Tomodensitométrie

Tomodensitométrie

anatomie et sémiologie thoracique

M.-F. Carette, J. Korzec, C. Marsault and A. Khalil




Technique


La tomodensitométrie multidétecteurs (TDM-MD) est actuellement l’examen de choix pour l’étude du thorax qu’il permet d’explorer en 10 à 15 s, en une seule apnée. Cette acquisition hélicoïdale est actuellement effectuée avec une seule source de rayons X, et 4, 8, 16 ou 64 rangées de détecteurs et bientôt plus. La prochaine génération de scanner comportera deux sources de rayons X. La résolution spatiale obtenue est inframillimétrique et permet l’acquisition de voxels isotropiques, permettant des reconstructions multiplanaires et tridimensionnelles d’excellente qualité.

Le nombre de coupes fines étant très important, avoisinant 300 à 500 pour tout un thorax, la lecture la plus appropriée devient une lecture dynamique sur console qui ne reste le plus souvent possible qu’en radiologie, si bien que la transmission de l’examen à ce jour, sur film, papier ou CD, fait appel à des coupes de 3 à 5mm d’épaisseurs et à des reconstructions réalisées en fonction de la pathologie mise en évidence. Ainsi l’examen devient-il parfois opérateur-dépendant.

Quoi qu’il en soit, l’étude du thorax doit toujours faire appel à un minimum de deux fenêtrages : l’un médiastinal avec un niveau à 40 unités Hounsfield (UH), avec une largeur de fenêtre à 400 UH, pour l’étude des tissus mous, du sang opacifié ou non, des liquides ; l’autre parenchymateux avec un niveau à −600 UH et une largeur de fenêtre à 1600 UH, permettant l’étude du parenchyme pulmonaire, des bronches et des scissures. D’autres fenêtrages seront utiles, par exemple pour l’étude des structures osseuses (300/1500 UH), et une étude systématique du rachis voire des côtes devient alors extrêmement facile en sagittal dynamique, ou en 3D-VRT (volume rendering technique) (figure 1). Une fenêtre médiastinale à 50/550 UH est utile pour mieux visualiser des emboles au sein du produit de contraste sur un angioscanner (ATDM) des artères pulmonaires.








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Figure 1
Reconstruction 3D de la cage thoracique avec projection antéropostérieure, latérale et postéro-antérieure.


Un scanner sans injection : 1) est suffisant pour l’étude du parenchyme pulmonaire, des scissures et des bronches, voire pour la caractérisation d’une image graisseuse (−100 UH) ; 2) est utile pour visualiser, au niveau des hiles, des calcifications ganglionnaires qui pourraient se confondre avec le produit de contraste intravasculaire ; 3) est indispensable avant injection pour la caractérisation tissulaire d’une masse médiastinale, afin de permettre d’apprécier sa prise de contraste (définie par une augmentation de densité d’au moins 20 UH après injection).

L’injection permet le rehaussement vasculaire avec ses différents temps. Le temps artériel pulmonaire est privilégié en cas de recherche d’embolie pulmonaire ; dans ce cas, l’acquisition est parfois caudocraniale, ne permettant pas une analyse satisfaisante du haut abdomen. Un temps mixte, à la fois pulmonaire, aortique et systémique est utilisé en cas d’hémoptysie pour dégager les deux circulations, mais aussi dans la recherche de masse hilaire. Avec ce même temps mixte, une imprégnation préalable permettra une meilleure analyse tissulaire, permettant d’apprécier une prise de contraste ou l’existence d’une nécrose.

L’ingestion de produit de contraste permet d’opacifier l’œsophage. Des coupes en expiration permettent de rechercher un trappage ; des coupes en décubitus ventral permettent de s’affranchir des images posturales de déclivité.

