Chapitre 10 Le sport en 10 questions
Besoin de prolonger le bien-être ressenti pendant les vacances, envie de mieux structurer son temps, peur d’être malade ou de vieillir, appétit de contacts sociaux en dehors du travail, nécessité de se libérer du stress, souhait de perdre du poids : mille raisons poussent les patients à « vouloir faire du sport ». Mais quel sport choisir parmi l’ensemble des activités proposées par les associations ou clubs sportifs ?
Qu’est-ce que le sport ?
Le terme de « sport » a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie divertissement, plaisir physique ou de l’esprit qui peut s’apparenter au français moderne déport. Le mot desport est très clair dans les buts de ses activités : il s’agit de déporter ses préoccupations, dans le sens que l’on donne actuellement au mot « loisir ». Loisir est un mot élégant du langage français dont l’origine vient de l’infinitif d’un ancien verbe jadis fort usité, qui ne signifie pas « en loisir », mais « être permis » ; car il vient du latin licere, « être licite ». Au reste, le sens étymologique est conservé dans l’adjectif loisible. Ainsi, de très bonne heure, l’usage populaire a trouvé dans être permis un acheminement au sens détourné d’intervalle de temps où l’on se repose, où l’on fait ce que l’on veut. Les mots sport et loisir sont donc des « déports licites », par opposition au travail dont l’origine gallo-romaine remonte au latin tripalium, qui était un instrument de torture à trois pieds.
Faites du sport pour le plaisir, et non pour vous martyriser car la dichotomie entre sport et loisir est une création depuis que sport rime avec compétition. Ne vous torturez pas sur des appareils de musculation ou d’entraînement cardiovasculaire et ne vous tuez pas à la tâche car le sport-loisir n’est pas un travail. Éprouvez un bien-être, « licitement déporté » de toute préoccupation (fig. 10.1).
Qui pratique une activité sportive ?
L’âge des pratiquants évolue dans le sens d’une augmentation de la durée de la pratique sportive (fig. 10.2). Actuellement 22 % de la population de plus de 60 ans pratique une activité sportive. Dans certaines fédérations, la majorité des licenciés se situe aux deux âges de la vie : chez les enfants et adolescents, et chez les vétérans, les catégories junior, espoir et senior étant les moins nombreuses. À la question : comment pratiquez-vous vos activités sportives ? Les réponses sont : pratique individuelle : 47 %, pratique en club : 44 %, autres (stage, vacances) : 12 %.
Concernant le sexe des pratiquants, vu de manière globale le sport concerne 79 % des hommes et 64 % des femmes mais ces chiffres sont à moduler selon les tranches d’âge : dans la tranche d’âge 25-34 ans, 79 % des femmes et 90 % des hommes pratiquent une activité sportive. Dans la tranche d’âge 65 ans et plus, les chiffres sont respectivement 27 % de femmes et 52 % d’hommes. Il existe aussi une modulation du nombre de femmes et d’hommes selon les sports, certains étant très féminisés1 :
• sports très féminisés : danse, gymnastique, équitation : 76,4 % de femmes ;
• endurance (natation, randonnée pédestre, vélo, randonnée montagne, course à pieds) : 50,6 % de pratiquantes ;
• sports collectifs (basket-ball, volley-ball, handball, rugby, football) : 22,4 % de femmes ;
• sports de raquette (tennis, tennis de table, badminton, squash) : 37,9 % de pratiquantes ;
• sports de combat (arts martiaux, sports de combats) : 29,5 % de pratiquantes.
Gestion du temps et activité sportive sont-elles compatibles ?
• la pratique sportive est très liée au niveau d’étude : le taux de pratique sportive augmente de moitié entre les hommes sans diplôme et ceux qui sont diplômés de l’enseignement supérieur et fait plus que doubler chez les femmes (41 et 86 % respectivement) ;
• le fait d’avoir un emploi n’affecte pas la pratique sportive : 77 % des femmes ayant un emploi font du sport contre 45 % des autres ;
• les personnes vivant en couple pratiquent plus de sport : mères de famille 71 %, femmes en couple sans enfants 60 %, femmes seules 49 %. Sur la tranche 25-44 ans, ces chiffres sont respectivement de 85, 78 et 78 % ;
• les femmes pratiquant un sport ont aussi conjointement dans 70 % des cas une activité culturelle associée, et seulement 15 % ne pratiquent que le sport. Chez les hommes, ces chiffres sont respectivement de 85 et 53 %.
