTRÉE
56 Halo-veste (a) : Le halo de traction (h) peut être rattaché à un gilet ou à un corset plâtré, à l’aide d’éléments complémentaires. Une barre transversale (bt) est vissée (v) de chaque côté du halo. Sur ces barres sont fixées quatre autres barres verticales (vt) à l’aide de connecteurs verrouillés (cv). À l’extrémité distale, des barres verticales sont rattachées deux embases en plastique (ep). Ces embases peuvent être déjà intégrées à un gilet, ou seront fixées à un corset plâtré.