Les coupes axiales transverses sont à la base de l’interprétation actuelle, mais les reconstructions multiplanaires (MPR) coronales, sagittales ou obliques sont utiles pour étudier certaines structures comme les scissures (sagittal), la trachée (sagittal ou coronal oblique) ou l’aorte thoracique (sagittal oblique). Les reconstructions tridimensionnelles (3D) MIP ou mini-MIP (maximum/minimum intensity projection) ou VRT (volume rendering technique) sont réalisées en fonction de la pathologie. Des vaisseaux de petit calibre comme des artères bronchiques hypertrophiques sont bien explorés en MIP fin (3mm) ou en 3D-VRT. Des logiciels particuliers peuvent être utilisés pour les études volumétriques ou pour l’endoscopie virtuelle.


Anatomie


L’étude de la cage thoracique (figure 1) est ainsi devenue facile. Nous allons tout d’abord décrire les principales coupes axiales en fenêtre médiastinale puis en fenêtre parenchymateuse. Nous aborderons ensuite les reconstructions coronales, sagittales ou obliques, intéressantes pour le thorax.


Coupe des trois vaisseaux supra-aortiques (T3)


On y repère les trois vaisseaux artériels supra-aortiques (figure 2; niveau T3) disposés en arc de cercle en avant et à gauche de la trachée (T), avec de droite à gauche et d’avant en arrière, le tronc artériel brachiocéphalique (TABC), l’artère carotide primitive gauche (ACPG) et l’artère sous-clavière gauche (ASCG). Le plan veineux est en avant, formé des deux troncs veineux brachiocéphaliques, droit (TVBCD) et gauche (TVBCG). En règle, seul le TVBCG est injecté, car on injecte par principe au niveau du bras gauche pour bien voir cette structure. Si l’on souhaite explorer plus spécifiquement le système cave, il faudra injecter aux deux bras, ou explorer cette zone à un temps tardif de l’injection. La trachée est située très légèrement à droite et juste derrière ; l’œsophage est légèrement à gauche. On discerne maintenant souvent le conduit thoracique, en avant du rachis, légèrement à gauche, en arrière de l’œsophage. Restent non visibles : 1) les nerfs vagues, le droit situé en dehors du TABC, alors que le gauche est en dehors de la carotide primitive gauche ; 2) les nerfs phréniques droit et gauche qui sont un peu plus en dehors.








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Figure 2
Coupes TDM axiales avec injection, en fenêtre médiastinale, passant par T1, T2 et T3. ACPG : artère carotide primitive gauche ; ASCG : artère sous-clavière gauche ; Oe : œsophage ; T : trachée ; TABC : tronc artériel brachiocéphalique ; Thy : thyroïde ; TVBCD : tronc veineux brachiocéphalique droit ; TVBCG : tronc veineux brachiocéphalique gauche ; VJID : veine jugulaire interne droite ; VJIG : veine jugulaire interne gauche.



Coupe des quatre vaisseaux supra-aortiques (T2)


C’est la coupe précédant la première décrite (figure 2; niveau T2). Le TABC s’est divisé en artère sous-clavière droite (ASCD) en dehors et à droite, et artère carotide primitive droite (ACPD) en dedans. Le plan artériel de droite à gauche se poursuit par l’artère carotide primitive gauche (ACPG) puis par l’artère sous-clavière gauche (ASCG). Le plan veineux en avant et en dehors correspond à la formation des deux TVBC, formés de chaque côté par la confluence des veines jugulaires internes et des veines sous-clavières. Un peu plus haut (figure 2; niveau T1–T2), on visualise, en avant de la trachée, l’isthme thyroïdien avec de chaque côté les lobes thyroïdiens, droit et gauche, flanqués de part et d’autre des veines jugulaires internes en avant et des artères carotides primitives en arrière. La trachée est médiane droite, l’œsophage étant en arrière d’elle et en avant du rachis, médian gauche. Le conduit thoracique en avant du rachis et à gauche de l’œsophage n’est souvent pas visible. Les nerfs vagues (X) droit et gauche, toujours non visibles, sont en dehors des carotides primitives droite et gauche. Le X droit va donner le nerf récurrent laryngé droit qui décrit une crosse sous l’artère sous-clavière, pour rejoindre le larynx ; il n’a donc pas de trajet intrathoracique. Les nerfs phréniques droit et gauche sont un peu plus en dehors, entre veines sous-clavières en avant et artères sous-clavières en arrière.