Si vous estimez que vous manquez de temps pour pratiquer une activité sportive de loisir (fig. 10.3), une des solutions possibles consiste à faire un bilan honnête du temps indirect que vous donnez au sport et à faire marcher les vases communicants pour transformer le temps « passif » en temps « actif », surtout avec la télévision. Si vous êtes un père ou une mère de famille ayant un travail, ne vous sentez pas maudit mais combattez les idées reçues car vous avez plus de chances de pratiquer une activité sportive et culturelle que les autres.
Le sport coûte-il cher ?
• le matériel : en fonction du type de sport choisi, le matériel peut coûter quelques dizaines d’euros (une paire de chaussures de course, une raquette de tennis de table, un maillot de bains) à plusieurs dizaines de milliers d’euros (un voilier [fig. 10.4], un cheval, un avion). Si certains sports sont définitivement réservés à de riches pratiquants (entretien d’une équipe de polo avec chevaux, boxes, vans et personnel), d’autres, qui requièrent aussi des moyens importants, se sont démocratisés grâce à la location ou au prêt de matériel (ski, équitation, voile). En dehors du sport pratiqué, le choix du matériel est très souvent lié à des effets de mode : le prix d’une raquette de tennis ou d’une bicyclette peut varier d’un facteur 10 selon qu’il s’agit ou non d’une marque connue et des matériaux high-tech qui les composent. Si ces choix sont légitimes pour un sportif de haut niveau, ils ne le sont jamais pour un sportif de loisir ;
• les vêtements : plus que toute activité, le sport est soumis à la publicité et à la force de vente des marques de vêtement et d’accessoires. Félins bondissants, joueurs de polo, alligators verts, virgules rouges, bandes bicolores, nœuds papillons roses, etc. plombent le budget des sportifs en quête de reconnaissance sociale ou voulant se fondre dans un groupe qui a ses codes vestimentaires, mais là rien à ajouter car nous sommes dans un monde qui ignore la raison raisonnable ;
• les installations sportives : les pouvoirs publics, les fédérations, les clubs et les associations sportives ont su tisser en France un réseau suffisamment dense pour que chacun ait une chance raisonnable d’accéder au sport de son choix. En dehors de ces structures publiques, le choix peut être fait de pratiquer dans un club privé, plus sélect, avec des installations plus luxueuses, à un coût en adéquation avec ce que l’on souhaite dépenser…
Le prix à payer pour pratiquer un sport est d’une grande variabilité qui sera le plus souvent due à vos choix personnels de sophistication du matériel ou des vêtements. Si vous débutez une activité sportive, mieux vaut rester raisonnable dans le choix du matériel, des accessoires et des vêtements et attendre d’avoir de réels besoins impliqués par un niveau de pratique plus élevé. Quant au choix de votre environnement, seules vos aspirations sociales pourront trancher.
La pratique d’un sport est-elle réellement bénéfique pour la santé ?
La pratique d’une activité physique et sportive régulière, associée à une hygiène de vie saine, a les effets suivants2 :
• diminution de 30 % de la mortalité globale (gain de 14 années d’espérance de vie) grâce à 30 minutes quotidiennes d’activité physique modérée (1 000 kcal par semaine) associée à une bonne hygiène de vie (peu d’alcool, pas de tabac, alimentation équilibrée) ;
• réduction de 50 % du risque de maladie coronarienne ;
• diminution des chiffres de pression artérielle de 5 à 10 mmHg ;
• augmentation du taux sanguin de bon cholestérol (HDL) de 20 à 30 % ;
• amélioration de l’action de l’insuline (l’insulinorésistance diminue) ;
• limitation de la progression vers le diabète de type 2 ;
• réduction de l’agrégation plaquettaire (effet antithrombose) ;
• réduction de la prise de poids, diminution de l’incidence de l’obésité ;
• protection contre les cancers du côlon ;
• amélioration de la tolérance aux contraintes professionnelles et psychosociales ;
• amélioration de la qualité de vie et la capacité fonctionnelle des sujets âgés ;
• prévention de la perte de masse musculaire, augmentation de la densité osseuse, réduction du risque d’ostéoporose ;
• maintien des fonctions cognitives, retard de l’entrée dans la dépendance en maintenant l’autonomie.