5: Dermatoses parasitaires

Chapitre 5


Dermatoses parasitaires




Tiques ixodidées (tiques dures)






Traitement et pronostic




1. En cas d’infestation légère, retirer les tiques délicatement et manuellement à l’aide d’une pince. Ne pas tordre la tique ou laisser le rostre en place. Ne pas brûler, perforer, comprimer ou écraser la tique pour la tuer, les fluides de cette dernière pouvant être infectants.


2. En cas d’infestation sévère, appliquer un insecticide topique indiqué contre les tiques. Le fipronil, les perméthrines (chien uniquement) et les colliers (et pipettes [NdT]) à base d’amitraz semblent être les plus efficaces. Les insecticides vétérinaires nouvelle génération semblent offrir une efficacité variable envers les tiques avec une bonne marge de sécurité.


3. Traiter la maladie concomitante transmise par les tiques si elle est présente. On préfère les produits répulsifs ou ceux capables de tuer les tiques suffisamment rapidement afin de réduire la transmission des maladies à Rickettsia.


4. Traiter régulièrement les locaux à l’aide d’insecticides appropriés (maisons et chenils infestés par Rhipicephalus sanguineus [tique brune du chien]).


5. À chaque printemps et au milieu de l’été, la vaporisation des zones herbeuses et des arbrisseaux à l’aide d’un insecticide approprié peut aider à contrôler les tiques.


6. Le pronostic est bon. Les animaux infestés constituent un foyer de transmission de tiques pour l’homme et pour les autres animaux.





Tique épineuse de l’oreille (Otobius megnini)








Démodécie localisée du chien




Caractéristiques


Des lésions cutanées apparaissent en présence d’une surpopulation locale de Demodex canis, agent commensal de la peau du chien. Une surpopulation de Demodex canis est souvent associée à un facteur prédisposant tel : endoparasitisme, mauvaise nutrition, traitement immunosuppressif ou stress transitoire (par exemple estrus, gestation, chirurgie, mise en pension). La démodécie localisée est fréquente chez le chien, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez les chiots âgés de 3 à 6 mois.


La démodécie localisée du chien peut se manifester par la présence d’une à cinq plages d’alopécie nummulaire associées à un érythème, à une hyperpigmentation et à une desquamation variables intéressant une région du corps. Les lésions concernent le plus souvent la face, mais peuvent se développer sur n’importe quelle région du corps. Les lésions sont généralement non prurigineuses, sauf en cas d’infection secondaire.





Traitement et pronostic




1. Identifier et traiter tout facteur prédisposant et toute pyodermite secondaire.


2. Traiter toute pyodermite secondaire à l’aide d’une antibiothérapie systémique longue durée appropriée (au minimum 3 à 4 semaines) et poursuivre le traitement au moins 1 semaine après guérison clinique de la pyodermite.


3. On observe une guérison de la plupart des patients en contrôlant l’infection et en appliquant tous les 3 à 7 jours un shampooing topique thérapeutique à base de peroxyde de benzoyle à 1 % ou 3 %. Les applications topiques de crèmes et de lotions n’ont pas montré d’effet bénéfique supplémentaire par rapport au shampoing utilisé seul.


4. Un traitement acaricide n’est pas forcément nécessaire car de nombreux cas guérissent spontanément.


5. En cas de persistance des lésions localisées, stériliser l’animal et lui administrer un traitement acaricide. Les traitements acaricides efficaces sont notamment les suivants.



– L’administration d’ivermectine à raison de 0,2–0,6 mg/kg PO toutes les 24 heures est généralement efficace. Au début du traitement, administrer 0,1 mg/kg PO le premier jour, puis 0,2 mg/kg PO le deuxième jour, avec un incrément journalier de 0,1 mg/kg jusqu’à atteindre la dose journalière de 0,2–0,6 mg/kg sous réserve qu’aucun signe de toxicité n’apparaisse. Le taux de guérison est de 85 à 90 % avec un traitement à 0,4 mg/kg/jour d’ivermectine.


– L’administration de milbémycine oxime toutes les 24 heures à raison de 0,5–2 mg/kg PO offre un taux de guérison de 85 à 90 %.


– L’administration de doramectine (0,2–0,6 mg/kg SC une fois par semaine) offre un taux de guérison d’environ 85 %.


– Pour les chiens de moins de 20 kg, l’utilisation d’un collier à l’amitraz à 9 % peut être efficace. Chez les petits chiens, l’utilisation d’un collier à l’amitraz à 9 % seul peut être aussi efficace qu’un traitement à l’ivermectine (0,6 mg/kg/jour PO).


– L’application topique d’une solution topique de métaflumizone et d’amitraz toutes les 2 semaines a montré une bonne efficacité.


– L’application topique toutes les 2 à 4 semaines de moxidectine a montré une efficacité variable.


6. Les traitements historiques (acaricides traditionnels) incluent :



7. Le pronostic est bon. La plupart des chiens guérissent en 4 à 8 semaines, mais certains cas évoluent vers une démodécie généralisée. Il convient de ne pas utiliser de traitement systémique ou de bains de l’ensemble du corps chez les animaux non stérilisés. Cela pourrait masquer l’apparition d’une démodécie généralisée que l’on pense être héréditaire. On considère que D. canis n’est pas contagieux pour les autres chiens (exceptés les chiots nouveau-nés), ni pour le chat, ni pour l’homme.