Coupes des crosses, aortique et azygos (T4)


La veine cave supérieure (VCS) est à droite et en avant de la trachée, formée par les deux troncs veineux brachiocéphaliques (figure 3). En arrière de la VCS, et en latérotrachéal droit, on trouve la crosse de la veine grande azygos (VGA). À gauche et très légèrement plus haut, donc visible avant sur une acquisition craniocaudale (repère de T4), la crosse (maintenant arc) aortique, passe en avant puis à gauche de la trachée. L’aorte ascendante est en avant de la trachée, à gauche de la VCS, l’origine de l’aorte descendante étant en avant et à gauche du rachis. La trachée, médiane droite, est entre les deux arcs ; l’œsophage, en arrière de la trachée et en avant du rachis, est médian gauche. Le canal thoracique à présent situé à gauche et en arrière de l’œsophage est maintenant visible dans un médiastin suffisamment graisseux. Les nerfs sont toujours non visibles : le nerf vague droit est en dehors et en arrière de la trachée, le gauche est toujours en dehors de la crosse de l’aorte, en avant puis en arrière du nerf phrénique gauche qu’il croise. Il donne à ce niveau le nerf laryngé récurrent gauche qui rejoint la face postérieure de la trachée en passant sous la crosse de l’aorte, dans la fenêtre aorticopulmonaire. Il décrit ensuite un trajet ascendant le long de la face postérieure gauche de la trachée. Le nerf phrénique droit est en dehors de la VCS. Notons que l’on distingue maintenant parfaitement bien, de part et d’autre du sternum, à 2 cm de celui-ci, en arrière des cartilages costaux et recouvert en arrière par la fine lame du muscle triangulaire du sternum, les vaisseaux thoraciques internes (ex-mammaires internes), l’artère en dehors, la veine en dedans (une veine de part et d’autre est possible mais rare). Ces vaisseaux sont plus difficilement identifiables sur les coupes sus-jacentes, dans leur trajet médiastinal, mais ils sont parfaitement étudiables en dynamique sur console, avec un MIP fin.








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Figure 3
Coupes TDM axiales avec injection, en fenêtre médiastinale, passant par l’arc aortique et la crosse de la grande veine azygos T4. A.Ao : arc aortique ; AoTA : aorte thoracique ascendante ; AoTD : aorte thoracique descendante ; C.Az : crosse azygos ; GM : graisse médiastinale ; Oe : œsophage ; T : trachée ; VCS : veine cave supérieure ; VTID : vaisseau thoracique interne droit.



Coupes par les artères pulmonaires et la carène (T5)


En avant du médiastin, on visualise toujours la VCS à droite et, à sa gauche, l’aorte thoracique ascendante qui est médiane droite (figure 4). À gauche et en avant de la crosse de l’aorte, on visualise la terminaison du tronc de l’artère pulmonaire (TAP) qui se divise en artères pulmonaires droite et gauche (APD et APG). L’APG fait une crosse au-dessus de la bronche souche gauche, parallèle à l’arc aortique, mais au-dessous de lui, et se dirige vers l’arrière dans un plan oblique en arrière et à gauche. Elle est visualisée avant l’APD. L’espace entre l’arc aortique et la crosse de l’APG correspond à la fenêtre aorticopulmonaire, normalement totalement graisseuse. On y visualise parfois le ligament artériel sous forme d’une image linéaire ayant la même obliquité. On explore de façon plus fine la fenêtre aorticopulmonaire en coupes fines ou semi-fines, ou bien en faisant des reconstructions sagittales ou coronales plus ou moins obliques. L’APD, qui se dirige horizontalement dans un plan coronal, à droite, passe successivement en avant de la bifurcation trachéale qui représente le repère de T5, en arrière de l’aorte ascendante, puis en arrière de la VCS. La bifurcation trachéale (carène) commence par un élargissement transversal de la trachée, puis l’on visualise la carène elle-même. L’œsophage est toujours médian gauche. Le canal thoracique est en arrière de l’œsophage, plus à droite. À ce niveau, il est prérachidien, entre la grande veine azygos et l’aorte thoracique descendante. L’aorte thoracique descendante est à gauche et légèrement en avant du rachis. La grande veine azygos est à droite, en avant du rachis, d’autant plus près de l’aorte thoracique descendante que l’on est plus bas. Les nerfs sont toujours non visibles, les nerfs vagues droit et gauche sont en avant et de part et d’autre de l’œsophage. Le nerf phrénique droit est en dehors de la VCS, et le gauche en dehors du tronc de l’artère pulmonaire. Au niveau des hiles, les veines pulmonaires supérieures sont en avant des artères, qui sont elles-mêmes en avant des bronches (disposition d’avant en arrière veine-artère-bronche [V–A–B]).








