Chapitre 1
Prise en charge d’un patient atteint de cancer
Diagnostic: Peu de diagnostics autres que celui de cancer ou de leucémie déclenchent autant de réactions émotionnelles ; dès que ces mots sont prononcés, le patient passe en général par une tempête de sentiments qui rendent l’entretien difficile. Cependant, lorsque le moment est venu, les deux interlocuteurs doivent parler de la maladie, de ses conséquences et des options thérapeutiques. La présence d’un membre de la famille ou d’un ami proche dans le cabinet médical est utile non seulement pour soutenir le patient, mais aussi afin que les instructions fournies par le médecin soient bien comprises. Il est souvent utile de poser la question : « Avez-vous bien compris la signification de ce diagnostic ? »
Démarche diagnostique: Dans la plupart des cas, c’est l’examen physique, un test de laboratoire anormal ou l’imagerie médicale qui révèle la lésion, une biopsie venant confirmer le diagnostic. Il est essentiel que celle-ci soit représentative de la totalité de la tumeur et que des investigations appropriées (par exemple des colorations spéciales, la cytométrie en flux, la cytogénétique, des dosages hormonaux) aient été réalisées avant le début du traitement. Si la malignité ou la classification est douteuse, il faut recourir à des biopsies supplémentaires, et la consultation d’un pathologiste spécialisé peut être indiquée. Il est rarement nécessaire de lancer le traitement avant que les évaluations préalables nécessaires n’aient été effectuées. Pour de nombreux sites tumoraux, comme le côlon (chapitre 18), l’histologie suffit ; dans d’autres, comme le poumon (chapitre 16), la distinction entre cancers à petites cellules et non à petites cellules est essentielle pour le choix du traitement. Pour le cancer du sein (chapitre 23), le médecin concerné s’intéresse non seulement à l’histologie, mais aussi au stade de la tumeur, à la présence ou l’absence de récepteurs d’estrogène et de progestérone ainsi qu’à la surexpression éventuelle de ERBB2 (HER2/neu).
Stadification et mise au point: Une fois le diagnostic établi, il faut évaluer le stade de la tumeur. Le système de stadification de l’American Joint Committee on Cancer est considéré comme la référence aux États-Unis (en Europe, l’EORTC émet également des recommandations pour certains types de tumeur [NdT]). La classification dite TNM tient compte du volume de la tumeur primitive, de la présence de ganglions (nodes, ou nœuds) et de métastases. La démarche dépend du type de cancer, mais elle comprend en général des radiographies, par exemple thoraciques, une tomodensitométrie (TDM), une IRM (imagerie par résonance magnétique), une scintigraphie et, de plus en plus souvent, une tomographie par émission de positons (TEP). Ces examens sont généralement complétés par des analyses de routine, comme un hémogramme, un profil biochimique et le dosage de marqueurs tumoraux ; dans certains cas, un examen de moelle osseuse ou une biopsie est nécessaire.