Démodécie généralisée du chien




Caractéristiques


La démodécie généralisée du chien apparaît comme une maladie cutanée généralisée, pouvant potentiellement être liée à des facteurs génétiques. Elle peut être due à trois espèces différentes d’acariens : D. canis, D. injai et un acarien à corps court sans dénomination. D. canis réside normalement dans l’unité pilosébacée du chien (follicule pileux, conduit sébacé et glande sébacée), et est principalement transmis de la mère aux nouveau-nés au cours des 2 à trois premiers jours d’allaitement. Une transmission d’adulte à adulte est cependant possible dans de rares cas. D. injai, acarien récemment décrit, de grande taille et à corps long, est également observé dans l’unité pilo-sébacée, mais son mode de transmission est inconnu. Le mode de transmission est également inconnu pour le Demodex à corps court sans dénomination qui, contrairement aux deux autres espèces, réside dans la couche cornée. Suivant l’âge d’apparition de la maladie, on parle de démodécie généralisée juvénile ou de l’adulte. La démodécie généralisée juvénile peut être due à D. canis et au Demodex à corps court sans dénomination. Elle survient chez les jeunes chiens, généralement entre l’âge de 3 et 18 mois, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez les chiens de pure race, de taille moyenne à grande. La démodécie de l’adulte peut être due aux trois espèces d’acariens et survient chez les chiens âgés de plus de 18 mois, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez les chiens d’âge moyen à âgés, immunodéprimés par une cause sous-jacente telle qu’un hypercorticisme spontané ou iatrogène, une hypothyroïdie, une thérapie immunosuppressive, un diabète sucré ou un cancer. À ce jour, D. injai n’a été décrit que dans la démodécie généralisée de l’adulte, l’incidence la plus élevée étant notée chez les Terriers.


Les signes cliniques sont variables en cas d’infestation par D. canis ou par le Demodex sans dénomination. La démodécie généralisée se définit par la présence d’au moins cinq lésions focales ou par une atteinte d’au moins deux régions du corps. On observe en général une alopécie nummulaire, régionale, multifocale ou diffuse associée à un érythème, à une desquamation gris argenté, à des papules ou à un prurit variables. La peau affectée peut se lichénifier, devenir hyperpigmentée, pustuleuse, érodée, croûteuse ou ulcérée en raison d’une pyodermite superficielle ou profonde. Les lésions peuvent intéresser n’importe quelle région du corps, y compris les pieds. La pododémodécie se caractérise par toute association, au niveau des espaces interdigités, de prurit, de douleur, d’érythème, d’alopécie, d’hyperpigmentation, de desquamation, de lichénification, de croûtes, de tuméfaction, de pustules, de bulles et de trajets fistuleux. Une lymphadénomégalie périphérique est fréquente. Des signes systémiques (par exemple fièvre, abattement, anorexie) sont possibles en cas de septicémie bactérienne secondaire.


Les infections par D. injai se caractérisent typiquement par une séborrhée grasse (seborrhea oleosa), en particulier en face dorsale du tronc. Les autres lésions cutanées peuvent inclure une alopécie, un érythème, une hyperpigmentation et la présence de comédons. Il semblerait que les chiens de petites races et les Terriers soient prédisposés aux infections par D. injai.





Traitement et pronostic




1. En cas d’atteinte chez l’adulte, identifier et corriger toute cause sous-jacente. Interrompre tout traitement à base de corticoïdes, l’administration de corticoïdes étant la cause la plus fréquente de démodécie chez l’adulte.


2. Stériliser les chiens entiers, en particulier les femelles. L’estrus ou la gestation peuvent être à l’origine d’une rechute.


3. Traiter toute pyodermite secondaire à l’aide d’une antibiothérapie systémique longue durée appropriée (au minimum 3 à 4 semaines) et poursuivre le traitement au moins une semaine après guérison clinique de la pyodermite.


4. Un traitement topique à l’aide d’un shampooing à base de peroxyde de benzoyle à 1 % à 3 % tous les 3 à 7 jours aide à accélérer la guérison et renforce l’efficacité des traitements acaricides.


5. Les traitements acaricides efficaces sont notamment les suivants.



– L’administration d’ivermectine à raison de 0,2–0,6 mg/kg PO toutes les 24 heures est généralement efficace en cas de démodécie généralisée. Au début du traitement, administrer 0,1 mg/kg PO le premier jour, puis 0,2 mg/kg PO le deuxième jour, avec un incrément journalier de 0,1 mg/kg jusqu’à atteindre la dose journalière de 0,2–0,6 mg/kg sous réserve qu’aucun signe de toxicité n’apparaisse. Le taux de guérison est de 85 à 90 % avec un traitement à 0,4 mg/kg/jour d’ivermectine.


– L’administration de milbémycine oxime toutes les 24 heures à raison de 0,5–2 mg/kg PO offre un taux de guérison de 85 à 90 %.