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Figure 4
Coupes TDM axiales avec injection, en fenêtre médiastinale, passant par la carène et les artères pulmonaires (T5). AoTA : aorte thoracique ascendante ; AoTD : aorthe thoracique descendante ; APD : artère pulmonaire droite ; APG : artère pulmonaire gauche ; APLIG : artère pulmonaire lobaire inférieure gauche ; Bif.T : bifurcation trachéale ; GM : graisse médiastinale ; Oe : œsophage ; RP : récessus péricardique ; TAP : tronc de l’artère pulmonaire ; VCS : veine cave supérieure ; VGAz : veine grand azygos ; VPSG : veine pulmonaire supérieure gauche.



Coupes des veines pulmonaires et l’atrium gauche (T6 et T7)


En avant et à droite, la VCS arrive dans l’atrium droit (anciennement oreillette droite [OD]) (figure 5). L’aorte thoracique ascendante est paramédiane droite (niveau T6), entourée sur son bord droit par le prolongement de l’OD, l’auricule droit (AD). Plus bas (niveau T7), on visualise l’OD et, à sa gauche, la racine de l’aorte et l’orifice aortique. À gauche et en avant de l’aorte thoracique ascendante, l’infundibulum pulmonaire naît du ventricule droit (VD) ; plus bas, le VD est à droite et en avant ; le septum interventriculaire est en arrière et à gauche du VD, en avant de l’orifice aortique ; le ventricule gauche (VG) est en arrière et à gauche. Les veines pulmonaires supérieure (VPS) sont en avant des bronches souches et de leurs branches supérieures. Les AP sont en arrière des bronches (disposition d’avant en arrière V–B–A). Plus bas, à l’étage sous-carinaire, la partie postérieure de la masse cardiaque est formée par l’oreillette gauche (OG) qui reçoit en haut et en avant les deux VPS droite et gauche (niveau T6). L’OG reçoit en arrière et en bas les deux veines pulmonaires inférieures (VPI) droite et gauche (niveau T7) dont le trajet est horizontal, dans un plan légèrement oblique en arrière, visible en dedans des AP lobaires inférieures vues en coupe car verticales. Elles sont elles-mêmes en dehors des bronches (disposition de dehors en dedans : A–B–V). Parfois, les deux VP gauches, supérieure et inférieure, se jettent dans l’OG par un seul collecteur, variante importante à reconnaître en préopératoire. À ce niveau, le septum interauriculaire est bien visible avec l’OD en avant et à droite, et l’OG en arrière et à gauche. L’œsophage est médian très légèrement gauche, recouvert à droite par la plèvre, formant un bord qui créera en radiographie thoracique standard (RTS) la ligne inter-azygo-œsophagienne. Le conduit thoracique est toujours en arrière de l’œsophage, plus médian, toujours prérachidien, entre la grande veine azygos à droite et l’aorte thoracique descendante à gauche. L’aorte thoracique descendante est toujours à gauche et légèrement en avant du rachis. La grande veine azygos est plus proche de l’aorte thoracique descendante. On peut voir (niveau T7), en arrière du conduit thoracique et de l’aorte thoracique descendante, le croisement de l’arrivée dans la grande veine azygos de l’hémiazygos accessoire (ex-supérieure). Non visibles, les nerfs vagues droit et gauche sont en avant et de part et d’autre de l’œsophage. Les nerfs phréniques sont de part et d’autre de la masse cardiaque, le gauche étant plus en avant (VG ; pointe du cœur) que le droit (OD).








