Chapitre 10 La violence et le soin en psychiatrie
Violence et psychiatrie : l’état des lieux
• d’abord de retrouver le chemin d’une clinique de l’agir, nous permettant de replacer ces comportements dans une dynamique progrédiente de mise en sens et d’élaboration, malgré la tentation toujours plus pressante de recourir à des solutions techniques et chimiothérapiques qui ont pourtant montré leurs limites ;
• et parallèlement d’affiner notre cadre conceptuel à l’égard de ces « pathologies limites », de plus en plus nombreuses, qui viennent se heurter aux cadres soignants, sociaux et judiciaires habituels.
La violence : un processus complexe
La violence est un fait (concret, psychique, imaginaire, moral…) :
La violence naît d’une interaction :
La violence est une interaction complexe qui est déterminée par de nombreux facteurs (fig. 10-1). Sa prise en charge et sa compréhension requièrent donc une interrogation des différents niveaux interactionnels impliqués dans la situation que l’on met en travail. La complexité de cette interaction a amené Laurent Morasz à proposer dans son ouvrage l’utilisation d’une grille d’analyse des comportements violents (la grille en 9 points) destinée à guider et à systématiser la pensée des équipes lors de la survenue d’un événement violent.

Figure 10-1 L’interaction violente.
Extrait de Comprendre la violence en psychiatrie, par L. Morasz, Dunod, 2002.
Cette interaction repose sur une base pulsionnelle particulière :
La violence a un sens à chaque fois original :
Elle génère chez la victime un vécu d’effraction :
L’infirmier en psychiatrie est donc placé à la croisée de différentes dynamiques violentes. À la violence agie (ou criée…) se mêle en effet une violence plus insidieuse : celle du côtoiement quotidien de la souffrance que nous avons décrit dans le chapitre 4.
Le professionnel du soin psychique est en effet confronté à deux risques violents distincts :
• le premier concerne l’irruption de la violence brutale qui peut entraîner, par ses capacités d’effraction, de véritables vécus traumatiques ;
• le second, plus insidieux, est relatif aux micro-traumatismes quotidiens liés au frayage avec la souffrance et l’agressivité inhérente à la maladie mentale. Cette exposition mortifère expose, quant à elle, plus à un vécu d’épuisement professionnel, véritable dépression professionnelle.

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