– L’administration de doramectine (0,2–0,6 mg/kg SC une fois par semaine) offre un taux de guérison d’environ 85 %.


– Pour les chiens de moins de 20 kg, l’utilisation d’un collier à l’amitraz à 9 % peut être efficace. Chez les petits chiens, l’utilisation d’un collier à l’amitraz à 9 % seul peut être aussi efficace qu’un traitement à l’ivermectine (0,6 mg/kg/jour PO).


– L’application d’une solution topique de métaflumizone et d’amitraz toutes les 2 semaines a montré une bonne efficacité.


– L’application topique toutes les 2 à 4 semaines de moxidectine a montré une efficacité variable.


6. Les traitements historiques (acaricides traditionnels) incluent :



7. Quel que soit le traitement acaricide choisi, le traitement est administré sur une longue durée (plusieurs semaines à plusieurs mois). Poursuivre le traitement au moins un mois après l’obtention du premier raclage négatif de contrôle (un total de deux raclages négatifs).


8. Le pronostic est bon à correct. Les rechutes sont possibles, certains chiens ayant besoin de traitements périodiques ou permanents. Éviter l’utilisation de glucocorticoïdes chez tout chien ayant présenté une démodécie. En raison d’une prédisposition héréditaire, il convient d’écarter de la reproduction tout animal (mâle et femelle) ayant déclaré une démodécie juvénile. On considère que D. canis n’est pas contagieux pour le chat ou pour l’homme. Il est transmis de la chienne aux chiots nouveau-nés dans les 2 à 3 premiers jours d’allaitement et parfois entre chiens adultes en contact étroit. Les modes de transmission de D. injai et de l’acarien à corps court sans dénomination sont inconnus.







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Figure 5.13 Démodécie généralisée du chien. Vue rapprochée du chien de la figure 5.12. Les zones multifocales d’alopécie avec une légère hyperpigmentation sont visibles.







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Figure 5.17 Vue rapprochée du chien de la figure 5.11. Mise en évidence de multiples pustules en face abdominale ventrale.














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Figure 5.29 Démodécie généralisée du chien. Même chien que sur la figure 5.28. L’agglutination des poils est due aux sécrétions sébacées excessives.





Démodécie du chat




Caractéristiques


La démodécie du chat est une maladie cutanée due à deux espèces d’acariens : D. cati et D. gatoi, un Demodex à corps court dont l’habitat naturel reste inconnu. La maladie cutanée peut être localisée ou généralisée. D. gatoi est contagieux et entraîne généralement des maladies cutanées prurigineuses. Les infections à D. cati sont souvent associées à une cause sous-jacente immunosuppressive ou à une maladie métabolique telle que : virus FIV (virus de l’immunodéficience féline), virus FeLV (leucose), toxoplasmose, lupus érythémateux systémique, cancer ou diabète sucré. Une démodécie localisée ou généralisée due à une infection par D. cati est rare chez le chat. Les infections à D. gatoi deviennent une cause fréquente de maladie cutanée prurigineuse chez le chat aux États-Unis, en particulier dans le sud du pays.


La maladie localisée est caractérisée par la présence d’une otite externe cérumineuse plus ou moins prurigineuse ou par la présence d’une alopécie focale nummulaire et d’un érythème pouvant être squameux ou croûteux. Les lésions cutanées localisées intéressent plus fréquemment le contour des yeux, la tête ou le cou. La forme généralisée est caractérisée par un prurit variable (absent ou extrême), une alopécie multifocale nummulaire, régionale ou symétrique, associés ou non à un érythème, à une desquamation, à des croûtes, à des macules et à une hyperpigmentation. Les lésions intéressent généralement la tête, le cou, les flancs ou le ventre. Une otite externe cérumineuse et une pyodermite secondaire sont possibles.





Traitement et pronostic




1. Identifier et corriger tout facteur prédisposant.


2. D. gatoi peut être difficile à trouver au microscope mais répond bien aux bains de bouillie soufrée.



3. D. cati : les lésions localisées peuvent guérir spontanément sans traitement.



– En cas de lésions localisés, l’utilisation d’un traitement topique (0,025 %–0,03 % d’une solution d’amitraz) peut être efficace en application toutes les 24 heures.


– En cas de lésions généralisées, les traitements pouvant être efficaces incluent :



– Pour les formes localisées et généralisées de la maladie, il convient de poursuivre le traitement jusqu’à obtenir une guérison des lésions et deux raclages cutanés négatifs successifs lors des visites de contrôle (réalisés à environ 3 ou 4 semaines d’intervalle).


4. Le pronostic de la démodécie localisée est bon. Le pronostic de la forme généralisée est bon à réservé, en fonction de la cause sous-jacente. D. cati n’est pas contagieux pour les autres chats (sauf chez les chatons nouveau-nés), ni pour l’homme ou pour le chien. Le mode de transmission de D. gatoi est inconnu mais des cas d’infections simultanées ont été rapportés chez des chats non apparentés vivant dans le même foyer. Cela suggère la possibilité d’une contagion entre chats adultes.


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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on 5: Dermatoses parasitaires

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