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Figure 5
Coupes TDM axiales avec injection, en fenêtre médiastinale, passant par l’atrium gauche, avec à gauche les veines pulmonaires supérieures, droite et gauche (T6), et à droite les veines pulmonaires inférieures, droite et gauche (T7). AD : auricule droit ; AG : auricule gauche ; AoTA : aorte thoracique ascendante ; AoTD : aorte thoracique descendante ; Oe : œsophage ; OG : atrium (ex-oreillette) gauche ; P : péricarde ; RAo : racine aorte ; TAP : tronc de l’artère pulmonaire ; VCS : veine cave supérieure ; VD : ventricule droit ; VG : ventricule gauche ; VGAz : veine grand azygos ; VPID : veine pulmonaire inférieure droite ; VPIG : veine pulmonaire inférieure gauche ; VPSD : veine pulmonaire supérieure droite ; VPSG : veine pulmonaire supérieure gauche.



Coupe « 4 cavités » (T8), veine cave inférieure (T9) et espace inframédiastinal (T10 à T12)


La coupe « 4 cavités » que nous observons en axial transverse au niveau de T8 ne correspond pas à la « vraie coupe 4 cavités » des cardiologues qui, elle, a une double obliquité correspondant à l’axe du cœur (figure 6). L’axe de symétrie du cœur est sagittal oblique, correspondant aux septums interventriculaire et interatrial. La portion musculaire et la portion fibreuse du septum interventriculaire sont reconnaissables. On visualise, par rapport à cet axe, en avant et à droite, les cavités droites, le VD en avant de l’OD ; et en arrière et à gauche de cet axe, les cavités gauches avec le VG en avant et la partie inférieure de l’OG en arrière. Au-dessous, au niveau de T9, la veine cave inférieure (VCI) est visible, passant le diaphragme en T9, arrivant presque directement dans l’OD à sa partie postérieure droite. Au même niveau, le sinus coronaire vient se jeter dans l’OD en avant et à gauche de la VCI. L’œsophage devient plus antérieur, allant légèrement à gauche, passant en avant de l’aorte thoracique descendante. Il passera plus bas (niveau T10), dans le hiatus œsophagien du diaphragme. L’aorte thoracique descendante devient plus médiane et est légèrement en avant du rachis. La grande veine azygos est très proche. Elle reçoit la veine hémiazygos inférieure (T9) ou la réunion des deux veines hémiazygos accessoires et inférieure, formant une petite veine azygos que l’on peut voir croiser en arrière l’aorte thoracique descendante (T8). Entre la grande veine azygos et l’aorte thoracique descendante, le conduit thoracique est plus médian ; il arrive dans le thorax en avant et à droite du rachis, et l’on peut voir dans l’espace inframédiastinal postérieur, à droite du rachis, la grande citerne chyleuse (citerne de Pecquet), à ne pas confondre avec une adénopathie. Plus bas, on visualise, en avant du rachis, de part et d’autre de l’aorte, les piliers du diaphragme. L’aorte thoracique descendante passe l’orifice aortique du diaphragme en T12–L1. Non visibles, les nerfs vagues droit et gauche passent avec l’œsophage par le hiatus œsophagien. Les nerfs phréniques de part et d’autre de la masse cardiaque, le gauche en avant en regard de la pointe du cœur, le droit plus en arrière, à droite de la VCI, arrivent sur le diaphragme.








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Figure 6
Coupes TDM axiales avec injection, en fenêtre médiastinale de T8 à T12. AD : auricule droit ; AG : auricule gauche ; AoTA : aorte thoracique ascendante ; AoTD : aorte thoracique descendante ; Oe : œsophage ; OD : atrium (ex-oreillette) droit ; OG : atrium (ex-oreillette) gauche ; SC : sinus coronaire ; VCI : veine cave inférieure ; VD : ventricule droit ; VG : ventricule gauche.



