1: Diagnostics différentiels

Chapitre 1


Diagnostics différentiels



PLAN DU CHAPITRE



En dermatologie, presque tous les patients souffrent d’une maladie primaire sous-jacente à l’origine d’infections secondaires. Il convient de traiter et de prévenir ces infections, mais ces dernières risquent de récidiver rapidement en l’absence d’identification et de contrôle de la maladie primaire.


En pratique, la plupart des cas de dermatologie vétérinaire peuvent être pris en charge avec succès à condition d’apporter une réponse à deux questions essentielles : (1) quelles sont les infections secondaires ? (2) pourquoi sont-elles présentes ?






Quelles sont les infections ?


La grande majorité des chiens souffrant d’allergies ou de dysendocrinies présentent ou présenteront une infection secondaire bactérienne ou fongique. La dermatite à Malassezia est le diagnostic qui échappe le plus fréquemment au praticien en médecine générale. La pyodermite bactérienne est souvent diagnostiquée, mais le traitement antibiotique prescrit est souvent trop court et sous-dosé. L’otite est mieux reconnue et traitée qu’il y a quelques années ; néanmoins, le traitement de l’otite, fondé sur l’identification précise des organismes en cause ainsi que sur leur comptage relatif au cours des différentes consultations de contrôle, reste anecdotique.


Alors, quelle est la solution ?


Pour chaque cas de dermatologie et à chaque évaluation du patient, posez-vous la question : « Quelles sont les infections ? »


À moins d’avoir une vue perçante, répondre à cette question passe par un examen cytologique. Malheureusement, en cas de dermatite, la plupart des praticiens généralistes ne réalisent pas en routine d’examen cytologique de la peau et des oreilles ; ils se fondent le plus souvent sur l’hypothèse qu’ils jugent la plus probable. Cela peut parfois suffire (même une horloge en panne affiche correctement l’heure deux fois par jour) ; néanmoins, une méthode plus fiable existe. Un examen coprologique est systématiquement demandé en cas de diarrhée ; il est donc surprenant et dommage de ne pas réaliser un examen cytologique en cas de dermatose. En effet, les conditions de réalisation et les bénéfices sont comparables : la cytologie cutanée et la coprologie supposent l’utilisation d’un microscope, permettent l’identification facile du type d’infection, et peuvent être réalisées par le personnel technique qualifié. Cette comparaison devrait permettre de justifier et d’établir un modèle de progrès efficace.



Les réponses à ces questions devraient être identiques pour la cytologie cutanée (raclages cutanés, calques par impression, test à la cellophane adhésive, ou Scotch®-test, écouvillons auriculaires).


La détermination de la meilleure méthode permettant de répondre à la question : « Quelles sont les infections » repose sur la mise en place d’un processus de récolte d’information et de dépistage par le technicien, processus qui sera réalisé avant même que le vétérinaire n’examine l’animal. Tous les patients en dermatologie devraient subir un examen cytologique de l’oreille, de la peau (calque d’impression ou test à la cellophane adhésive), ainsi qu’un raclage cutané, et ce à chaque consultation (au premier rendez-vous et à chaque visite de contrôle). Cette technique des trois lames (figure 1.1) peut être réalisée et interprétée facilement par un technicien avant que le vétérinaire ne termine son évaluation – processus classique face à un cas de diarrhée nécessitant un examen coprologique dans la plupart des cliniques. Placer l’examen cytologique en tout début de consultation et habiliter le personnel technique à réaliser cet examen permet d’obtenir des informations essentielles de la façon la plus efficace possible et d’optimiser le temps de consultation.



Lorsqu’un propriétaire présente son animal en consultation pour une petite zone d’alopécie, il serait logique de s’interroger sur la nécessité de réaliser un examen cytologique de l’oreille alors que le problème semble se cantonner à une petite zone dépilée. Cependant, c’est précisément face à ce type de cas que la technique des trois lames est la plus utile. Si un prurit localisé se déclenche chez un chien alors que ce dernier souffre également d’une otite secondaire (que le technicien aura préalablement mise en évidence lors du test de dépistage des infections), le vétérinaire pourra s’attarder sur la recherche d’un processus allergique. En revanche, si le patient ne présente pas d’otite, il sera possible de limiter le prurit en espérant qu’il ne s’agissait que d’un problème passager à guérison spontanée. Rien n’excuse une mauvaise prise en charge d’un cas de démodécie. Les lésions liées à une démodécie peuvent être confondues avec celles d’une folliculite due à une pyodermite bactérienne ou à une dermatophytose. L’aspect clinique n’est pas un critère recevable pour évoquer ou écarter l’existence d’une démodécie. Grâce au raclage effectué par le technicien lors du dépistage des infections (technique des trois lames), il est aisé d’identifier et de traiter correctement une démodécie.


Aux États-Unis comme en Europe, la dermatite à Malassezia fait partie des maladies dont le diagnostic échappe le plus souvent aux praticiens généralistes. La présentation clinique est évocatrice ; cependant, l’examen cytologique initial est souvent omis et le suivi cytologique permettant d’objectiver l’efficacité du traitement est rarement mis en place.



Pourquoi sont-elles présentes ?


Les infections sont toujours secondaires à une maladie primaire. Cependant, bien trop souvent, le patient n’est ni évalué ni traité pour la maladie primaire pour trois raisons principales : (1) seules les infections secondaires sont traitées de façon répétitive, (2) la nature de l’allergie est déroutante, et (3) il y a un accès bon marché aux corticoïdes à action retard.


Pourquoi les infections sont-elles là ? Cette question se doit d’être posée et une réponse doit y être apportée pour chaque cas de dermatologie dont on souhaite une issue favorable.


La plupart des patients en dermatologie souffrent d’allergies ou d’endocrinopathies. Grâce au signalement, à une bonne anamnèse et à une bonne reconnaissance des profils lésionnels, il est possible de formuler rapidement un diagnostic différentiel hiérarchisé.


En connaissant les symptômes les plus évocateurs et les plus fréquemment associés à chaque maladie allergique, un clinicien astucieux peut mettre en évidence l’existence d’une allergie avec une probabilité de 85 %. Ce taux rivalise avec de nombreux tests diagnostiques, y compris les plus communs.


Par exemple, un chien qui se lèche les pattes est certainement atopique. Si le propriétaire rapporte un processus saisonnier de prurit podal, alors vous avez un diagnostic raisonnablement aisé.



Atopie : Léchage des pattes, déclenchement saisonnier, apparition du prurit typiquement entre 6 mois et 3 ans.


Allergie alimentaire : Dermatite périanale (érythème, alopécie, lichénification), affection gastro-intestinale ; apparition avant l’âge de 1 an ou après 5 ans ; races allemandes.


Allergie aux piqûres de puce : Dermatite affectant principalement la région lombaire (en arrière de la dernière côte).


Gale : Réflexe otopodal positif (test de grattage de l’oreille).


Hypothyroïdie : Chien de grande race présentant une obésité en désaccord avec ses apports alimentaires et ayant un pelage de mauvaise qualité.


Maladie de Cushing : Patient ayant reçu des corticoïdes en excès ou chien de petite race présentant une polyphagie, une polyurie (PU) et une polydipsie (PD).




Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on 1: Diagnostics différentiels

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