Autres éléments du médiastin



Ganglions


Les ganglions sont normalement visibles sous la forme d’images rondes ou ovalaires, non tubulées, ce qui est particulièrement bien vu sur console en dynamique. Leur plus petit diamètre ne doit pas excéder 10mm (voire 8mm en prétrachéal haut). Nous ne reprendrons pas les chaînes médiastinales bien décrites par Cymbalista [1]. La description erronée d’adénopathie tient le plus souvent à une mesure du grand diamètre du ganglion, ce qui n’a pas de valeur lorsque cette mesure correspond à la longueur physiologique d’un ganglion qui reste ovalaire mais qui, pour une raison anatomique, va se trouver « couché » dans le plan axial transverse de la coupe ; c’est le cas des ganglions de la chaîne médiastinale antérieure gauche. Ailleurs, il s’agit d’une erreur de volume partiel sur le toit de l’APG, de la confusion avec un TVBC gauche non injecté, ou avec un récessus péricardique rétroaortique antérieur (figures 3 et 4) ; toutes erreurs devant être moins fréquentes en cas de lecture dynamique.


Péricarde


Le péricarde est visible sous la forme d’un fin feuillet entouré de graisse de part et d’autre. Il ne faut pas confondre l’épaississement physiologique dû au ligament phrénopéricardique en avant du cœur avec un épaississement ou un épanchement pathologique. Les coupes fines nous permettent de voir de mieux en mieux les différents récessus péricardiques qu’il ne faut pas prendre pour une adénopathie ou pour des zones d’envahissement tumoral.


Coronaires et cœur


L’asservissement électrocardiographique sur des machines ayant un minimum de 16 barrettes mais, au mieux, 64 barrettes [2] permet actuellement une étude du cœur et des artères coronaires tout à fait compétitive, au prix d’une irradiation cependant supérieure à un examen standard.


Parenchyme, scissures et bronches


Le parenchyme, les scissures et les bronches (figure 7) sont au mieux étudiés en coupes fines et en fenêtre parenchymateuses. Les acquisitions en expiration, en décubitus ventral, les reconstructions mini-MIP et 3D peuvent être utiles.








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Figure 7
Coupe TDM axiale sans injection, en fenêtre parenchymateuse, permettant l’étude du parenchyme et des scissures. BSD : bronche souche droite ; BSG : bronche souche gauche ; GSD : grande scissure droite ; LID : lobe inférieur droit ; LIG : lobe inférieur gauche ; LSD : lobe supérieur droit ; LSG : lobe supérieur gauche ; SG : scissure gauche.


Au sein du parenchyme, les artères accompagnent les bronches ; elles sont visibles jusqu’au niveau centrolobulaire, alors que la bronche qui l’accompagne n’est plus visible à ce niveau ; les veines cheminent seules, venant de la paroi périlobulaire, mais restant normalement à distance de la plèvre pariétale ou scissurale. La densité négative normale du parenchyme (−800 à −900 UH) est homogène avec, pour des patients alités, un gradient antéropostérieur de déclivité qui disparaît si l’on réalise des clichés en décubitus ventral.

La plèvre pariétale n’est pas visible. Les scissures ont un aspect variable, fonction de l’épaisseur de coupe et de l’obliquité de celle-ci par rapport à la scissure. Cet aspect va de l’absence totale de visualisation, la marque en étant seulement l’hypodensité due à l’absence de vaisseau à ce niveau, à l’image floue, jusqu’à l’image linéaire nette de la scissure (figure 7). En coupe axiale, la petite scissure peut donc créer de fausses images arrondies simulant une masse ou une pneumopathie ; les coupes sagittales redresseront le diagnostic.

La trachée, les bronches souches, lobaires et segmentaires sont parfaitement analysables ainsi que certains éperons. En dynamique, on voit parfaitement la continuité de la lumière bronchique jusqu’aux segmentaires de troisième ordre.


Reconstructions sagittales et coronales


Le caractère isotropique actuel des coupes en TDM-MD permet des reconstructions coronales et sagittales de bonne qualité. Ces coupes ne sont généralement pas données aux cliniciens ; en revanche, elles sont analysées systématiquement en dynamique sur console et éditées au coup par coup en fonction de la pathologie retrouvée. Classiquement, on obtient de « belles images » de la trachée en coronale oblique et de l’aorte en sagittal oblique, mais rien ne dit qu’elles ont un apport supérieur aux coupes axiales. Toutefois, les coupes sagittales sont d’un grand apport pour l’étude du rachis et de la systématisation du parenchyme pulmonaire.


Sémiologie


L’étude sémiologique en TDM a l’avantage d’une excellente résolution à la fois spatiale et en densité. Cette sémiologie est actuellement bien décrite. Nous aborderons successivement les grands syndromes par zone anatomique.


Parenchyme



Syndrome infiltratif


Le syndrome infiltratif correspond à l’atteinte du parenchyme pulmonaire [3, 4]. Même s’il existe un confins indissociable entre une atteinte alvéolaire et une atteinte interstitielle (figure 8), cette dernière étant noyée dans l’image alvéolaire dès que les deux processus coexistent, il paraît plus simple de conserver cette distinction pour être plus didactique, sachant que l’on oppose souvent le caractère localisé, voire systématisé, le caractère évolutif rapide, les contours flous et le caractère confluent des images alvéolaires, au caractère disséminé (zones de parenchyme sain) ou diffus (pas de zone saine), d’évolution lente et aux contours nets non confluents, des images interstitielles. L’image en « verre dépoli » est probablement, par ses différentes physiopathologies et étiologies, l’image de jonction entre ces deux entités ; elle est habituellement décrite dans le syndrome interstitiel.








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Figure 8
Coupe TDM haute résolution axiale, en fenêtre parenchymateuse, montrant une image associant une zone de condensation alvéolaire, des épaississements septaux linéaires et nodulaires, et des bronchectasies de traction.



Syndrome alvéolaire


Le syndrome alvéolaire est responsable d’une image en hyper atténuation non rétractile du parenchyme pulmonaire, avec bronchogramme aérique, qui, en fenêtre parenchymateuse ou en fenêtre médiastinale sans injection, efface totalement les vaisseaux. Comme en RTS, ses contours sont flous tant que les limites n’ont pas atteint la plèvre. Les vaisseaux peuvent être visibles après injection (figure 9). Au début ou en périphérie de l’image principale, les micronodules ou nodules sont typiques car centrolobulaires, restant à distance de la plèvre pariétale et des scissures, et ils sont confluents. Il n’y a pas de différence en fonction du type de comblement alvéolaire, qu’il soit inflammatoire, liquidien hydrique ou hématique, ou qu’il soit tumoral. L’évolution rapide de l’image et son caractère systématisé sont en faveur d’une origine infectieuse. La disposition bilatérale et périhilaire évoque l’insuffisance cardiaque ; on retrouve alors des signes associés : épanchements pleuraux bilatéraux, cardiomégalie, épaississements des septums lobulaires visibles dans les zones qui ne sont pas le siège de la condensation. On visualise aussi souvent des adénopathies régulières, sans rupture capsulaire, légèrement hypodenses car œdémateuses. Des condensations alvéolaires déclives, bilatérales, sous-jacentes à des images en verre dépoli évoquent plutôt un œdème lésionnel. Dans ce cas, ces images peuvent être mobiles avec les modifications de déclivité (décubitus dorsal versus décubitus ventral). Notons qu’en cas d’image aérique au sein de la condensation, des coupes fines, regardées en fenêtre parenchymateuse, feront bien la distinction entre une zone de nécrose (vide) et des zones de parenchyme sain ou emphysémateux.








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Figure 9
Coupe TDM axiale avec injection, en fenêtre médiastinale, montrant un foyer alvéolaire de la base gauche. Examen réalisé pour éliminer une embolie chez une femme enceinte ; il s’agissait d’un foyer infectieux à staphylocoque. Les vaisseaux sont visibles car opacifiés.

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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on Tomodensitométrie

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